Championnat de Belgique marathon 2020 : de brume et de boue
Par Olivier Béart -
Il a finalement eu lieu ! Grâce à la ténacité des organisateurs du BEMC Marathon, il y a bien eu un championnat de Belgique marathon en 2020, malgré le contexte de pandémie. Direction La Roche-en-Ardenne pour une course boueuse et pluvieuse qui sentait déjà bien l’automne.
Du côté du parcours, l’organisation a prévu un format un peu particulier avec 3 boucles de 27km, pour un total de 85,8km et plus de 2700m de d+. Rien de super technique, mais de beaux chemins ardennais à se mettre sous la dent, et surtout un parcours très physique (le dénivelé parle de lui-même) ainsi qu’une météo humide qui ont fortement éprouvé les organismes. Si le départ a bien eu lieu dans le centre de La Roche-en-Ardenne, l’arrivée s’est jugée, elle, au milieu des bois afin d’éviter qu’il y ait trop de monde et de permettre le respect de la distanciation physique. Dans l’ensemble, même si c’est plus complexe, le BeMC et la commune de La Roche ont montré qu’il était tout à fait possible d’organiser de beaux événements, en toute sécurité, malgré le Covid-19.
Côté course, c’est d’abord un certain Wout Alleman qui a mis le feu aux poudres dès les premiers kilomètres ; accompagné du seul Frans Claes, déjà titré par le passé et qui avait encore cette année de grandes ambitions.
Grand animateur du BeMC lors des dernières éditions, on sait qu’il affectionne tout particulièrement la région et ce genre de parcours. Malgré son jeune âge, tout le monde prend donc très au sérieux son début de course rapide avec l’expérimenté Frans Claes.Derrière, Joris Massaer organise la chasse, avec le jeune Timo Kielich dans sa roue. A seulement 21 ans, Kielich est déjà double champion de Belgique XC en U23, champion de Belgique de cyclocross U23 et vice-champion d’Europe dans les labourés. Bref, un sérieux client ! Dans leur roue, les Hollandais Erwin Bakker et Jasper Ockeloen tentent de suivre. Tous deux abandonneront après deux tours, à la limite de la congélation. Il n’y avait de toute façon pas de titre à la clé pour eux.
On notera aussi la présence de Ben Thomas, le champion de Grande-Bretagne. Il terminera finalement 9e.
Chez les dames, Joyce Vanderbeken (à gauche) a directement pris les commandes de la course, pendant qu’Alice Pirard prenait un départ beaucoup plus calme.
Au deuxième tour, on peine déjà à reconnaître les coureurs, maculés de boue. Un passage à gué les détrempe encore plus, mais ne les nettoie qu’à peine. Devant notre objectif, Wout Alleman passe, seul, avec plus d’une minute d’avance. Il a de bonnes sensations et il veut durcir la course. Va-t-il aller décrocher le titre ?
Frans Claes n’a pas pu suivre le rythme, mais il est toujours en 2e position. Attention : dans sa roue, Timo Kielich semble bien accroché ! Qui de la jeunesse ou de l’expérience prendra le dessus ?
Si la pluie a cessé, l’atmosphère reste très humide. Même si le thermomètre dépasse les 10°C, les organismes sont mis à rude épreuve. Mais, pour le photographe, les paysages de l’Ardenne sont magnifiés par ces nuages bas et cette brume qui enveloppe les reliefs.
Direction maintenant le col de Haussire, un des plus longs et difficiles du pays, au sommet duquel sera jugée l’arrivée ; non loin de la stèle en hommage à Claudy Criquelion.
Après un dernier tour en boulet de canon, c’est le jeune Timo Kielich qui passe la ligne d’arrivée en premier… et en moins de 4h, avec 21,6km/h de moyenne. Vu la météo et la difficulté du parcours, cela vous situe le niveau de ce jeune Espoir qui va cueillir là son premier titre Elite. Retenez bien ce nom, on en reparlera, et pas qu’en VTT marathon.
