Dans les paddocks DH de Val di Sole 2023
Par Léo Kervran -
Se balader dans les paddocks d’une coupe du monde de descente, c’est toujours très instructif, et en plus on en prend plein les yeux ! Entre prototypes, peintures perso, astuces techniques et composants inédits, voici tout ce qui a retenu notre attention à Val di Sole :
Giant
On commence notre visite par la structure du Giant Factory Off-Road Team pour admirer le nouveau Glory. Pas de peinture personnalisée dans l’équipe, tous les pilotes (ci-dessus Remy Meier-Smith) ont la même couleur, mais quelle couleur !
A Val di Sole peut-être encore plus que sur les autres étapes, la piste est extrêmement contraignante pour le matériel et laisse peu de repos aux mécaniciens. Et encore, la pluie tant redoutée met du temps à arriver et la météo reste pour l’instant clémente !
Et voici la machine de Rémi Thirion, tout juste lavée et fièrement portée par son mécano Ben Vergnaud.
Ce petit scratch derrière le jeu de direction permet de fixer rapidement le boîtier du système d’acquisition de données utilisé par l’équipe. « Moins il y a de colliers à mettre ou à enlever mieux c’est, ça permet de l’installer rapidement si on veut vérifier quelque chose juste sur un run sans perdre de temps. Il faut que j’améliore encore un peu pour les câbles mais avec ça je pose le système en 10-15 minutes. »
Avec un tel vélo, hors de question d’avoir des pédales fades…
Il est temps de laisser Ben travailler, il faut changer les roulements de direction avant les entraînements du vendredi.
En partant, on tombe sur ce magnifique Reign en peinture personnalisée réservée à l’équipe. Giant et les peintures, c’est toute une histoire !
Norco
Chez Norco, pas de signe du prototype utilisé à deux reprises par Kirk Mcdowall l’année dernière mais un nouveau coloris pour le vélo, basé sur le Range d’enduro mais avec un triangle arrière et un basculeur différents pour porter le débattement à 200 mm.
On remarque aussi une nouvelle RockShox Boxxer à l’avant du vélo. Ça ne saute peut-être pas aux yeux en photo mais elle est plus grosse que l’actuelle et s’il fallait deviner, on partirait sur des plongeurs en 38 mm (contre 35 mm normalement). Le prototype était déjà présent dans les paddocks l’année dernière mais ici, on le trouve vraiment partout. Signe d’un lancement imminent ?
Un dernier détail de cette suspension particulièrement complexe. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, ce n’est pas un monopivot mais un point de pivot virtuel : le triangle arrière n’est pas fixe, il y a une articulation entre les bases et les haubans. L’axe de roue se situe plus loin en arrière, sur la patte noire.
VVR Academy
Chez la VVR Academy, héritière du Voulvoul Racing et petite soeur de l’équipe Scott DH Factory, l’heure était au sauvetage de roue…
Mais parfois, rien n’y fait !
Commencal/Muc-Off
Chez Commencal/Muc-Off, on pense fort aux deux blessés Myriam Nicole (commotion cérébrale) et Amaury Pierron (fracture d’une vertèbre cervicale)…
Avec la moitié de l’effectif pilotes en moins, le stand paraît bien tranquille mais il reste toujours Thibaut Dapréla (vélo ci-dessus) et le Junior Hugo Marini.
Vendredi matin, à quelques heures de qualifications le casque de Dapréla attend son pilote…
Comme chez de nombreuses équipes, le choix de pneus était l’une des principales questions des essais matinaux. La piste était très poussiéreuse, puis il a plu la nuit, mais cela sèche dans la journée, mais il pleuvra peut-être l’après-midi… Entre les muds, les muds retaillés et les pneus polyvalents habituels, on a vu de tout dans le paddock.
Sur le vélo d’Amaury Pierron, on remarquait aussi deux petits « bricolages » typiques des paddocks de DH : une selle retravaillée pour offrir plus d’adhérence et un « porte-Durit » qui traverse la plaque de cadre !
Commencal-Les Orres
Une autre équipe Française et un autre Commencal Supreme DH V5 : voici celui de Jack Piercy, de Commencal – Les Orres.
Contrairement à Commencal/Muc-Off ou Dorval AM/Commencal (voir ci-dessous), les pilotes Commencal – Les Orres roulent sur des suspensions RockShox et comme les plus grandes équipes, ils ont droit à la nouvelle Boxxer.
