Couleurs fauves dans la vallée de la Sûre
Par Olivier Béart -
Le Grand-Duché du Luxembourg cache bien des trésors, comme la vallée de la Sûre. Un relief de moyenne montagne, une nature préservée et des paysages bruts, le tout entre France, Belgique et Allemagne. Nous y avons posé nos crampons à la lueur du doux soleil d’automne et nous partageons avec vous ce moment, ainsi que le tracé GPS de ce parcours exclusif.
La Sûre n’est pas le petit ruisseau que vous voyez ci-dessus. C’est une vraie rivière qui prend sa source en Belgique, entre Bastogne et Neufchâteau et qui court sur près de 120km à travers les Ardennes belges et le Grand-Duché du Luxembourg avant d’aller se jeter dans la Moselle à la frontière allemande. Une de ses caractéristiques, outre le fait d’être alimentée par de multiples petits ruisseaux comme ceux que vous voyez ici, c’est qu’elle a sculpté une vallée au relief prononcé qui est un véritable paradis pour tous les amoureux de la nature.
Un vaste réseau de promenades, tant pédestres que cyclistes, permet de parcourir presque en intégralité la vallée de la Sûre et de découvrir le cadre préservé dans lequel elle évolue. Mais chez VojoMag, on aime sortir des sentiers battus. Nous avons donc profité d’une rencontre avec les gars du Bikers Team 21, que nous allons suivre dans leurs aventures jusqu’au Cape Epic 2015, pour découvrir ensemble et partager avec vous les coins secrets ainsi que les sentiers les plus techniques de leur région d’origine. Si, après avoir vu ces belles images, ce tracé vous tente, vous retrouverez le parcours GPS en bas de l’article.
Pour débuter le tour de 37km concocté par Jérôme, Benoît et les deux Laurent, le rendez-vous est fixé au Nord du Grand-Duché du Luxembourg, dans la petite commune de Faltzbour, à deux pas de Martelange (bien connue pour ses nombreuses stations-service). A quelques centaines de mètres seulement du parking, on trouve le premier sentier permettant de s’enfoncer dans une forêt majestueuse, dense et humide. Au sol, quand ce ne sont pas des feuilles mortes, c’est la mousse qui occupe le terrain et qui grimpe même sur les arbres pour créer un décor assez féérique.
Malgré tout, mieux vaut ne pas se laisser trop distraire car si les chemins sont assez larges dans l’ensemble, quelques beaux passages techniques viennent donner un avant-goût de ce que sera la suite quand nous approcherons du Lac de la Haute-Sûre.
Après le vert, place au jaune de l’automne, magnifié par les rayons du soleil de cette belle journée aux couleurs de l’été indien. A plusieurs reprises sur le tracé, vous croiserez des vaches évoluant dans des prairies qui donneraient presque envie d’être réincarné en bovin ! Charolaise, Salers ou encore Angus sont ici à la fête et on se dit qu’élevées dans de telles conditions, la viande ne peut qu’être de qualité.
Qui dit tracé exclusif sur les traces préférées des locaux, dit évidemment petits chemins. Voire parfois très petits. Dans ces conditions, si vous voulez éviter de vous perdre ou de devoir suivre les sentiers balisés classiques (qui peuvent aussi être très agréables!), le GPS est indispensable. Car dans les dix premiers kilomètres surtout, il arrive que la trace soit à peine visible dans les feuilles. Mais au bout, la récompense est toujours présente.
Quand on parle de récompense, on veut bien entendu dire descente ! S’il y a bien quelques mises en bouche qui arrivent après moins de 5km, la première vraie belle descente se situe à environ 8km du départ. Un peu de rapide pour commencer puis c’est en plein dans la pente que cela se passe, avec un slalom presque ininterrompu entre les racines et les blocs rocheux. Tout passe sans souci avec un semi-rigide et quelques bonnes bases techniques, mais c’est sans aucun doute au guidon d’un full avec une tige de selle télescopique qu’on en profite le plus car la région peut se montrer abrupte et les descentes peuvent durer sans souci près de 5 minutes !
Il est temps de se remettre de ses émotions avec quelques passages plus larges et reposants. C’est l’occasion d’admirer le travail des Luxembourgeois lorsqu’ils refont un chemin après des travaux de débardage. Bon, d’accord, c’est un peu plat pour du vrai VTT, mais ce petit concassé d’ardoise est assez reposant à rouler et il permet de faire remonter la moyenne. Autres détails intéressants: il laisse l’eau s’infiltrer et la végétation pousser, de sorte qu’il n’est jamais détrempé et qu’il retrouvera vite un aspect plus naturel.
On sort des bois pour quelques tours de roues sur un plateau, au milieu de jolis pâturages cernés de clôtures dont les piquets ont certainement beaucoup d’histoires à raconter vu leur grand âge !
