Morgane Charre : Escapade suisse!
Par Morgane Charre -
2016 marque un tournant dans la carrière sportive de Morgane Charre. Après avoir connu les sommets en 2012 avec son titre de championne du Monde de descente, Morgane revient à l’essentiel cette année, à ce qu’elle aime: le vélo. La française fait partie des compétitrices les plus passionnées par leur sport que nous ayons eu la chance de rencontrer. Gentille, discrète et sincère, Morgane nous ouvre les portes de sa “vie de pro rider”. Dans cette seconde chronique, elle nous fait part de ce qu’elle aime, de ce qui l’anime et elle nous a déjà promis de continuer à nous écrire régulièrement !
Le mois de mai a été relativement calme au niveau du calendrier de courses et il a m’a permis de continuer l’entraînement, de rouler dans la boue haut-savoyarde mais aussi de m’accorder une petite escapade « enduro » au pays où il fait toujours beau: Le Valais Suisse.
La voiture pleine à craquer, nous arrivons à Saint-Niklaus pour rejoindre Caroline Sax, mon amie et ancienne rideuse de coupe du Monde de DH, maintenant bien installée et conquise par le Valais.
Très en avance comme à notre habitude, nous arrivons à 18h30 et 15minutes plus tard nous sautons dans le bus direction Grächen. Caro et Odilo, une légende locale du VTT, nous montrent un petit single à flanc de montagne. C’est dur de se concentrer tellement les vues sont impressionnantes.
On en prend plein les yeux et tout le monde a le sourire aux lèvres. Le single est varié et enchaîne des passages rapides, du technique dans les cailloux, de jolies épingles et de la belle terre fraîche pour finir en beauté. Nous arrivons en bas à la tombée de la nuit, simplement ravis! La soirée est pleine de rires, d’anecdotes de nos anciennes courses et de rêves de projets futurs, c’est bon de se retrouver!
Le lendemain, on décide d’aller découvrir un trail que Caro nous a recommandé. Il faut prendre un petit télécabine pour se rendre au village de Junchen. Ce télécabine privé appartient aux gens du village. Plutôt rustique, il tourne quelques fois par jour en fonction de l’affluence. On attache les vélos avec une corde (oui, oui!) et c’est parti. Je dois bien avouer qu’on n’était pas ultra rassurés mais apparemment ça fonctionne comme ça!
Arrivés à Junchen on reste ébahis devant ces belles montagnes aux sommets blancs, le soleil est de la partie et la journée s’annonce magnifique! Le village est quasi désert, apparemment personne n’habite là à l’année mais quelques familles ont d’authentiques petits chalets là haut. On fait rapidement connaissance avec les trois individus les plus « fous » du village: 2 chevreaux et un agneau qui nous feront une sacrée chorégraphie à courir et sauter dans tous les sens à travers le village.
On reste un moment à observer le spectacle en rigolant ! Finalement on attaque la descente en direction de St Niklaus sans vraiment savoir à quoi s’attendre…et c’est encore un de ces singles parfaits que l’on découvre! Un chemin piéton pas du tout aménagé pour le vélo mais qui s’y prête parfaitement : on flotte sur un beau tapis d’épines et la longue descente est vraiment impeccable. On s’arrête plusieurs fois pour observer des bouquetins ou les paysages, ce chemin est fou…Pas de chronos ici, on profite à fond !
Arrivés à Saint Niklaus vers midi on en profite pour s’offrir un petit café en terrasse au soleil. Tout est parfait en Suisse, à part lorsqu’il s’agit d’acheter quoi que ce soit ! 11 francs suisses soit environ 10€ les deux cafés…merci, au revoir ! On savoure quand même bien ce moment tout en décidant de notre prochaine étape. On se dirige vers Raron, à quelques kilomètres de là. La Suisse regorge de funiculaires et télécabines qui permettent l’accès à des villages sur les hauteurs. Par la même occasion, ils rendent accessibles des chemins super rapidement. C’est le paradis pour l’enduro même si le tarif des remontées sont assez élevés. Pour les télécabines qu’on a utilisés il faut compter en moyenne 14 francs la montée avec le vélo.
Il y a deux téléphériques à Raron, avec une belle descente au sommet de chaque d’après les locaux. Nous décidons de grimper dans celui qui monte à Unterbach, 1300m plus haut: encore une belle découverte et plein d’animaux « trop mignons »!
Le chemin est plus droit et rapide que ce qu’on a pu rouler précédemment. On sent que ce chemin là, contrairement aux précédents, est beaucoup roulé en VTT. Quelques portions sont aménagées avec des virages relevés. Je m’y imagine même en vélo de descente. En tout cas, plus on perd du dénivelé et plus ça devient technique et défoncé, nos petits vélos et nos petits bras apprécient !
Il doit être environ 17h30 quand on arrive en bas et après quelques minutes d’hésitation sur la suite du programme, on remet les vélos dans la voiture direction Gampel!
Jour férié oblige, notre quête de nourriture et de boisson s’avérera vaine et on se sent un peu fragiles à l’idée de repartir rouler. Mais on oubliera vite ça, trop contents d’arriver à temps (avec au moins 1 minute d’avance !) pour embarquer dans la dernière cabine pour monter à Jeizinen. Là encore il semble que le spot soit assez connu et roulé. On partage la montée avec 2 VTTistes et surtout, arrivés en haut, on a la surprise de voir une dizaines de riders réunis en terrasse au petit bar du coin. On imagine que c’est un petit rituel d’after-work pour beaucoup d’entre eux : Une bière entre potes et une longue descente, de quoi bien finir la journée!
James a déjà roulé à Gampel il y a 2 ans lors d’un road trip avec Dirtmag, je fais donc entièrement confiance à son sens de l’orientation et sa mémoire…et il m’aura plutôt impressionnée ! On monte un peu, on descend sur la route, on tourne, re-tourne et on remonte finalement pour arriver au départ de ce qui a l’air d’être un single de folie ! La lumière de fin de journée est magnifique, on est aux anges et on savoure ce bon moment. La descente a l’air de ne jamais finir, on a le sourire scotché aux lèvres ! C’est très varié et le flow est génial, c’est grisant de rouler a l’aveugle sur un chemin pareil.
Une sacrée journée se termine, avec plus de 4000m de dénivelé négatif sur 3 spots différents. On n’a pas beaucoup pédalé mais la fatigue est quand même bien là, ces chemins piétons demandent beaucoup de concentration. On se sent chanceux d’avoir réussi à trouver des chemins aussi bien sans forcément connaitre la région… J’imagine qu’il y en a un nombre incalculable aux quatre coins du Valais et ça donne forcément envie de revenir! Après toutes ces aventures, c’est au Lac de l’Hongrin qu’on ira s’endormir et faire de beaux rêves de singles poussiéreux! C’est important pour moi d’avoir ce genre de petits trips entre les entrainements et les courses pour revenir à la base de ce que j’aime dans le vélo : les montagnes, la nature et le partage!