Coupe du Monde XC 2021 #4 – Les Gets | Dansons sous la pluie
Par Léo Kervran -
La feuille de résultat peut paraître habituelle, mais il s’est passé beaucoup de choses aux Gets dans les courses Elites de XCO ! Loana Lecomte presque chahutée, des déconvenues chez les hommes, un parcours qui joue les trouble-fête, replongez-vous dans cette coupe du monde en France avec notre grand portfolio :
Remanié depuis l’édition précédente, le parcours reprend l’esprit et une bonne partie des lignes de celui de 2019 (deux grandes montées, deux grandes descentes et un peu de « plat » à la fin) mais y ajoute de nombreux passages techniques artificiels : marches en descente, pierriers à plat voire en montée, quelques petits sauts et d’autres bien plus gros. La fin est également redessinée, adieu le passage en ville et bonjour les épingles raides dans l’herbe, d’abord en descente puis en montée.
De l’avis général, ces modifications rendent le parcours bien plus agréable à rouler qu’il y a deux ans mais aussi bien plus piégeux, surtout s’il pleut. La pluie, justement est sur toutes les lèvres le matin avant les courses : elle est annoncée en début d’après-midi, mais à quelle heure précisément ? Avec autant de racines sur le haut et de dévers dans l’herbe sur le bas, la pluie peut transformer complètement le parcours et influencer considérablement l’issue de la course.
On est finalement fixé assez vite puisqu’elle se met à tomber plus tôt que prévu, en fin de matinée soit avant même le départ des Femmes prévu à 12h30. Pas de quoi décourager les spectateurs qui, s’ils sont tout de même bien moins nombreux qu’en 2019, ont bien fait le déplacement pour encourager leurs champions.
Cela fait plaisir de retrouver cette ambiance et surtout, c’est important pour les pilotes ! Tous ceux que nous avons rencontrés nous l’ont dit, la présence du public sur le bord de la piste leur fait réellement réellement plaisir, et pour certains c’est même important dans leur performance.
Femmes : à court de superlatifs
Chez les femmes, Loana Lecomte et Pauline Ferrand-Prévot sont bien sûr très attendues. La première parce qu’elle est l’étoile montante de la discipline et parce qu’elle a remporté les trois premières manches de coupe du Monde. La seconde parce qu’elle s’est imposée sur le XCC deux jours plus tôt et parce qu’elle jouit d’une aura de popularité rarement égalée dans le monde du cyclisme féminin en France.
D’autant, que comme elle nous le confiait à l’arrivée du XCC, elle arrive plutôt confiante aux Gets : « Je me sens de mieux en mieux, je peux le voir toute la semaine quand je fais des intensités. C’est un peu plus le coup de pédale que je préfère, on va dire que c’est un peu plus facile le vélo comme ça et un peu plus agréable aussi. Les ambitions ? Il n’y a pas de limite, c’est juste continuer la préparation pour Tokyo et voilà, après je ne me fixe pas de limite, je ne me fixe pas de position et on verra. »
En parallèle des deux Françaises, on surveillera également le retour de Kate Courtney, qui était absente à Leogang le temps de soigner son trait de fracture à l’avant-bras. L’Américaine préfère généralement les conditions sèches et chaudes mais qui sait ? N’oublions pas qu’en 2019, c’est elle qui s’était imposée ici au terme d’un long raid solitaire.
Pas de start-loop aux Gets, on démarre directement par le grand tour et les coureuses commencent donc leur course par la plus longue montée du circuit. Comme sur le short-track, c’est Jenny Rissveds qui prend la première les commandes du peloton. Plus haut, ce sont ensuite Rocio Garcia et Kate Courtney qui se portent à l’avant, tandis que Pauline Ferrand-Prévot et Loana Lecomte contrôlent en 4e et 5e position.
La première descente, courte mais très piégeuse avec de la pente, des dévers, des racines et une petite marche, fait le tri dans le peloton. Devant, Jenny Rissveds et Loana Lecomte creusent l’écart. Juste derrière, Evie Richards dépasse Pauline Ferrand-Prévot mais chute quelques mètres plus loin et perd aussitôt quelques positions.
