Chiens de protection : comment réagir en VTT ?
Par Romain Viret -
De plus en plus présents dans nos montagnes, les chiens de protection sont des amis bien utiles pour les bergers. La rencontre peut toutefois surprendre et intimider. Quelques bonnes pratiques s’imposent quand on les rencontre à VTT ou VTTAE !
Si le nombre de chiens de protection n’a cessé de grandir ces dernières années, ce n’est pas simplement pour faire de la compagnie aux bergers. En effet, au début du 20ème siècle, les élevages s’étaient accommodés d’un fonctionnement plus « libre » et autonome, mais face au retour du loup à partir des années 90, les éleveurs ont dû remettre en place des techniques, plus ou moins efficaces, pour limiter les attaques sur leurs troupeaux.
La meilleure des solutions ?
Face aux prédateurs, les solutions possibles ne sont pas nombreuses et n’ont pas toutes la même efficacité. Les clôtures et les filets électrifiés permettent de contrôler la dispersion des troupeaux, mais seuls (en plus d’être un travail de titan à mettre en place et à gérer au quotidien) cela n’arrête que rarement les prédateurs. Une présence et une force de dissuasion sont donc perpétuellement nécessaires.
Pour permettre aux bergers de faire d’autres tâches (obligatoires) quotidiennes, les chiens de protection restent un des moyens les plus efficaces contre les prédateurs. Face à une meute de loups, plusieurs chiens pour le même troupeau seront nécessaires pour les dissuader d’attaquer ou pour leur permettre de se reposer et de compter les uns sur les autres pendant les longues périodes de prédation.
Contrairement aux chiens de conduite (dont la mission est de diriger le troupeau) appartenant aux éleveurs ou aux bergers, les chiens de protection « appartiennent » au troupeau et y sont introduits dès leur plus jeune âge. Ils doivent être autonomes dans leur travail et prennent eux-mêmes leurs décisions (contrairement au chien de conduite qui attend les ordres de son maître).
Comment gérer la rencontre à vélo ?
Peu importe la race (Patou, Transmontano, Mâtin Espagnol, Kangal…), rappelez-vous que vous n’êtes pas une menace ! Lorsque vous arrivez sur les sentiers, soyez attentif aux panneaux au départ des sentiers et aux endroits « clés » comme les clôtures ou les croisements, ils pourront vous dire si vous avez des chances de rencontrer des chiens de protection.
Si vous apercevez au loin un troupeau, le premier réflexe à avoir est de descendre de votre vélo. Rappelez-vous que sa maison, c’est le troupeau, donc n’essayez pas de rentrer chez lui. Si c’est possible, contournez le troupeau en marchant doucement.
Il y a de grandes chances que le chien de protection vous ait déjà repéré avec son odorat bien plus développé que le vôtre, et si ce n’est pas le cas essayez de l’avertir d’un simple « salut le chien » ou d’un « t’as vu mon nouveau dérailleur » ou « j’ai un nouvelle cartouche hydraulique dans ma fourche » pour ne pas le surprendre. À l’inverse des humains, leur vue de jour n’est pas toujours optimale, il va donc se rapprocher pour comprendre qui vous êtes et savoir ce qu’il doit faire.
Par réflexe face à la prédation, il aboiera pour vous impressionner et vous prévenir que vous êtes chez lui. On peut lui accorder que ça marche bien en général. N’avancez pas vers lui et ne le regardez pas dans les yeux, arrêtez vous et parlez lui calmement. Pour vous rassurer, vous pouvez mettre votre vélo (attention à ne pas le lever, on est pas sur une ligne d’arrivée) entre lui et vous.
Une fois que le chien a approché et vous a senti, il faut lui montrer que vous n’êtes pas une menace en avançant lentement. Si vous n’avancez pas le chien va se dire « mais qu’est-ce qu’il fait ? ». Il ne faut pas forcer. Même si vous êtes costaud avec vos genouillères et votre dorsale, nous sommes navrés, mais vous êtes moins impressionnant qu’une meute de loups et vous aurez toutes les chances de perdre contre lui et ses copains !
Vous pouvez toujours choisir de reculer, dans ce cas faites de petits pas à reculons sans lui tourner le dos, ni en courant. Pour vous comme pour lui, généralement quand quelqu’un s’enfuit ce n’est jamais rassurant.
Petit témoignage de notre dernière rencontre avec des chiens de protection : « Nous étions dans le massif des Bauges, dans les Alpes, non loin de la rédaction, pour une grande sortie un dimanche matin sur le Scor 2030. On traverse un alpage avant de rejoindre le sentier qui descend, et pile face à nous : un troupeau de chèvres. Seulement voilà, le troupeau est bien gardé et le chien de protection nous a repéré depuis un moment. En vélo, on arrive vite, alors il réagit vite et ne cesse d’aboyer en s’avançant vers nous. Notre réflexe : attendre que « notre troupeau » arrive avec toute notre bande de vététistes. On prévient le groupe, tout le monde n’a pas l’habitude de ces rencontres. On reste calme, on descend de vélo et on contourne laaargement le troupeau. On ne vous mentira pas, contourner dans les ronces et les orties n’était pas une partie de plaisir, mais nous n’avions pas trop d’autre choix ce jour-là. De toute façon, dès qu’on contournait de trop près, le chien nous le faisait savoir. Il ne nous a pas quittés des yeux pendant toute notre manoeuvre d’esquive. Une fois qu’on était à bonne distance, le chien est retourné à sa sieste, et nous sommes retournés à notre sortie de vélo. »
Pour vous plonger dans l’ambiance, on vous invite à découvrir ou à re-découvrir le superbe récit, signé Pierre Pauquay, sur le vététiste et la bergère.
En fait la rencontre avec un chien de protection, c’est comme si quelqu’un venait chez vous. Si la personne toque à votre porte, se présente et vous parait sympathique il y a plus de chance que vous l’invitiez à boire un café qu’une personne qui arrive en courant et vous hurle dessus pour vous impressionner. Eh bien pour les chiens de protection, c’est pareil (mais sans le café, et avec un vélo).
Pour plus d’informations et de guides pratiques sur le pastoralisme et les chiens de protection, rendez-vous sur le site Pasto Kezako ? Vous pourrez également retrouver une carte interactive recensant la présence de chiens de protection.Ces initiatives de sensibilisation sont portées par le Réseau Pastoral Auvergne Rhône-Alpes (AURA), avec le soutien du Commissariat du massif des Alpes et de la Région AURA.