Dorval AM/Commencal
Vous reprendrez bien un peu de Supreme DH V5 ? Voici celui de Monika Hrastnik, la championne d’Europe. Avec Santa Cruz et Canyon, Commencal est l’une des trois marques les plus représentées dans le paddock.
RockShox-Trek
Sur le vélo de Vali Höll, on a remarqué cet étrange étrier arrière qui ne ressemble à rien de connu au catalogue Sram. Il est encore différent de l’étrier prototype qui équipait son vélo aux Gets l’année dernière (à droite) et le plus curieux, c’est que l’étrier avant est un Sram Code tout ce qu’il y a de plus normal.
Madison Saracen
Chez Madison Saracen, on roule toujours sur un prototype bien différent de l’actuel Myst. Sa finition brute est impressionnante.
Avec l’évolution des conditions météo et de la piste, de nombreuses équipes ont ressorti les boîtiers d’acquisition de données pour les entraînements du vendredi matin avant les qualifications. Le système BYB, en image ci-dessus, est l’un des plus courants dans le paddock.
Continental Atherton
Vainqueur à domicile à Leogang il y a deux semaines, Andreas Kolb pourra-t-il remporter une deuxième victoire ce week-end ? Rachel Atherton étant absente, les principaux espoirs de podium de l’équipe reposent sur l’Autrichien.
Alors qu’elle roulait sur des freins Trickstuff depuis ses débuts, l’équipe est passée sur Hayes cette année.
Propain
Un vélo moins commun mais qui fait souvent le spectacle : le Propain Rage CF de Phil Atwill.
Selon les pistes, le Britannique roule parfois avec des poids en plomb attachés au cadre. Combien précisément ? « Aucune idée » nous a répondu son mécano avant d’ajouter « c’est sûr que c’est pas très scientifique dit comme ça mais il aime bien la sensation, ça aide à poser le vélo et pour garder de la vitesse. »
Bases longues évidemment pour la piste de Val di Sole.
Si Maxxis et Schwalbe se taillent la part du lion en DH, il existe des alternatives. Ainsi, l’équipe Propain Positive roule sur Vee Tires.
Specialized Gravity
Demo prototype version Finn Iles, modèle de série version Jordan Williams ou prototype version Loïc Bruni. Les trois étaient sur le podium à Lenzerheide il y a trois semaines mais lequel sera devant cette fois-ci ?
Öhlins
Les services course RockShox, Fox voire SR Suntour sont bien connus sur le paddock mais Öhlins a également le sien et il gagne doucement en importance au fur et à mesure que la marque se diversifie (lire Nouveauté | Öhlins se lance en XC).
La boîte magique : des centaines de rondelles de diamètres et d’épaisseurs différentes à empiler dans un ordre bien précis pour définir précisément le comportement en compression et en rebond d’une fourche ou d’un amortisseur.
Canyon Collective FMD
Impossible de passer à côté des Canyon Sender de la structure Canyon FMD de Tahnée Seagrave. Rien à signaler de particulier côté technique mais les peintures sont toujours aussi belles ! Ici sur le vélo de Rudi Eichhorn, le Junior de l’équipe.
Et c’est encore plus spectaculaire pour Phoebe Gale, avec un triangle arrière turquoise.
Canyon CLLCTV
En comparaison, les cadres du Canyon CLLCTV (ici celui de Dante Silva) paraissent bien fades.
Le dispositif Ochain (lire Nouveauté | Ochain : adieu le kickback ?) est très populaire dans le paddock. Il est tout de même intéressant de constater qu’avec le même cadre, le Canyon CLLCTV a choisi de s’en équiper et le Canyon FMD de s’en passer.
Cube
A nouveau de l’acquisition de données chez Cube, ici sur le Two15 prototype de Danny Hart. On remarque toutefois qu’il n’y a pas de capteur de freinage, contrairement au système monté sur les Saracen.
Le problème de l’acquisition de données, c’est qu’il y a beaucoup de fils à gérer… Pour les maintenir en place, c’est souvent du bricolage.
Sur ce prototype, l’étrier de frein arrière est monté sur un bras indépendant du triangle arrière afin de l’isoler du fonctionnement de la suspension. Pour l’anecdote, Danny Hart avait déjà testé un système similaire il y a quelques années, lorsqu’il roulait pour Madison Saracen.