Au pied de la seconde montée, Loana Lecomte passe devant Jenny Rissveds et creuse immédiatement l’écart. C’est la première fois de la saison qu’on voit la pilote Massi attaquer de la sorte au lieu de s’envoler peu à peu depuis la première position. Quoi qu’il en soit, le résultat est le même et la Française compte bien vite une dizaine de secondes d’avance.
Ses adversaires connaissent maintenant le problème et la chasse s’organise. A la fin de ce premier tour, un trio s’est formé et se lance à sa poursuite : Pauline Ferrand-Prévot emmène Jenny Rissveds et Rebecca McConnell, remontée après un départ discret.
Viennent ensuite Evie Richards, Rocio Garcia et Sina Frei, puis Haley Batten, Kate Courtney, Anne Tauber, Linda Indergand… On pouvait s’attendre à ce que la pluie rebatte les cartes, mais pour l’instant le top 10 est relativement conforme à ce qu’on a l’habitude de voir, à l’exception peut-être d’Anne Tauber qui semble revenir peu à peu à son niveau de 2018/début 2019.
Dans le groupe Rissveds, les relais s’enchaînent bien et peu à peu, les trois athlètes reprennent du temps à Loana Lecomte. Sous l’impulsion de Pauline Ferrand-Prévot, elles font même la jonction en haut de la longue montée. On a désormais un quatuor en tête de course mais surtout, c’est la première fois de la saison que Loana Lecomte se fait rattraper après avoir creusé un écart ! Va-t-on assister à un scénario complètement différent de ce dont on a l’habitude ?
Sur le plat, Ferrand-Prévot joue des coudes pour essayer de passer devant mais Lecomte résiste et la réponse tombe dès la descente qui s’ensuit : non. Rissveds, puis Ferrand-Prévot vont au tapis et permettent à la pilote Massi de reprendre une quinzaine de secondes d’avance.
Derrière cette bataille pour les premières positions, Evie Richards fait forte impression. L’Anglaise a distancé Sina Frei et Rocio Garcia pour la cinquième place et se met désormais en chasse de Jenny Rissveds. La pluie est toujours présente mais pas très forte, ce qui fait que le circuit est plus gras que réellement détrempé. C’est probablement encore plus difficile comme ça, mais cela semble lui convenir à merveille, son engagement ainsi que son sourire font plaisir à voir !
Un peu plus loin dans ce deuxième tour, Pauline Ferrand-Prévot rattrape Rebecca McConnell qui occupait seule la deuxième position jusque-là. Les deux athlètes font un bout de chemin ensemble, la première étant visiblement plus forte en montée mais la deuxième plus rapide en descente et c’est finalement la Française qui prend l’avantage, dans la deuxième grande montée du troisième tour. Pas pour longtemps, puisque l’Australienne recolle avant le passage sur la ligne grâce à la descente qui précède.
Au même moment, le même jeu de chaises musicales a lieu pour les quatrième et cinquième places car Evie Richards est finalement revenue sur Jenny Rissveds.
On arrive à la mi-course et à l’entame de la 4e boucle, Loana Lecomte compte 48 s d’avance sur ses plus proches poursuivantes. Un matelas peut-être un peu moins conséquent que d’habitude mais que la jeune Française gère parfaitement, en faisant preuve d’une très bonne maîtrise technique.
Derrière, les choses ne sont toujours pas figées et les positions continuent de s’échanger. A la fin du tour, on a finalement Jenny Rissveds et Rebecca McConnell ensemble 46 secondes derrière Lecomte, Evie Richards une petite quinzaine de secondes derrières et Pauline Ferrand-Prévot encore 6 secondes plus loin.
Dans le top 10, on retrouve ensuite Anne Tauber, Sina Frei, la jeune Allemande Ronja Eibl qui s’était imposée ici chez les Espoirs en 2019, l’inoxydable Eva Lechner et Yana Belomoina. Après son très bon départ, Rocio Garcia a reculé et roule désormais en 11e position, en compagnie de Linda Indergand.