6 minutes plus tard (!), c’est un autre jeune, Wout Alleman, qui prend la 2e place. « J’ai essayé de partir dans le 2e tour, j’avais de bonnes jambes, mais Timo et Frans ont réussi à revenir. Et quand Timo a attaqué, je n’ai rien pu faire. J’ai souffert des conditions climatiques et les descentes dans le dernier tour étaient un enfer car je n’avais plus de plaquettes et le blocage de ma fourche ne voulait plus s’ouvrir. Mais ce ne sont pas des excuses, Timo était tout simplement sur une autre planète aujourd’hui et je ne peux qu’être satisfait de ma 2e place' », nous a-t-il expliqué à l’arrivée, le visage couvert de boue.
Enfin, la 3e place revient à Frans Claes. « Je venais clairement pour gagner le titre, mais je ne suis pas déçu de cette 3e place. Les jeunes étaient plus forts aujourd’hui, tout simplement. Cela fait du bien de courir à nouveau, malgré la météo. Une vraie course de warriors ! »
Malgré une crevaison et une jante abîmée par l’impact, Joris Massaer accroche la 4e place finale. Il devance un autre jeune cyclocrossman adepte du VTT, Seppe Rombouts.
On le sait, Sébastien Carabin n’est jamais à l’aise dans les conditions froides et humides. Très discret en début de course, le champion de Belgique marathon sortant, qui brille désormais aussi en trail et en XTerra, a réussi une belle remontée en fin d’épreuve. Pointé à peine dans le top 20 au premier tour, il est finalement 6e. Une déception assurément, mais ce n’était clairement ni une météo, ni un parcours à son avantage.
Dans le top 10, on note aussi la remarquable présence de Stijn Van Boxstael.
Il décroche le titre « Elite3/Fun » avec près de 10 minutes d’avance sur Rick van der Sande. Jo Pirotte prend la 3e place.
En Master 1, Kristof Houben a survolé les débats. Il l’emporte devant Gerrit Delfosse et Gery Bradefer. En Master 2, Hans Jurgen Verselder gagne le titre devant Kurt Tempst et Koen Malfliet. En Master 3, le titre revient à Ronny Geerts.
Chez les dames, on croyait Joyce Vanderbeken intouchable, mais dans le dernier tour, Alice Pirard est revenue sur elle !
Mais malgré sa fin de course tonitruante, Alice Pirard reste à la 2e place, moins de 10 secondes derrière Vanderbeken.
Enfin, sur la « petite » distance (2 tours), c’est Gody Jacobs qui s’impose chez les Hommes et Petra Mermans chez les Dames.
Vu le contexte et les conditions très difficiles, il faut saluer le travail de Koenraad Vanschoren et de ses équipes. Grâce à eux, un championnat de Belgique a eu lieu en 2020, et ce n’est pas peu de chose. Hélas, il n’est pas encore certain qu’il y aura encore un BeMC en 2021, comme nous l’explique l’intéressé : « C’était très complexe d’organiser une course en ce moment. Je ne gagne pas d’argent avec ce genre d’organisation. Je l’ai fait pour les coureurs, et visiblement ils étaient heureux. Mais j’aimerais à l’avenir pouvoir compter sur plus de soutien de la fédération, sentir qu’on travaille en partenaires, car ici j’ai hélas eu l’impression que certains officiels sur place ne pensaient qu’à contrôler tout et à compliquer une situation déjà pas simple. Nous devons tous nous serrer les coudes en ces temps difficiles. Heureusement, j’ai pu compter sur le soutien total de la commune de La Roche. Il reste une petite chance qu’il y ait un BeMC en 2021, pour les coureurs, pour cette magnifique région, pour les sponsors qui sont plus que jamais fidèles, mais je veux lancer un signal d’alerte vers la RLVB et la FCWB car il doit y avoir des mesures prises en faveur des organisations et d’un réel travail en partenariat des organisateurs et des officiels, au risque d’en voir beaucoup jeter l’éponge. »
Dommage de terminer sur un bémol, et espérons que l’appel soit entendu pour que tout le monde se mette autour de la table, s’explique et permette que la saison 2021 soit bien celle de la reprise.
Plus d’infos et résultats : https://my.raceresult.com/157738/?lang=fr