Comparatif | Megamo Native et Vitae : des jumeaux avec ou sans assistance… et plein de différences !

Par Romain Viret -

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Comparatif | Megamo Native et Vitae : des jumeaux avec ou sans assistance… et plein de différences !

La marque espagnole Megamo propose au grand public deux modèles de VTT trail, le Vitae et le Native. La seule différence sur le papier entre les deux est de taille : le second est doté d’une assistance électrique « légère ». Au-delà de l’électrification, quelles différences entre les deux ? Réponse dans ce comparatif !

Dernièrement, nous avons pu tester et vous présenter le Megamo Track, le modèle XC de la marque espagnole, et c’est probablement grâce à ce vélo que vous avez entendu parler de la marque Megamo. En effet, Megamo s’illustre en majorité au travers des résultats de son équipe en XC Marathon (avec par exemple une 3e et une 7e place sur la mythique Cape Epic, édition 2024). Mais la marque, elle, date des années 80. Nous avions aussi eu l’occasion de vous présenter, au travers d’une visite des locaux à Gérone, l’histoire de Megamo.

Pour faire un (rapide) résumé, à l’origine, Megamo naît de la marque spécialisée en moto, Megamoto (appartenant au même groupe que la marque GasGas, un peu plus connue). Si à l’époque, Megamo a brillé et s’est fait connaître dans le VTT trial et en XC olympique, à présent, c’est essentiellement en XC marathon que la marque se distingue par ses résultats.

Aujourd’hui, la marque appartient au groupe TNT Cycle qui propose des services d’assemblage aux marques qui n’ont pas les ressources nécessaires pour avoir leurs propres usines de montage. Dans son offre pour le grand public, Megamo tente de sortir son épingle du jeu face à ses concurrents en se concentrant sur des vélos sportifs et plutôt haut de gamme.

Cette fois-ci, nous nous intéressons aux deux modèles trail de la marque espagnole, le Native (VTTAE trail à assistance légère) et le Vitae (VTT trail). Si sur le papier, la seule chose qui différencie le premier du second c’est qu’il bénéficie d’une assistance au pédalage, est-ce que ça s’arrête là ?

Présentation des vélos

Pour vous présenter ces deux vélos, l’avantage c’est que si l’on vous en décrit un, vous connaîtrez (quasi) totalement le deuxième. Pour le Native et le Vitae (peu importe le niveau de gamme choisi), on trouve un cadre en carbone offrant 150 mm de débattement arrière, monté avec une fourche également en 150 mm .

Côté géométrie, les chiffres n’ont rien d’extravagant pour un vélo de trail. Un angle de direction à 65,5°, un angle de tube de selle à 76,5°, le tout avec un reach de 455 mm en taille M et des bases arrière en 440 mm. Le Native et le Vitae existent en trois tailles (S, M, L).

Pour ajuster un petit peu la géométrie, Megamo a équipé ses modèles Native et Vitae d’un flip chip au niveau du pied d’amortisseur. Vous aurez le choix entre une position basse ou haute (les vélos sont livrés d’origine dans celle-ci). Selon la position choisie sur le flip chip, celui-ci va venir abaisser ou non la hauteur du boîtier de pédalier, modifier l’angle de direction et celui du tube de selle. Cependant, après une demande sans retour concluant de la marque, nous ne pouvons pas affirmer précisément les modifications qu’il apporte. Il est aussi (fort) probable que celui-ci ait un léger impact sur la suspension, mais nous aurons l’occasion d’y revenir plus tard.

La marque souligne tout de même la compatibilité avec un montage en fourche de 160 mm. Cela permettra à ceux le souhaitant de donner un caractère un petit peu plus « enduro » avec, dans cette configuration et le flip-chip en position basse, un angle de direction atteignant 64,5°.

Pour le Native, Megamo l’équipe du système à assistance légère, le TQ HPR-50. Au niveau des batteries (nous avons bien dit des batteries au pluriel), on trouve une batterie intégrée dans le cadre de 360 Wh et une seconde batterie additionnelle (et facilement amovible, accrochée via un support Fidlock) de 160 Wh, pour un total de 520 Wh, et ce dès la première gamme d’équipement !