Cinquième et avant-dernier tour, on s’approche de la fin et la dernière lutte pour les places d’honneur commence à se mettre en place. Derrière Loana Lecomte, Jenny Rissveds accélère et distance Rebecca McConnell. Cette dernière redescend même en quatrième position car Evie Richards la dépasse, malgré une chute spectaculaire (mais sans gravité) dans le champ à la fin de la deuxième descente, peu avant la ligne d’arrivée.
L’Australienne semble accuser le coup et dans le tour suivant, c’est Pauline Ferrand-Prévot qui revient dans sa roue. Il ne reste plus qu’une montée et une descente pour faire la différence ! La championne du Monde creuse l’écart dans la montée mais en bas de la dernière descente, c’est la championne d’Australie qui se présente la première !
Toutefois, Ferrand-Prévot n’est pas loin et elle revient dans une ligne droite en herbe avant une courte mais technique montée de deux épingles, toujours dans l’herbe. La Française tente de faire l’extérieur dans la première mais les deux pilotes s’accrochent et elle tombe sur l’Australienne, qui essaye de se dégager tant bien que mal. On ne voit pas bien, ça cafouille mais finalement, c’est Ferrand-Prévot qui repart la première et compte vite quelques mètres d’avance, qu’elle gardera jusqu’à la ligne.
Pendant ce temps, Loana Lecomte rejoint tranquillement l’arrivée en prenant le temps de savourer l’ovation que lui offre le public. Un peu moins aérienne que d’habitude, peut-être un peu fatiguée au sortir d’un gros bloc d’entraînement, la Haut-Savoyarde l’emporte tout de même à domicile. Cette fois, c’est surtout techniquement qu’elle a impressionné, en étant la seule pilote parmi les 4 premières à ne pas être tombée de toute la course. On la retrouve peu après :
« Je sais que c’est quand même un de mes points forts, le technique, sûrement grâce à mon passé de skieuse, puis j’ai mon équipe et mon mécano qui avaient bien préparé le vélo, j’avais les bons pneus… C’est un travail d’équipe et on a bien géré tout ça, car c’est sûr qu’on n’avait jamais roulé le circuit dans ces conditions puisqu’il a fait beau toute la semaine ! Vendredi oui, j’ai fait 12e mais j’étais quand même contente, deuxième ligne on ne va pas cracher dessus et c’est comme ça, c’est les aléas de la course. Ici c’est pas pénalisant de partir en deuxième ou troisième ligne la montée est large et il y a assez de place. »
« Courir en France, je pense que inconsciemment ça use un peu plus d’énergie, en plus il y a tout le public. C’est à la fois top parce que ça donne des forces mais c’est aussi usant énergétiquement parce que ça fait tellement plaisir de voir tout le monde qui nous supporte qu’on a envie d’aller les voir mais c’est pas possible de voir tout le monde. » A toutes fins utiles, on rappellera qu’il s’agissait de sa première coupe du Monde Elites avec du public sur le bord de la piste !
Jenny Rissveds termine deuxième comme à Leogang, et d’une façon un peu similaire avec une course gérée à la perfection. La Suédoise reprenait même du temps à Lecomte dans les derniers tours, avant de lever le pied en voyant la Française hors d’atteinte : « c’était très dur, je ne m’attendais pas à ce que ce soit si glissant. C’était fou, certaines sections on ne pouvait même pas rouler, dans ces dévers complètement boueux par exemple. La chute en début de course, c’est une erreur stupide parce que je n’avais pas reconnu l’échappatoire aux entraînements, je m’étais seulement préparée sur le saut. Une minute avant le départ j’ai entendu que le saut était fermé et que je devais prendre une autre ligne, que je n’avais pas reconnu avant la course, donc ce n’était pas super professionnel de ma part. J’ai chuté et après, je devais surtout rester concentrée et retrouver mon rythme. »
Pour Evie Richards en revanche, il s’agit de son meilleur résultat en coupe du Monde à ce jour. L’Anglaise a réalisé une très belle course, remontée depuis la 7e place en début de premier tour et régalé le public avec ses passages spectaculaires et son pilotage généreux en descente : « Je suis si heureuse, j’étais si excitée de courir ce matin, avec ma musique dans le paddock ! Après la déception de l’autre jour, je voulais juste profiter d’être avec un public incroyable et dans un endroit que j’aime, donc oui, j’étais juste excitée de courir ! Je me suis vraiment engagée dans ma propre course, c’était comme un contre-la-montre avec moi-même, je prévoyais où j’allais courir, où j’allais poser un pied, et juste essayer d’être régulière. »
Pauline Ferrand-Prévot et Rebecca McConnell terminent donc en 4e et 5e position après leur petit accrochage. Visiblement, aucune n’en tient rigueur à l’autre puisqu’elles tombent dans les bras l’une de l’autre pour se féliciter à peine la ligne franchie. Très régulières depuis le début de saison, les deux seront des candidates sérieuses au top 5 lors des Jeux Olympiques mais pour la médaille, il faudra peut-être réussir à passer encore un niveau. Ça tombe bien, il reste 3 semaines pour arriver au bout de sa préparation !
