Découverte | Du calcaire aux ocres, itinérance au coeur de la Provence
Par Paul Humbert -
Quand Jérémy nous a proposé de venir le suivre sur une traversée et ses plus beaux sentiers entre le calcaire et l’ocre de provence, nous venions de récupérer un Giant Trance X Advanced E+, soit pile le vélo qu’il avait lui-même prévu pour cette découverte. Ces coins, nous les connaissons en partie, mais jamais nous n’imaginions tous les relier en l’espace de deux belles journées de vélo.
Jérémy Maréchal, ou plutôt « Jey » pour les intimes, c’est un ambassadeur de la marque Giant que vous connaissez bien si vous avez déjà passé quelques temps sur Vojo (ici). Amoureux de l’endroit où il a grandi, il n’hésite pas à faire découvrir à qui le demande les plus beaux sentiers autour de chez lui.
Si notre dernier ride ensemble datait pourtant d’une session enduro dans les alpes (à La Clusaz), c’est dans les dentelles de Montmirail que nous avions pris goût à ses tracés.
Cette fois-ci, la proposition de Jey le poussait un peu plus loin de chez lui, et c’est une itinérance sur deux journées qu’il a imaginée. Des pentes et sommets calcaires de Gigondas aux ocres de Gargas, en marquant un arrêt à Méthamis. Au total, c’est un peu plus de 110km et 4000 mètres de dénivelé positif qui nous attendaient.
Avec lui, son compagnon d’aventure et photographe talentueux, Damien Rosso.
Le coin, on le connaît un petit peu et on doit dire qu’on l’affectionne particulièrement. Au fil des dernières années, nous avons parcouru les contreforts du Ventoux (à découvrir ici) et nous avons retracé une partie de l’histoire du VTT dans le Luberon ( à découvrir ici), mais rien ne nous a jamais permis de lier tous ces spots et ces endroits si particuliers. Quand Jey nous a ainsi proposé d’aller lier tous ces terrains pour un « all-star game » de la Provence, nous ne nous sommes pas fait prier.
Notre vélo : le Giant Trance X Advanced E+
C’est en VTTAE que Jey nous propose cette petite aventure. Au début un peu surpris, on comprendra rapidement pourquoi : les sentiers que nous empruntons sont tous assez techniques et ces machines nous permettent de lisser notre effort tout au long de la journée, en profitant des montées techniques pour piloter.
À l’issue des deux jours, on est absolument certains que c’est la meilleure manière de réaliser cette traversée dans les conditions que nous avions imaginées. Le Giant Trance X Advanced E+ affiche 140/150mm de débattement, des suspensions Fox Live Valve et des roues de 29 pouces.
Petit détail qui fera toute la différence pour nous, il est compatible avec un Range Extender de 250Wh, complémentaire à la batterie interne de 625Wh qui alimente le moteur Giant by Yamaha.
Retrouvez tous les détails du test, et notre vidéo, ici : www.vojomag.com/test-giant-trance-x-advanced-e-le-bon-camarade-2/
Jour 1 | Gigondas – Méthamis : 59km et 2200m de D+
Le rendez-vous est pris à Gigondas, au coeur du vignoble et au pied du village. On distingue déjà les paysages qui nous accompagneront pendant un bon moment : des vignobles, des beaux petits villages, et surtout des blocs rocheux qui s’élèvent au-dessus de collines regorgeant de sentiers.
Après avoir installé les Range Extender que nous déposerons en sécurité pendant notre pause de mi-journée, nous filons en direction du rocher du midi. On grimpe à travers les vignes, puis dans les sous-bois.
Jey nous raconte ses souvenirs de randos sur ces sentiers. On passe sur de grandes dalles qui grippent parfaitement et on est heureux de retrouver assez rapidement les paysages des dentelles. On les repère de loin, et pourtant, ces pitons rocheux sont tout proches de nous quand on réalise quelques photos.
Dans les grands pierriers, Jey est tout simplement insuivable. Il connaît le terrain comme sa poche. De notre côté, il faut s’habituer à nouveau à cette couche de petits cailloux fuyants qui recouvre un sol dur et accueillant pour nos crampons. Dans ces roches, on est également accompagnés par les odeurs du Sud.
On traverse ensuite les bois brûlés et ce paysage étrangement fascinant où la vie reprend entre des silhouettes noires et calcinées. À commencer par les genêts qui poussent et qui se rappellent à notre bon souvenir dès qu’on les croise en se plantant dans nos mains.
On contourne le village de la Roque-Alric par le Graveyron puis le Devès. Malaucène est ensuite notre direction suivante. En levant la tête, on aperçoit le Ventoux, qui semble garder un oeil sur tous les sentiers à 360 degrés autour de lui.
Jey connaît les bois comme sa poche : les pistes en gravel et les sentiers en VTT ou en VTTAE. Il nous avait d’ailleurs envoyé quelques photos du tracé pendant ses reconnaissances et nous n’avons pas été trompés sur la marchandise.
On ne rentre pas dans Malaucène et on file sur les contreforts du géant de Provence. On passe au-dessus de Bédoin sur des sentiers qui mobilisent toute notre concentration pour enchaîner les franchissements en montée. Les vélos ne faiblissent pas, nous non plus pour le moment.
Dans notre trio, le plus impressionnant, c’est probablement Damien qui file devant nous, dégaine son appareil photo et ne nous demande que très rarement de remonter pour réaliser un cliché.
Cap au Sud, et direction Villes-sur-auzon pour continuer dans cette direction. Les petits sommets autour du Ventoux culminent aux alentours de 500 mètres. C’est peu, mais suffisant quand on les enchaîne pour nous donner envie d’approcher de notre point d’arrivée de la journée.