Equipements et prix

Pour les deux modèles, il existe cinq niveaux d’équipement avec des montages (quasi) similaires :

Native / Vitae 20

  • Fourche Rockshox Lyrik, cartouche Rush (Native) / Gold 35 RL (Vitae) 150 mm
  • Amortisseur Rockshox Deluxe Select +
  • Dérailleur Shimano XT
  • Freins Shimano MT 420
  • Roues Ready AZY 30 F
  • 6299 € (Native) / 3799 € (Vitae)

Native / Vitae 10

  • Fourche Rockshox Lyrik, cartouche Rush 150 mm
  • Amortisseur Rockshox Deluxe Select +
  • Dérailleur Shimano XT
  • Freins Shimano MT 520
  • Roues DT Swiss M 1900
  • 6999 € (Native) / 4499 € (Vitae)

Native/Vitae 05

 

  • Fourche Fox 36 Performance 150 mm
  • Amortisseur Fox Float DPS
  • Transmission Shimano XT
  • Freins Shimano XT
  • Roues DT Swiss XM 1700
  • 7999 € (Native) / 5499 € (Vitae)

Native/Vitae 03

  • Fourche Rockshox Lyrik Ultimate 150 mm
  • Amortisseur Rockshox Super Deluxe Select +
  • Transmission Sram GX T-Type
  • Freins Shimano XT
  • Roues DT Swiss XM 1700
  • 9499 € (Native) / 6999 € (Vitae)

Native/Vitae 01 :

  • Fourche Fox 36 Factory 150 mm
  • Amortisseur Fox Float X Factory
  • Transmission Sram XX T-Type
  • Freins Shimano XT
  • Roues Race Face Next-R
  • 12499 € (Native) / 9799 € (Vitae)

Sur le terrain : Native 01 et Vitae 01

Lors de ces prises en mains, les deux modèles testés étaient dans les montages d’équipement les plus haut de gamme (Native 01 et Vitae 01), en taille L. Uniquement trois tailles sont disponible (S, M et L) et même si au premier abord, le reach en 487 mm dans cette taille peut paraître effrayant pour la majorité des testeurs qui sont passés dessus (entre 1m73 et 1m80), il a fallu simplement remplacer la potence d’origine de 70 mm (assez longue) par une de 40 mm pour qu’ils se sentent finalement tous plutôt bien installés.

Commençons par le Native. Annoncé par Megamo comme « le vélo pour les cyclistes habitués aux VTT musclés ou qui font leurs premiers pas dans le monde des vélos électriques, le Native offre l’avantage de rouler plus vite, d’atteindre de plus grandes distances et de descendre avec plus de sécurité et de confiance. Tout cela sans sacrifier les sensations et l’agilité d’un VTT conventionnel. » Un discours finalement assez commun pour les VTTAE légers, et ce qui nous intéresse ici c’est la personnalité propre que Megamo a pu lui donner.

Dès les premiers tours de roues, le Native se prend en main instantanément et rassure ! Une chose est sûre, Megamo est bien en phase avec ce qui est annoncé côté sécurité et confiance. Le Native permet de rouler sereinement sans pour autant être ennuyant. Avec ses 17,55 kg (rajoutez 1,2 kg pour la batterie additionnelle), on ressent clairement que l’on n’est pas au guidon d’un gros VTTAE qui pourrait nous embarquer dans la pente et, grâce au montage ultra haut de gamme, le Native 01 se pilote effectivement comme un VTT de trail. Sans assistance certes, qui aurait un peu trop mangé à la cantine, c’est vrai, mais qui reste tout à fait roulable « à sec ».

En montée, le Native 01 est excellent ! Le vélo est bien équilibré, l’assistance du système TQ est très naturelle et ne surprend pas. Il faudra tout de même s’employer un petit peu en appuyant bien sur les pédales lors de passage raides et un peu longs, mais le système TQ est complètement en phase avec le châssis et sa vision de « transition » entre le monde du vélo avec et sans assistance.

Après avoir bien pris en main le Native, on monte sur le Vitae, et au moment des réglages parking, aucune surprise. Les repères sont les mêmes au millimètre prêt (logique nous direz-vous, puisque la géométrie et l’équipement sont identiques), les seules différences se jouent à quelques PSI dans les suspensions (par exemple sur ce que nous avons pu observer, seulement – 5 PSI de différence dans l’amortisseur du Vitae par rapport au Native pour certains de nos testeurs).

Une fois sur les sentiers, la différence est beaucoup plus flagrante ! Le Vitae fait clairement partie des vélos avec une âme XC, mais avec plus de débattement. Très joueur et bien vivant pour ses 150 mm de débattement, il n’est pas pour autant dur à prendre en main ou difficile à piloter, mais nécessite d’être canalisé et guidé en restant relativement actif dans son pilotage.