Sixième, Anne Tauber réussit sa meilleure course de l’année. La Néerlandaise était une des pilotes les plus en vue en 2018 et à failli s’imposer à Albstadt en 2019, peut-elle revenir à temps pour Tokyo ? Elle devance Sina Frei, Yana Belomoina, Ronja Eibl (qui signe son premier top 10 chez les Elites) et Eva Lechner.
En ce qui concerne les autres Françaises, Lena Gerault se classe 16e. C’est 3 places moins bien qu’à Leogang mais le résultat reste correct, la régularité est là. On notera qu’elle devance de deux places Kate Courtney, qui a nettement reculé après un bon départ. Plus loin, Hélène et Perrine Clauzel coupent la ligne ensemble en 30e et 31e position. Enfin, Julie Bresset prend la 37e place pour sa dernière coupe du Monde en France, sans autre objectif que de profiter de l’ambiance et du public.
Résumé :
- Loana Lecomte (FRA, Massi), 1:27:23
- Jenny Rissveds (SWE, Team 31 – Outride), + 0:51
- Evie Richards (GBR, Trek Factory Racing XC), + 1:10
- Pauline Ferrand-Prévot (FRA, Absolute Absalon – BMC), + 1:51
- Rebecca Mcconnell (AUS, Primaflor Mondraker XSauce), + 1:55
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Classement général
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Au classement général, Loana Lecomte s’installe encore un peu plus solidement en tête et compte désormais 375 points d’avance (soit exactement une manche parfaite, avec victoire en XCC et XCO) sur Pauline Ferrand-Prévot. Jenny Rissveds remonte de la 6e à la 3e position devant Haley Batten, qui a passé une journée difficile (20e), et Rebecca McConnell.
Hommes : un Suisse peut en cacher un autre
Le ciel ne fait plus dans la demi-mesure et la pluie, qui s’était calmée après l’arrivée des femmes, tombe maintenant fort pour le départ des hommes. La température a chuté et le contraste est frappant entre les coureurs en maillot manches courtes et les spectateurs, abrités sous les parapluies et habillés comme au sortir de l’hiver.
Comme s’il n’était pas déjà suffisamment solide, ce temps renforce encore le statut de favori de Mathias Flückiger. Le Suisse adore la boue contrairement à son compatriote Nino Schurter, et il a remporté toutes ses victoires en coupe du Monde sur des circuits au minimum bien gras, quand ce n’était pas complètement détrempé.
Ceci dit, Jordan Sarrou est en forme comme en témoigne sa deuxième place vendredi sur le XCC et le circuit lui convient bien sur le papier. On se souvient aussi qu’il a remporté son titre de champion du Monde dans des conditions similaires l’année dernière à Leogang et on se prend à espérer un beau duel avec Flückiger.