Cette arrivée tant attendue, il faut dire qu’elle ne nous déçoit pas. On se retrouve avec une vue plongeante sur la nesque et les villages qui la surplombent. Le plus joli d’entre eux, c’est Méthamis, et c’est là où nos poserons nos vélos pour la nuit, au coeur du Metafort, une chambre d’hôte tout simplement magnifique. On rencontre des hôtes passionnés par leur activité, leur splendide maison aux chambres insolites (et notamment la chambre l’Annesque qu’on vous conseille vivement de réserver), leur accueil pour les vélos et les repas qu’ils nous préparent. De quoi attaquer notre seconde journée sereinement. (www.metafort-provence.com/ )
Jour 2 | Méthamis – Gargas : 55km et 1850m de D+
Comparer la fatigue à l’issue d’une journée de VTTAE face à une journée identique de VTT sans assistance n’a pas vraiment de sens, et il est amusant de voir que les muscles ne fonctionnent pas du tout de la même manière. Au fil de la journée, en VTTAE, on pédale par moment avec des rythmes de pédalage très élevés, par intensités. Et on se retrouve également à solliciter beaucoup le haut du corps dans les longues montées techniques qu’on boucle en apnée.
C’est n’est donc pas entièrement indemnes qu’on quitte, avec un petit pincement au coeur, notre maison d’hôte à Méthamis.
Pas de temps pour la flânerie pourtant, on se lance dès la sortie du village dans des champs de cactus. Pas le droit à l’erreur ici.
Les terrains changent, les couleurs aussi. On s’aventure ensuite dans des forêts plus profondes en entrant dans le Luberon. Dans les bois, sous d’immenses roches, on découvre des bories, ces abris en pierres sèches qui permettaient aux bergers ou aux voyageurs de se mettre au sec. Au fil de notre itinérance, nous en croiserons un bon nombre et certains sont de sacrés monuments, très bien conservés avec le temps.
On prend de la hauteur et on transpire rapidement pendant cette seconde journée. On rate un chemin aussi, mais pas de souci, toutes les routes mènent aux ocres.
On arrive ensuite au bord d’une falaise que Jey avait repérée pour réaliser quelques photos sous la direction de Damien. À la sortie d’une cavité, le vide, et face à nous, les gorges de la Nesque. Petit détail amusant, c’est la première fois que nous passons nos roues à cet endroit, et pourtant, nous avons déjà grimpé les gorges de la Nesque… virtuellement ! C’est un des parcours proposé par Wahoo, que nous avons découverts pendant notre test de hometrainers connectés (ici).
S’ensuivent de longues descentes rapides dans des singletracks sillonnant les bois. On croise quelques piétons, ravis de croiser d’autres personnes dans cette nature assez paisible. Sur le pan de montagne en face de nous, on entend les feuilles mortes bouger et des dizaines de points noirs s’activent dans tous les sens : les sangliers sont de sortie.
On retrouve la civilisation aux abords de Monieux. Là encore, les jolis villages et les bonnes tables ponctuent notre trajet. Les traces du passé nous attendent tout au long de notre traversée, et c’est des aiguiers que nous longeons en cette seconde journée. Parfois au milieu des bois, on se retrouve face à ces grands réservoirs d’eau creusés à même la roche et qui servent toujours de point de ravitaillement pour les animaux.
L’ambiance change à nouveau, entre les vergers, puis dans les lavandes. On traverse des champs qui s’étalent à perte de vue et qui sont paisibles à cette période « hors saison », avant de plonger dans les ocres du Luberon que nous fixons comme objectif.
Pour y accéder, on accède au bout du plateau des lavandes et on plonge dans une incroyable descente jusqu’au pied de Saint-Saturnin-les-Apt. L’histoire du VTT est riche ici, et on a l’impression que le sentier a été pensé pour le vélo. Relativement rectiligne, il nous offre vitesse et fun avec des mouvements de terrain sur lesquels le sourire ne nous quitte pas.
Après une rapide traversée au pied de la combe de Travignon, on arrive dans l’arc-en-ciel des ocres. D’anciennes minent nous offrent des passages sous-terrain et on se retrouve dans un des endroits iconiques de la scène freeride mondiale du début des années 2000.
Jey se laisse aller sur une des grandes faces orange. On ne le suivra pas cette fois-ci. Si la pente au sommet est impressionnante, c’est surtout la zone de freinage dans la terre sablonneuse qui nous retiendra après ces deux journées de vélo. Damien s’en donne à coeur joie de son côté.
Avant de rejoindre Gargas, on se retrouve à nouveau dans de la terre blanche et dans de bons virages qui accueillent à n’en pas douter de nombreux vététistes. À la sortie d’un bois, on retrouve les crêtes caractéristiques de notre village d’arrivée.
Un oeil sur la batterie : il n’aurait pas fallu aller beaucoup plus loin. Un coup d’oeil sur mes camarades : comme moi, ils ne pourront pas aller beaucoup plus loin.
On termine cette traversée avec un sentiment d’émerveillement devant les paysages et les terrains que nous avons traversés. Devant la qualité des sentiers pour les VTT également. Ces deux aspects n’ont d’ailleurs fait que s’améliorer tout au long des deux journées. Entre le calcaire et l’ocre, nous avons trouvé deux bons compagnons d’aventure, mais surtout la recette de deux excellente journées de vélo.
Retrouvez notre test du Giant Trance X Advanced E+ : https://www.vojomag.com/test-giant-trance-x-advanced-e-le-bon-camarade-2/
La vidéo du test : https://www.youtube.com/watch?v=VKnvYDFZXbs