Cape Epic 2016 : derniers préparatifs
Par Olivier Béart -
Vous avez aimé les récits Cape Epic de l’équipe mixte composée de Jeff Bossler et Coralier Redelsperger en 2015 ? Ca tombe bien car Jeff remet le couvert cette année, accompagné de Fanny Bourdon. Secrètement, l’équipe nourrit de grandes ambitions au classement général et visera la victoire. En « Amabubesi » confirmé (6 fois finisher du Cape Epic), Jeff nous explique les derniers préparatifs et détaille la préparation de son vélo pour l’épreuve reine des courses par étapes. Laissons la parole à l’expert.
Mi-décembre, les billets d’avion sont à tarif raisonnable, il est temps de réserver son vol, en n’oubliant pas le 2ème bagage « bicyclette ». Pour ma part, je ne fais quasiment pas de vélo en décembre, à peine une sortie VTT entre ami le dimanche, le reste c’est course à pied 2 ou 3 fois par semaine et gainage / abdos. Habituellement je reprend très sérieusement le vélo dès le 1er janvier, mais cette année un mini objectif trail est programmé mi janvier, alors 3 séances sérieuses de course à pied restent au programme. Ensuite il est temps d’allonger les sorties de vélo route, VTT ou Gravel.
Mi février je profite des vacances des enfants chez leurs grands parents pour me rendre dans le sud de la France, sur Fréjus et accompagner des amis pour un stage, qui mixera route et VTT souvent en biquotidien. Je n’aime pas la monotonie et il serait dommage de ne pas rouler sur le parcours du Roc marathon alors qu’on est seuls sur les chemins.
Il faut arriver en forme, affuté mais pas trop non plus, 1 ou 2 kg de plus que son poids de forme en début de course n’est pas un problème
Ce stage sera l’occasion de faire un gros volume en approchant les 30h/semaine, mais aussi de commencer à travailler les intensités. A la sortie du stage, il reste 4 semaines, il faudra déjà bien récupérer puis accentuer le travail des intensités avec une dernière semaine uniquement de repos et voyage.
Concernant les intensités, même si le Cape Epic est une course marathon par étapes de 8 jours, il est nécessaire quand même de travailler la PMA, les intensités hautes, la force etc… Il faut arriver en forme, affuté mais pas trop non plus, 1 ou 2 kg de plus que son poids de forme en début de course n’est pas un problème : vous le perdrez durant la semaine !
Habituellement j’essaie toujours d’accumuler 2 journées de course avant le Cape Epic, mais cette année aucune course sur route fin février possible, et le premier dimanche de mars a vu une météo horrible avec du VTT dans un bourbier infâme et dans le froid. A 3 jours du départ, cela n’aurait pas été raisonnable et de toute façon peu profitable, le VTT étant pour le coup plus de la course à pied que du vélo et le froid ne ressemblant pas du tout à la météo prévue au Cap. Tomber malade n’aurait pas été très intelligent, tomber tout court non plus.
Bikecheck : l’Open O-1.0 de Jeff
Durant toute cette préparation physique, il ne faut pas oublier de préparer sa monture avec soin, et comme chaque année j’ai choisi de la monter point par point. Comme en 2014 et 2015, je suis fidèle à Open pour le cadre. Son poids plus (moins de 900g en taille S !), son confort et sa fiabilité en font un partenaire de choix pour l’épreuve. J’ai bien pensé prendre un full car il est vrai que cela peut représenter un avantage sur ce type de course mais finalement cela n’a pas été possible cette année et, lors des deux éditions précédentes, je n’ai pas trouvé l’expérience hardtail si traumatisante que cela, du moins avec un tel vélo.
Je n’ai pas les cuisses d’un Kulhavy pour tirer une grosse galette devant
Le montage en est passé en Shimano XTR DI2 Syncroshift cette année (voir notre test longue durée). Après plusieurs tests, et malgré un petit surpoids, j’ai opté pour le confort d’utilisation de l’électrique et du Synchroshift qui permet de se passer de commande de dérailleur avant tout en restant en double. Clairement, pour moi, pas question de rouler en mono sur le Cape Epic. Les portions roulantes sont nombreuses, comme les côtes raides, et je n’ai pas les cuisses d’un Kulhavy pour tirer une grosse galette devant. Au niveau du pédalier, je reste fidèle à Rotor et aux plateaux ovales en 36/25 avec le nouveau REX Inower équipé d’un capteur de puissance qui me permettra de mieux calibrer nos efforts. La cassette est en 11/40, la chaîne une KMC X11SL Black Coating, et les pédales des Look S-Track.
Devant, la fourche Suntour Axon Werx en 110mm repart pour un tour. Peu connue, elle est diablement efficace et elle a prouvé sa fiabilité. Les freins Hope ont aussi prouvé leur grande fiabilité et, pour le fun, je suis parti sur la version orange des Tech3 X2. Idem pour les roues roues Kappius KH 1,5, peut-être pas les plus légères, mais dont la jante carbone semble indestructible (voir notre test dans le dossier « Roues carbone, l’upgrade ultime ?« ). Les pneus se doivent d’être solides et polyvalents. Comme en 2015, j’ai monté un Schwalbe Rocket Ron SnakeSkin 2.25 à l’avant pour l’accroche et la sécurité même s’il pleut (oui, cela peut arriver) ainsi que pour les passages dans le sable, couplé à un Continental RaceKing 2,2 Protection derrière pour son gros ballon, synonyme de confort, et son profil très roulant. Dedans, on ne chipote pas : 100ml de latex Notubes, pas moins !
