Championnats du monde Enduro 2024 : la France, maître du monde

Par Adrien Protano -

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Championnats du monde Enduro 2024 : la France, maître du monde

Pour la toute première édition de l’Histoire, les championnats du monde d’enduro ont frappé fort… surtout du côté des pilotes bleu-blanc-rouge ! Avec une véritable domination sur la compétition, les Français ont signé un incroyable quadruplé, remportant les maillots irisés dans toutes les catégories ! Retour en images sur cette journée historique et résultats complets : 

Bienvenu à Canazei pour les premiers championnats du monde d’enduro de l’Histoire ! Station de ski située dans la vallée de Val di Fassa, Canazei a pour décor les magnifiques Dolomites italiennes… et abrite de nombreuses spéciales déjà bien connues des enduristes étant donné que les Enduro World Series y avaient marqué un arrêt à trois reprises (2019, 2021 et 2022) et qu’une manche de la coupe du monde EDR/E-EDR y avait été organisée en 2023.

Pourtant, les choses sont un peu différentes cette fois… parce que la petite ville italienne accueille un évènement historiquement marquant : il s’agit là des tout premiers championnats du monde pour la discipline de l’enduro ! Cela faisait longtemps que nous attendions cela, nous y voilà enfin, les enduristes font finalement pouvoir avoir droit à leur maillot arc-en-ciel.

En plus de son caractère historique, Dame Nature a également désiré marquer les esprits pour cette première mondiale. Le gel et la neige ont frappé les falaises du Val di Fassa dès la journée du jeudi, recouvrant d’une épaisse robe blanche (jusqu’à plus de 30 cm) le départ de certaines spéciales situées le plus haut en altitude. Une ambiance qui n’est pas sans rappeler la manche de EWS de Crans Montana de 2022 !

Les prévisions météorologiques sont claires : il va faire froid tout le week-end, mais la journée du dimanche semble être la plus favorable pour la compétition, avec une fin des chutes de neige annoncée entre le vendredi et le samedi. Un seul choix s’impose donc pour l’équipe d’organisateurs, celui de repousser la journée de course à dimanche.

Au-delà, les organisateurs ont véritablement réagi de manière pragmatique ! Les spéciales n°1, n°3 et n°4 ont été raccourcies afin que leurs départs soient donnés plus bas, là où les tracés n’étaient plus recouverts de neige, tandis qu’organisateurs et bénévoles ont pris pelle à neige et brosse pour tenter d’offrir aux pilotes les spéciales les plus favorables possible ! « Ce week-end de course était excessivement bien organisé, alors qu’avec une telle météo, ça aurait pu être catastrophique… ou tout simplement annulé », nous fait remarquer Thomas, vidéaste au sein de la rédaction et les pieds dans la neige à Canazei pour vous offrir les meilleures images de ces premiers championnats du monde.

Tout ce dévouement et cette fluidité d’organisation ont permis à la course de vivre ! Et quelle course…

Dès le début de la journée, les Français s’illustrent avec une première spéciale remportée par Alex Rudeau et Isabeau Courdurier.

Chez les Femmes, la bataille prend des couleurs bleu-blanc-rouge : Mélanie Pugin est à la poursuite d’Isabeau Courdurier, tandis que Morgane Charre pointe à la 3e place à ce stade.

Jusqu’à l’entame de la dernière spéciale du jour, cet ordre va être conservé… Va-t-on assister à un renversement de situation ? Isabeau Courdurier affiche 8 secondes d’avance sur Mélanie Pugin, qui elle-même comptabilise une avance de 35 secondes sur Morgane Charre. Bref, le scénario est idéal pour la première citée, mais une chute est vite arrivée dans ces conditions si particulières de gel.

Avec le sens du spectacle, Isabeau Courdurier signe le meilleur temps sur cette dernière spéciale pour s’offrir au bout du compte le premier maillot irisé de l’histoire de l’enduro ! En voilà une bien jolie façon de tirer sa révérence avant la pause de sa carrière professionnelle annoncée par la Française quelques semaines auparavant.

« Je n’ai pas les mots, alors je dirai simplement que c’est incroyable », s’exclame la gagnante du jour dans la raquette d’arrivée « Je ne sais pas, c’est fou. Je ne voulais pas que ma carrière se termine comme cela, la neuvième position à Loudenveille et perdre le classement général dans la dernière course… J’ai vraiment travaillé très dur cette semaine pour réaliser une performance dont je puisse être fier. C’était un vrai combat avec les conditions, la neige… Je suis restée concentrée et ça a payé. Comment pourrais-je terminer ma carrière sur un meilleur podium qu’un podium entièrement français ? Je suis tellement heureuse », continue-t-elle.

Ces championnats du monde de Val di Fassa n'auront pas couronné une, mais bien trois championnes françaises

Ces championnats du monde de Val di Fassa n’auront pas couronné une, mais bien trois championnes françaises puisque Mélanie Puggin et Morgane Charre décrochent respectivement la médaille d’argent et de bronze. Malgré plusieurs chutes dans la dernière spéciale, la pilote du Pivot Factory Racing est parvenue à sécuriser la troisième marche du podium, face à un retour menaçant de la Britannique Harriet Harnden. Voilà qui fait de Morgane Charre la seule pilote à avoir gagné une médaille aussi bien aux championnats du monde de DH Élites que d’enduro (cf. sa victoire à Leogang en 2012).