Avec un poids de seulement 13,4 kg et une bonne position trail (pas extrême comme sur un xc, ni à l’inverse, fort relevée comme sur un enduro), le Vitae est un très bon (voire excellent) pédaleur pour son débattement, et son caractère joueur ne demande pas beaucoup de dénivelé pour s’amuser. Un petit bout de sentier et quelques courbes donnent envie de « poper » ou d’enchaîner les virages. La raideur de l’ensemble est parfaitement dosée et la suspension très progressive (qu’il s’agisse du Vitae et du Native) offre un excellent maintien sans pour autant perdre en confort.

À lire ces lignes, on pourrait presque dire que Megamo a fait un sans-faute sur ces deux vélos, mais quelques détails viennent noircir le tableau, à commencer par le choix des pneus !

Toutes les gammes, qu’il s’agisse du Native ou du Vitae, sont équipées avec les mêmes Maxxis Rekon. Si le dessin est polyvalent, fonctionne bien dans de nombreuses situations et est plutôt en accord avec le programme annoncé (même si à l’avant quelque chose de plus cramponné aurait été plus judicieux), c’est surtout la largeur de 2.6″ couplée à la carcasse Exo qui sont une véritable catastrophe…

Une chose que l’on ne peut pas enlever à l’ensemble, c’est que c’est confort. Le rendement est bon et en montée le pneu travaille bien pour trouver du grip (à condition de ne pas être dans des conditions trop humides). Une fois dans le sens de la descente, là c’est autre chose.

L’ensemble est flou, les crampons pas assez haut pour la surface de contact du pneu (pour des sol meubles voire gras) et surtout la carcasse est bien trop fragile et souple pour gérer correctement la déformation. On se retrouve à devoir surgonfler pour éviter les pincements, ce qui se paie par une grosse perte d’adhérence. Et, malgré ces précautions, sur le Native, nous avons eu la malchance de fissurer la jante arrière sur l’un des côtés lors d’un pincement qui n’avait pas lieu d’être (pas de vraie faute de pilotage ou de relief du sol particulièrement agressif). Cet incident nous amène à nous interroger également sur le choix des roues Race Face Next-R, peut-être un peu légères pour le Native et ses quelques kilos en plus ?

Nous avons également pu jouer un peu avec le flip chip pour voir si, sur le terrain, les changements étaient flagrants… et ce n’est pas vraiment le cas. Entre les deux positions, ce n’est pas le jour et la nuit. En position basse, le peu que l’on peut sentir n’ira pas dans le bon sens, avec un vélo qui cabrera un peu plus facilement. En descente, il sera légèrement plus posé sans pour autant avoir un grand intérêt ni même que ça soit perceptible par la majorité.

Que cela soit sur le Native (qui est déjà assez posé et sécurisant naturellement en position haute) ou le Vitae (qui a tout son intérêt par cette vivacité), nous ne pouvons que vous conseiller de rester sur la position haute sur laquelle nous avons roulé la quasi-totalité des sorties.

Un autre petit détail sur le Native qui peut vite devenir embêtant si l’on ne sait pas le localiser: le capteur de vitesse et son support. Placé sur le cadre en face du disque arrière, le capteur prend une forme de tige venant s’emboîter dans un petit crochet en plastique (son support). Le problème, c’est qu’avec cette conception la tige a la fâcheuse tendance (3/4 des sessions) à sortir du crochet, ou du moins à remonter suffisamment pour ne plus être en face de l’aimant placé sur le disque. Résultat le capteur ne capte plus la vitesse et le vélo se met en erreur.

Il suffit de remettre le capteur en butée dans son support et de redémarrer le vélo pour que tout rentre dans l’ordre, mais c’est tout de même bien embêtant.

Conclusion

En conclusion, le Native et le Vitae sont tous les deux de très bon vélos, bien en phase avec le programme annoncé. Un changement de pneus s’impose dans tous les cas si l’on souhaite avoir l’esprit tranquille et profiter au maximum des capacités des vélos. Sur le papier, la seule différence entre le Native et le Vitae, c’est la motorisation, mais sur le terrain, ce sont deux vélos aux caractères bien différents. Le Vitae, c’est plutôt le poids plume hyperactif et bon partout, bref, un vrai VTT de trail hyper polyvalent et bien fun ! De l’autre côté, le Native serait plutôt la force tranquille. Naturel, posé et rassurant, il est capable de vous accompagner dans toutes les situations et vous encourage à progresser. Un peu à l’image de deux jumeaux : si on ne les connaît pas, on aurait facilement tendance à les confondre, mais il suffit de discuter à peine deux minutes pour différencier leurs personnalités. Comme quoi, les chiffres ne font pas tout. Ou, au contraire, certains changent tout !

Pour plus d’informations, rendez vous sur le site Megamo.

ParRomain Viret