Santa Cruz Syndicate
Santa Cruz continuer de développer son nouveau V10, prévu pour l’année prochaine. Ci-dessus la machine de Greg Minnaar.
Greg Minnaar est grand et Val di Sole est raide : des entretoises s’imposent !
C’est à Val di Sole que le Sud-Africain a décroché sa dernière victoire au niveau mondial, en remportant les championnats du monde 2021. Aujourd’hui âgé de 41 ans, c’est-à-dire deux fois plus vieux (et même un peu plus) que son coéquipier Jackson Goldstone, peut-il rééditer l’exploit ?
Unno
Chez Unno, on avait bien sûr le DH en carbone d’Angel Suarez.
Comme tous les vélos de la marque, il repose sur une suspension à point de pivot virtuel. Le travail sur les formes du cadre est particulièrement impressionnant.
A côté, surprise ! Le vélo de son coéquipier Nico Velasco a beau afficher les mêmes formes fluides et harmonieuses, il n’est pas en carbone mais en aluminium. En regardant de plus près, le triangle avant semble composé de deux demi-coques vissées et probablement collées. Une technique vue chez Production Privée / Forestal l’année dernière et très rare en vélo, mais si des marques aussi pointues qu’Unno ou PP s’y essayent, c’est qu’il y a peut-être quelque chose à creuser.
Sur le vélo de Suarez, on remarquait aussi de nouvelles jantes Enve au profil large et bien plus plat que ce à quoi la marque nous a habitués. Le profil travaillé rappelle un peu les Crankbrothers Synthesis.
GT
Un petit tour par GT pour admirer le nouveau Fury, désormais recouvert d’un spectaculaire rouge vif.
L’année dernière, Jess Blewitt avait signé ici le meilleur résultat de sa carrière : 4e des qualifications puis 4e de la course. Cette année, elle vient de signer le 3e temps des qualifications à 2″8 de Camille Balanche. De bon augure pour samedi ?
Le basculeur du Fury est sans aucun doute l’un des plus impressionnants du paddock.
Juste à côté, Wyn Masters a installé la tente de son Privateer Project. Lancé cette année, le projet s’inscrit dans la continuité du Privateer Awards qui récompensait depuis plusieurs saisons le pilote le plus méritant après chaque étape de coupe du monde. Désormais, ledit pilote verra tout son prochain week-end de coupe du monde entièrement pris en charge : vélo (le GT Fury exposé devant la tente), mécanicien à disposition, logement et repas, création de contenu… Une façon de récompenser ces pilotes et leur permettre de se concentrer plus sereinement sur la performance pour, peut-être, les aider à passer un cap !
Beyond Racing
Un DH en acier en coupe du monde ? C’est le Contra du Beyond Racing, la petite équipe d’Anna Newkirk et Abby Hoggie. Une sacrée transition puisque l’année dernière, elles roulaient sur un prototype Bixs en carbone !
Bien qu’elles aient le support de Contra, les deux jeunes américaines (24 ans pour Hoggie, 21 ans pour Newkirk) peuvent plus ou moins être assimilées à des pilotes privées vu leurs moyens et à ce titre, la 10e place en qualification d’Anna Newkirk devant des pilotes qui bénéficient du soutien d’une grande équipe comme Mille Johnset (Canyon CLLCTV) ou Veronika Widmann et Louise-Anna Ferguson (Nukeproof) est une jolie performance.
Le cadre, basé sur le modèle MC d’enduro, utilise une architecture à point de pivot virtuel haut impressionnante. Si vous n’avez jamais entendu parler de Contra, c’est tout à fait normal : plutôt que de marque, c’est d’artisan qu’on devrait parler puisque tout est fait à la main par Evan Turpen, le fondateur, chez lui dans le comté de Santa Cruz en Californie.
Gamux
Dans un autre registre, le DH de Gamux mérite aussi le détour. Entièrement en aluminium usiné, il repose sur un monopivot relativement haut et une transmission Pinion – Gates, avec boîte de vitesse et courroie plutôt que dérailleur et chaîne.
Remarquez le petit scotch sur l’étrier arrière pour protéger les plaquettes des projections.
Outils
Un article paddock ne serait pas complet sans quelques images de caisses à outils. Voici la sélection du jour, format « compact mais complet » !
Devinette
Et on termine avec une devinette : ces photos de pneus ont toutes été prises ce matin, lorsque les pilotes et leurs mécanos hésitaient entre boue et poussière. Saurez-vous reconnaître chaque modèle ?