Cependant, c’est un autre homme qui polarise les regards avant le départ : Tom Pidcock. Après sa chute dans le short-track, le Britannique part en deuxième ligne, mais aux Gets ce n’est pas un gros problème. Loana Lecomte nous l’a très bien démontré un peu plus tôt. Ses résultats précédents en VTT, CX ou route montrent qu’il est très à l’aise dans ces conditions et il a déjà gagné une coupe du Monde cette année (à Nove Mesto). Cependant, c’était avant de se casser la clavicule à l’entraînement et Les Gets marque son retour à la compétition, après seulement 1 mois de convalescence. Est-ce prématuré ? On le saura bien assez vite.
Le départ est un peu chaotique. A l’avant, Jordan Sarrou prend le meilleur envol mais derrière, un gros accrochage intervient autour de la 20e position et ralentit des pilotes comme Maxime Marotte, Tom Pidcock ou encore Jens Schuermans.
En tête, on ne se pose pas de questions et Ondrej Cink relaie bientôt Sarrou, alors que les pilotes se lancent à l’assaut de la grande montée. Le Tchèque est le meilleur grimpeur du circuit et il prend vite quelques mètres d’avance. Derrière, on ne veut pas le laisser partir et cela donne un départ très rapide.
Au sommet, Cink mène devant Luca Braidot, Alan Hatherly et Vlad Dascalu. Nino Schurter suit à la 6e place devant Victor Koretzky et Jordan Sarrou, tandis que Titouan Caord vient en 10e position.
La pluie se calme un peu mais le circuit est complètement détrempé, intégralement recouvert d’une boue liquide qui rend les coureurs méconnaissables en seulement quelques minutes.
Dans la descente, Luca Braidot passe en tête et s’échappe. Ondrej Cink le prend en chasse dans la deuxième montée, puis Mathias Flückiger fait son apparition dans le top 3. Après un départ en retrait, le Suisse remonte comme un boulet de canon et dépasse Cink, puis fait la jonction avec Braidot. Il passe même devant avant la fin du tour et coupe la ligne seul en tête.
Luca Braidot suit à moins de 5 secondes, puis vient Cink à peine plus loin, Alan Hatherly encore quelques secondes plus tard, Nino Schurter, Jordan Sarrou et Daniele Braidot ensemble, Victor Koretzky et Vlad Dascalu juste derrière et enfin Antoine Philipp (en photo), qui réalise un excellent début de course.
Avec des écarts aussi faibles, cette situation ne dure pas longtemps. Cink revient sur Flueckiger dans la montée mais le Suisse reprend la tête en solitaire dans la descente qui suit, tandis que le Tchèque se fait rattraper par Alan Hatherly et Jordan Sarrou.
Une chute du Français dans le très piégeux passage du Chemin des Ecoliers, tout en haut du parcours, lui fait perdre un peu de temps et le contact avec ses deux compagnons. Il revient toutefois sur Cink dans la descente et les trois hommes, car Daniele Braidot a rattrapé Sarrou après son erreur, coupent la ligne avec 4 secondes de retard sur Alan Hatherly. Le Sud-Africain évolue lui-même près de 20 secondes derrière le leader Mathias Flückiger, qui gère pour l’instant sa course à la perfection.
Dans le troisième tour, les positions commencent enfin à se stabiliser. Le trio Cink – Hatherly – Sarrou s’est reformé et semble cette fois bien solide malgré les différences de niveau en descente. Un peu plus loin, une lutte à quatre se dessine pour la dernière marche sur le podium : Nino Schurter emmène un petit groupe également composé de Daniele Braidot et Simon Andreassen, auquel se joint bientôt Luca Braidot.
A peine plus bas dans le classement, on retrouve des visages qu’on n’avait plus vu aussi haut depuis un moment : Lars Forster roule pour la 8e place en compagnie d’Antoine Philipp, tandis que Stéphane Tempier occupe à ce moment la 12e position.
Les pilotes entament la quatrième boucle et approchent de la mi-course, et on remarque qu’on ne voit plus passer Tom Pidcock. Alors en pleine remontée et sur un rythme qui pouvait le mener au podium, le Britannique disparaît des radars sans aucune indication. On suppose l’abandon et ce sera malheureusement confirmé après l’arrivée en regardant le classement, mais nous ne connaissons pas la raison de cet arrêt prématuré.