Du côté des équipements, j’ai misé sur le light avec la nouvelle marque de composants Lyti de chez Dulight.fr, site français de vente en ligne bien connu des weightweenies. La potence est une Pro en 80mm -10°. Après un essai concluant, j’ai changé de selle en optant pour la Morgaw et son système de « suspension » entre la coque et les rails carbone. Les poignées sont les inévitables ESI Grips en silicone, en version Racer’s Edge deux épaisseurs. Au cas où, j’ai aussi des poignées ergonomiques type Ergon en réserve si jamais des douleurs venaient à survenir. Enfin, dans le cintre, des mèches Sahmuraï Sword sont là pour aider à réparer les crevaisons au plus vite. L’ensemble fait 9,5kg avec chambre de réserve et le Skean permettant de protéger le top tube en cas de chute.
Fanny (Bourdon) faisant partie du team Look Beaume de Venise, sponsorisé par Look, elle emmène son fidèle 989, simplement monté en double pour l’occasion, ainsi qu’avec des roues Kappius carbone.
Dans les bagages
Arrive pour moi le pire cauchemar : les préparatifs des bagages. Il faut faire rentrer toutes ses affaires, vélo compris, dans 2X23kg et surtout ne rien oublier. Et, étant très prévoyant de nature, j’ai réuni beaucoup de pièces de rechange, d’outils, de nourriture, et de vêtements pour toutes les températures. Ayant vécu le « black muddy friday » de 2012 avec une paire de manchette et un coupe vent sans manche pour affronter 120km sous la pluie et 7°C, on devient méfiant.
Pour optimiser le confort de dormir sous tente, un bon sac de couchage de faible volume mais résistant sous 10°C (les nuits sont fraiches), un oreiller de voyage, des boules Quies et un bandeau pour les yeux sont impératifs pour un repos correct. Limiter au maximum le nombre de cuissards / maillots, 7 ne sont pas nécessaires car un service de lessive journalière vous permettra de tourner sur un jeu de 3. Idem pour les affaires civiles, ce n’est pas un bal : un short, un pantalon, 3 t-shirts 3 slips 1 sweat-shirt suffiront (quelques affaires pour avant et après les 7j de course en sus).
Il ne faut pas non plus oublier les pièces destinées au vélo, ainsi que les accessoires comme une vraie pompe VTT à haut volume avec raccord, un support de porte bidon supplémentaire pour mon équipière, des chambres à air Foss (qui crèvent très lentement par épines) pour réparer et finir une étape.
L’organisation vous donnera un sac de 80l qui sera votre unique moyen de mettre toutes vos affaires dedans donc optimisez ! Comptez une bonne journée pour tout réunir, vérifier et étaler devant vous avant de procéder à l’empaquetage et pesage pour ne pas dépasser votre limite autorisée. Emballez bien votre vélo dans une housse de transport avion spécifique, en rajoutant des tubes de protection ou du papier bulles. Un carton de vélo peut convenir mais il s’avère souvent insuffisant pour bien protéger votre meilleur ami à l’aller, comme au retour.
Psychologiquement, soyez prêt à un problème de dernière minute. Cela arrive à chaque fois, même si on pense avoir tout anticipé. Pour 2016 j’avais commandé une paire de chaussures, après avoir bien essayé plusieurs modèles 2015 de la gamme juste en dessous pour déterminer la bonne pointure. Le temps que les 2016 arrivent, à 3 semaines du départ, il a fallu que la taille ne soit pas bonne. Bien sûr pas possible d’avoir à temps la pointure supérieure.
Que nenni mon ami, c’est la semelle carbone qui est fissurée, sinon ce n’est pas marrant
Qu’à cela ne tienne, pas grave, je vais reprendre mes chaussures 2015 et les finirai sur la Cape Epic. Chaussures qui n’avaient plus roulé depuis fin novembre vu les températures. Donc dimanche avant de partir test du vélo avec ces chaussures, bizarre un petit jeu sous la pédale droite, cela doit être les cales à changer. Que nenni mon ami, c’est la semelle carbone qui est fissurée, sinon ce n’est pas marrant. Bref petit coup de stress en ce début de semaine pour trouver une paire de chaussures à la bonne pointure. N’ayant pas pu beaucoup rouler avec et, en sus, ayant monté des cales neuves, il va falloir roder tout cela durant les 3 jours dont je dispose avant le départ du prologue dimanche !
La bonne nouvelle dans tout ça est que je suis bien dans l’avion pour Le Cap, croisons les doigts que les bagages soient au RDV ce soir. Ensuite il n’y aura plus qu’à se laisser couler jusqu’à dimanche pour entamer l’apéritif de cette 13ème édition, un prologue de 25km sur le site de Meerendaal qui verra aussi la fin de notre aventure 7 jours plus tard étant aussi le lieu de clôture.
Le meilleur est donc à venir, RDV donc sur vojomag.com pour le compte rendu complet des aventures du Team Open – Kappius Components.