Le top 5 est complété par Harriet Harnden et Ella Conolly, victime d’une chute dans la première spéciale. On notera également la jolie performance de la Française Laura Simonin, aux portes du top 10 (11e).

Chez les Hommes, Alex Rudeau ne va pas lâcher de leste après sa victoire sur la première spéciale de la journée et enchaîne avec deux scratch de plus.

À la moitié de la journée, le Français affiche déjà plus de 20 secondes d’avance sur son plus proche poursuivant, un certain Richie Rude, tout juste couronné au classement général de la coupe du monde le week-end dernier. Mais l’Américain n’a pas le droit à l’erreur, il est suivi à la trace par le Français Louis Jeandel, pointé à seulement deux secondes au bout de la troisième spéciale.

Avec quatre temps scratch sur les cinq spéciales du jour, Alex Rudeau s’offre le titre de champion du monde d’enduro ! « C’est tout simplement incroyable, j’en rêvais depuis si longtemps, mon premier maillot individuel de champion du monde UCI. Je suis super fier de l’équipe, de tout le travail que nous avons fait, de mon entraîneur, de tout… Et c’était le bon moment pour le gagner, parce que demain, je ne sais pas pour qui je vais rouler, je n’ai aucun plan », s’exclame le champion du monde à son arrivée.

Le seul temps scratch qui aura manqué à Alex Rudeau est celui de la dernière spéciale, signé par son compatriote Louis Jeandel… et qui permet à ce dernier de chaparder la deuxième marche du podium à Richie Rude in extremis.

Le top 5 est complété par Daniel Booker et Greg Callaghan. On notera également la 7e place de Martin Maes, une jolie performance quand on sait que le pilote belge était malade à l’entame du week-end. L’Irlandais et le Belge semblent également être les deux seuls pilotes à avoir participé à ces championnats du monde (en catégorie sans assistance) et à la toute première manche des EWS en 2013.

Carton plein en catégorie e-bike également puisque le Français Kevin Miquel repart avec le titre de champion du monde ! Alors qu’il pointait à la 3e position jusqu’en milieu de la journée, le pilote du Specialized Enduro Team est parvenu à tirer son épingle du jeu en fin de journée, et s’impose avec 6 secondes d’avance sur l’Italien Andrea Garibbo. La médaille de bronze est française également avec le jeune Kevin Marry.

J'ai manqué le maillot en Cross-country Eliminator il y a 10 ans, alors porter le maillot maintenant, c'est vraiment un rêve !

Kevin Miquel

« Je n’y crois vraiment pas. C’était une journée très difficile, une journée émotionnelle parce que j’ai eu des problèmes mécaniques, alors j’ai pensé que la journée allait se terminer avant la fin. Pas à pas, mon esprit s’est amélioré, pour terminer en tête du premier Championnat du Monde UCI. J’ai manqué le maillot en Cross-country Eliminator il y a 10 ans, alors porter le maillot maintenant, c’est vraiment un rêve ! Je suis aussi super content pour Estelle, ma coéquipière », détaille le Français quelques instants avant de monter sur le podium.

On notera la déconvenue pour Adrien Dailly, en tête du classement provisoire jusqu’à la 8e spéciale, mais qui aura malheureusement un problème sur la dernière spéciale du jour l’empêchant de terminer la course.

Et de 4, la catégorie e-bike féminine prend également les couleurs françaises, avec la victoire de Estelle Charles. Avec quatre temps scratch sur neuf, la pilote française s’est imposée avec autorité face à Florencia Espineira et Raphaela Richter qui complètent le podium.

« Je suis vraiment heureuse de gagner, j’étais sur les nerfs toute la journée, alors j’ai besoin de me calmer un peu maintenant ! Je veux juste en profiter avec l’équipe » se confie la gagnante du jour. » C’était très glissant, c’était amusant de rouler dessus. Nous avons attendu tellement d’années pour avoir les Championnats du Monde UCI, alors pour l’E-enduro, c’est vraiment cool d’en avoir enfin un », termine-t-elle.

On notera la présence de Enrico Guala, Fred Glo et Chris Ball à la cérémonie protocolaire, à savoir les fondateurs de feu les EWS (avec Darren Kinnaird) qui auront permis d’élever la discipline de l’enduro à son statut actuel, reconnue par l’UCI et avec ses propres champions du monde. Quel chemin !

Tracy Moseley et Fabien Barel, premiers gagnants des EWS, étaient également de la partie pour remettre les médailles aux champions du jour… et pour participer à la course e-bike avec à la clé une 4e place pour la Britannique et une 9e place pour le Français ! Le vélo ça ne s’oublie pas… espérons qu’il en soit de même pour l’Enduro par l’UCI l’année prochaine !

Voilà qui clôture cette saison 2024 de l’enduro, place au cross-country et à la DH de vivre leurs manches finales durant les prochains week-ends !

ParAdrien Protano