La fatigue commence petit à petit à marquer les pilotes et dans le cinquième tour, Ondrej Cink part seul en chasse de Mathias Flückiger, dont l’avance n’a jamais excédé les 30 secondes. Juste derrière, Luca Braidot ne peut suivre le rythme imposé par le groupe Schurter.
Pour quelqu’un qui n’aime pas la pluie et la boue, le Suisse réalise une belle course. Un tour plus tard, il accélère en deux temps pour sécuriser sa cinquième place et ça fonctionne. Simon Andreassen lâche le premier, puis Daniele Braidot s’incline à son tour dans la montée suivante.
Pendant ce temps, le duel à distance entre Flückiger et Cink est au statu quo. Le pilote Kross gagne beaucoup de temps dans les montées, 10 à 15 secondes à chaque fois, mais il perd tout dans les descentes, et sur la ligne l’écart ne bouge absolument pas.
Les pilotes ont maintenant pris la mesure du circuit et on voit beaucoup moins d’erreurs que dans les premiers tours, mais les pièges sont encore partout et il faut rester très concentré sous peine de le payer immédiatement. C’est d’ailleurs ce qui arrive à la moto ouvreuse, qui se fait avoir sur l’herbe dans la fin de la dernière descente, sous les yeux du public !
On arrive dans le dernier tour et c’est maintenant la lutte pour la 3e place entre Jordan Sarrou et Alan Hatherly qui retient l’attention, car les autres positions sur le podium semblent figées. Les deux hommes attaquent ensemble la dernière montée et la tension est palpable. Le champion du Monde et le champion d’Afrique du Sud se regardent sur chaque section un peu plate, on assiste à une véritable bataille tactique.
Finalement, c’est le premier qui attaque aux deux tiers de la montée. C’est tranchant et il creuse immédiatement un petit écart mais ça stagne ensuite, Hatherly limite très bien la casse. Il fait même mieux que ça puisque qu’il revient sur Sarrou à la faveur d’une petite erreur de ce dernier presque au même endroit que la moto un tour plus tôt. Après quelques acrobaties, le Français se remet en selle et garde l’avantage, mais les deux coureurs sont désormais roue dans roue à quelques centaines de mètres de l’arrivée !
Toutefois, la décision ne se jouera pas au sprint car Alan Hatherly glisse de la roue arrière dans un dévers entre deux épingles, laissant ainsi le Français s’envoler vers la troisième place.
On revient vers la ligne d’arrivée pour voir Mathias Flückiger s’imposer. Après Nino Schurter en 2019, c’est à nouveau un Suisse qui gagne aux Gets ! Avec cette victoire, le pilote du Thömus RN Swiss Bike Team signe son deuxième week-end parfait d’affilée (XCC + XCO) et surtout, il n’a jamais donné l’impression d’être menacé malgré une avance relativement mince, qui ne laissait pas beaucoup de marge pour une erreur ou un problème technique. En zone mixte, il apparaît d’ailleurs très serein : « J’avais beaucoup de confiance depuis la dernière coupe du monde et depuis toute cette saison en fait. C’est vraiment parfait et j’étais à nouveau très motivé après vendredi. Aujourd’hui c’était vraiment spécial avec ces conditions absolument différentes d’hier ,et oui, c’était vraiment dur mais je suis très content de ma performance, de comment j’ai géré cet écart. »
Comme à Leogang, Ondrej Cink prend la deuxième place. La victoire en coupe du Monde se refuse toujours au Tchèque et on sentait une pointe de déception dans sa voix à l’arrivée mais le résultat le satisfait tout de même : « J’ai perdu beaucoup de temps dans les descentes parce que tout le monde sait que je n’aime pas ces conditions, alors j’ai essayé de tout donner dans les montées, j’y suis allé à fond et au final je suis très content de ma performance aujourd’hui. Ce temps n’était pas le mien donc je suis très heureux. »
Troisième, Jordan Sarrou montre que sa 13e place de Leogang n’était qu’un « accident de parcours », une course moins bien due à un planning d’entraînement décalé. Son duel avec Alan Hatherly a tenu le public en haleine une bonne partie de la course et il se félicite de la façon dont il l’a géré : « On se retrouve souvent ensemble en duel avec Alan, ça a été une belle bataille tous les deux. Je savais que dans la dernière descente, dans la partie dans le champ, j’étais un peu plus rapide donc j’ai essayé de passer devant en haut de la dernière bosse et ça a fonctionné, donc super content, une super course. Ça faisait vraiment plaisir d’entendre le public crier comme ça et ça motive encore plus. Quand je fais mon erreur dans le dernier tour j’étais un peu trop vite en fait, mais j’ai réussi à ne pas tomber donc ça va. La semaine prochaine aux championnats de France, c’est sûr que j’essayerai de défendre mon titre. »
On notera qu’avec les déboires de ses compatriotes (voir plus bas), il est le seul Français à rentrer dans le top 10 aujourd’hui.