Vu d’ici, le relief de la vallée de la Sûre semble plutôt doux. Mais nous allons bientôt le retrouver avec un visage nettement plus brut que celui de ses prés humides qui en font aussi une des terres les plus fertiles de cette partie de l’Europe.
Les Salers et leurs grandes cornes profitent du soleil; nous aussi. Toute la région a bénéficié de conditions très clémentes en cette fin d’année 2014, mais la Sûre jouit également d’un micro-climat qui lui permet de se montrer accueillante (presque) toute l’année.
Seul bémol: à l’approche de l’hiver, les journées deviennent courtes et le soleil baisse très rapidement. C’est un régal pour le photographe, mais mieux vaut éviter de trop trainer si on ne veut pas finir à la frontale… ce qui a fini par nous arriver, mais c’est une autre histoire ! Si nos multiples pauses photo ont considérablement allongé la durée, comptez néanmoins 3 à 4h pour faire ce tour à une allure permettant de profiter aussi bien des passages techniques que des panoramas.
Voilà enfin la fameuse Sûre dont on parle depuis le début ! Toute la région est un immense parc naturel reconnu au niveau européen. Il est possible d’y observer quantité d’oiseaux (rapaces, Martin-pêcheurs,…) et de mammifères (chevreuils, sangliers, fouines, belettes,…). Les lieux les plus propices à l’observation sont signalés au moyen de petits panneaux. Si vous prenez la peine de vous y arrêter en silence, la chance sera peut-être au rendez-vous et vous pourriez faire de belles rencontres.
A mi-route environ, nous rejoignons la pointe amont du lac de la Haute-Sûre, qui se termine en une zone marécageuse sur laquelle il n’est possible de circuler que grâce à des passerelles sur pilotis. Des cabanes d’observation permettent, ici aussi, de guetter les oiseaux sur le lac sans se faire repérer.
On remarque aussi des falaises très abruptes…
… qu’il va falloir escalader en passant par une petite via-ferrata, heureusement pas trop longue ni trop difficile à emprunter avec les vélos. Attention toutefois à la glissade car sur les parois, l’eau ruisselle généreusement.
A nous le bord du lac ! Loin d’être un parcours détente familial, le petit chemin qui le borde enchaîne les passages techniques comme des perles. Gare à la chute, car c’est le plongeon garanti. Mais le plaisir est au rendez-vous et les zones de « flow » se taillent la part du lion.
Le tour complet du lac mériterait à lui seul une autre journée car il fait pas moins d’une quarantaine de bornes en allant jusque Esch-sur-Sûre et son barrage haut de 48m qui retient l’eau nécessaire à couvrir les besoins de près de 70% du Grand-Duché. Mais ce sera pour une prochaine fois et aujourd’hui, nous nous contenterons de passer sur le « Pont Misère » pour rebrousser chemin sur l’autre rive, qui est au moins aussi ludique et technique que la première.
Sitôt les berges laissées derrière nous, on prend de la hauteur pour retrouver de nouveaux panoramas de toute beauté. Evidemment, on laisse le chemin large de côté et on s’enfonce dans les singletracks pour une petite série de montagnes russes hyper amusantes.
La végétation est sans cesse changeante. Epicéas, hêtres et même très vieux chênes constituent un ensemble haut en couleurs, qu’on n’a pas toujours l’occasion de regarder en détails car les grimpettes nécessitent pas mal d’efforts et de concentration. Ici, on prend plus de 100m de dénivelé d’un coup en à peine plus d’1km. Aïe !
Juste avant d’arriver au sommet, certaines portions sont de véritables défis techniques…
… mais la récompense en haut est à la hauteur des efforts consentis. Pour tout vous dire, il nous a fallu de longues minutes pour décoller et quitter ce sublime coucher de soleil. Un rappel de l’heure et de la distance qu’il nous reste à parcourir nous a fait redescendre sur terre assez vite !
Le panorama n’est pas le seul atout du coin ! La descente qui suit est un morceau d’anthologie à elle seule. 5 nouvelles minutes d’épingles, de petits jumps naturels, de dalles rocheuses et de gaz dans les feuilles mortes, ça n’a pas de prix ! Si un séjour rustique dans la région vous tente, les clés du petit chalet que vous voyez ci-dessous à droite peuvent être obtenues auprès du Syndicat d’initiative de Boulaide.
Et pour terminer en beauté cette escapade luxembourgeoise, nous ne saurons trop vous conseiller de déguster un plat des excellentes pâtes maison du restaurant italien « A Casa Mia », situé juste à côté de l’arrivée du tracé. Impossible de vous tromper, c’est le seul restaurant de Faltzbour… mais quel restaurant !
Plus d’infos:
– Le tracé GPS pour Garmin
– Le site du Parc Naturel de la Vallée de la Sûre
– Les parcours VTT au Luxembourg
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