Alan Hatherly (ici en discsussion avec son coéquipier Simon Andreassen) se classe donc 4e, sa meilleure performance en coupe du Monde après sa cinquième place à Nove Mesto l’année dernière. Champion du Monde Espoirs en 2018, le Sud-Africain de Cannondale progresse et est de plus en plus régulier aux avant-postes. Voici un pilote à suivre dans les prochaines années !
Enfin, Nino Schurter complète le podium. Ce n’est toujours pas la 33e victoire tant attendue, derrière laquelle il court depuis maintenant deux ans, mais avec cette cinquième place, le Suisse remonte sur le podium pour la première fois depuis l’ouverture à Albstadt et il se satisfait largement de ces conditions.
On retrouve ensuite Daniele Braidot (6e), Simon Andreassen (7e, en photo) et Luca Braidot (8e), qui ont tous trois roulé longtemps avec Schurter, puis Lars Forster, qui excelle dans ces conditions et signe sa meilleure course depuis sa victoire à Snowshoe en 2019. Le jeune Italien Nadir Colledani ferme le top 10, il s’agit pour lui aussi de son meilleur résultat à ce niveau.
Côté Français, Antoine Philipp termine à une excellente 12e place après avoir fait une apparition dans le top 10 puis un peu reculé en fin de course. Il devance de quelques secondes Thomas Griot, qui a vécu un début de course difficile (42e après le premier tour) mais limite bien les dégâts grâce à une grosse remontée.
Stéphane Tempier est 18e, un résultat très encourageant après son début de saison gâché par un virus. On l’a même vu en 13e position à mi-course, mais il a ensuite un peu payé ses efforts. Pris dans l’accrochage du départ et obligé de s’arrêter en zone technique pour changer une roue (rayon cassé), Maxime Marotte se classe 20e. Journée difficile également pour Victor Koretzky. Après un bon départ, le pilote KMC-Orbea a reculé, en manque de forme selon ses propres termes, et n’a pas non plus été épargné par les problèmes mécaniques. Il finit à la 22e place.
Chez les Belges en revanche, c’était une très bonne journée puisque Jens Schuermans est de retour dans le top 15 mondial (15e), tandis que Pierre de Froidmont réalise une excellente course et termine 23e, sa meilleure performance en coupe du Monde Elites.
Résumé :
- Mathias Flückiger (SUI, Thömus RN Swiss Bike Team), 1:27:33
- Ondrej Cink (CZE, Kross Orlen Cycling Team), + 0:25
- Jordan Sarrou (FRA, Specialized Racing), + 0:35
- Alan Hatherly (RSA, Cannondale Factory Racing), + 0:39
- Nino Schurter (SUI, Scott-Sram MTB Racing Team), + 1:21
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Classement général
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Comme Loana Lecomte, Mathias Flückiger accentue logiquement son avance en tête du classement général avec cette victoire. Ondrej Cink, toujours deuxième, est repoussé à 239 points. Vient ensuite Jordan Sarrou, qui gagne 4 places, puis Victor Koretzky qui reste bien au contact malgré ses problèmes du jour. Nino Schurter gagne lui une position grâce à son podium et figure désormais au cinquième rang.
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