Cape Epic 2024 | Le point à la mi-course
Par Léo Kervran -
L’Absa Cape Epic édition 2024 bat son plein ! Les athlètes viennent aujourd’hui de dépasser le stade de la mi-course sur cette épreuve mythique mais rien n’est encore joué au classement général tant la chaleur, étouffante cette année, met à mal les organismes comme les mécaniques. On fait le point sur les évènements et rebondissements de ces derniers jours avant un week-end qui s’annonce chaud… dans tous les sens du terme.
Le peloton du Cape Epic souffre de la chaleur ! Après une édition 2023 très humide, le soleil est de retour cette année et ne fait pas les choses à moitié : plus de 30°C tous les jours, et des pics à 38°C voire 39°C lors de certaines étapes. Face à cela, l’organisation a été contrainte de prendre des mesures drastiques comme raccourcir l’étape de ce jeudi. Présentée initialement comme l’étape reine avec ses 88 km et 3000 m de D+, elle a été revue pour n’afficher « plus que » 73 km et 2250 m de D+.
Un profil à peine moins effrayant mais encore bien copieux, surtout quand les organismes commencent à fatiguer… et encore plus quand le parcours s’aventure dans des passages comme l’iconique descente Cliffhanger, où l’erreur est proscrite ! Toutefois, ça n’empêche pas les équipes de se rendre coup pour coup et dans les catégories reines, il serait encore bien présomptueux de parier sur les duos qui remporteront l’épreuve dimanche. En attendant ce week-end qu’on devine mouvementé, voici la situation au soir de la quatrième étape.
Catégorie UCI Men
Deux minutes : c’est ce qui sépare la première de la deuxième place au sommet du classement général après bientôt 16 h de course. Et les 4 premières équipes se tiennent toujours en moins de 10 minutes !
Après le bon coup de World Bicycle Relief (Nino Schurter et Sebastian Fini) lors du prologue, les choses avaient semblé tourner en faveur de Buff-Megamo (Hans Becking et Wout Alleman) qui avaient enchaîné deux victoires d’étapes pour prendre le maillot de leader à l’issue du troisième jour de course.
S’ils ont laissé échapper une troisième victoire d’affilée mercredi (elle est revenue à l’équipe Canyon Sidi d’Andreas Seewald et Marc Stutzmann), les deux hommes ont tout de même profité des déboires mécaniques de Nino Schurter et Sebastian Fini pour accentuer leur avance.
Ce jeudi, retournement de situation ! Si Becking et Alleman ont essayé de frapper fort d’entrée pour accentuer leur avance, leur tactique s’est retournée contre eux et ils ont dû laisser partir trois équipes : Toyota-Specialized-NinetyOne (Howard Grotts et Matthew Beers), World Bicycle Relief et Canyon Sidi. Un petit problème mécanique n’a rien fait pour arranger leurs affaires et ce soir, ils ne pointent plus qu’à la troisième place du général.
En tête, on trouve désormais Howard Grotts et Matthew Beers ! Devancés sur la ligne par Nino Schurter et Sebastian Fini, les pilotes Specialized récupèrent néanmoins le maillot de leader, pour la première fois cette année. Ils comptent deux minutes pile d’avance sur leurs adversaires du sprint, qui savouraient enfin une journée sans souci mécanique et remontent au classement général : « Nous avons eu trois jours avec des problèmes mécaniques, mais nous avons quand même passé de bonnes journées sur le vélo. Nous nous sommes toujours battus jusqu’à la ligne et nous n’avons pas perdu trop de temps. Tout est encore possible », nous confie en exclusivité le pilote Lapierre. Il poursuit : « Les étapes sont vraiment difficiles, il fait chaud, ce sont de longues journées en selle mais la récupération fonctionne vraiment bien, ça aide beaucoup. J’essaie de rester aussi positif que possible et de voir chaque jour comme un nouveau jour et une nouvelle opportunité. »
Buff-Megamo est donc 3e place du classement général avec 5’03 de retard sur la tête de course. Deux autres équipes sont en embuscade et peuvent encore prétendre à un podium, voire la victoire en cas de renversement de course : il s’agit d’Orbea Leatt Speed Company (Georg Egger et Lukas Baum, en image ci-dessus), les vainqueurs 2022, 4e à 9’33, et de Canyon Sidi, qui s’est imposé sur l’étape de mercredi et occupe la 5e position à 11’36 de la tête. Derrière, on se battra plutôt pour le top 10 : sixième, Wilier Vittoria Factory (Fabian Rabenstiener et Samuele Porro) est à 24’03.
On notera également l’abandon ce soir de Jaroslav Kulhavy. Le Tchèque, associé à Filip Adel pour Superior Lions, évoluait à une belle 15e place mais une chute à 12 km du but aujourd’hui et une clavicule cassée (qui ne l’a pas empêché de terminer l’étape !) ont éteint ses espoirs de voir l’arrivée dimanche. Le premier français est Pierre Billaud, qui fait route avec le Britannique Jason Boutell pour le Schwalbe Syndicate. Ils sont 21e à l’heure actuelle.
Catégorie UCI Women
Qui pourra bien arrêter Anne Terpstra et Nicole Koller ? Le duo Ghost Factory Racing a pris la tête de la course dès le prologue dimanche dernier et ne l’a plus quittée depuis. Et même mieux que ça, puisqu’elles ont remporté les 4 premières étapes et sont donc invaincues pour l’instant.
Malgré ces succès, leur marge de manoeuvre n’est pas énorme : le Cannondale Factory Racing, représenté par la championne du monde de XC Marathon Mona Mitterwallner et la vice-championne du monde Candice Lill, ne pointe qu’à 2’31 et l’équipe Toyota-Specialized-NinetyOne de Sofia Gomez Villafane et Samara Sheppard est en embuscade à 7’56.
Toutefois, il faudra un gros coup de l’une de ces deux équipes pour renverser la situation : pour l’instant, Terpstra et Koller défendent parfaitement leur maillot de leader et se permettent même de gagner quelques secondes chaque jour en distançant leurs adversaires dans les derniers kilomètres ou au sprint. L’étape du jour l’a encore montré, avec une attaque de Samara Sheppard à quelques kilomètres de l’arrivée… qui a finalement été reprise avant la ligne et a dû s’incliner au sprint face aux pilotes Ghost, tout comme le duo Cannondale.
Derrière, c’est une autre course : remontées à la quatrième place aujourd’hui, Léna Gérault et sa coéquipière sud-africaine Haylee Preen (e-FORT | PrivateClientHoldings) accusent plus d’une heure de retard. Dans les prochains jours, elles devront faire attention à la réaction de Vera Looser et Alexis Skarda (Efficient Infiniti SCB SRAM) qui chercheront probablement à reprendre cette 4e place au général, et surveiller un éventuel retour de Natalia Fischer Egusquiza et Irina LuetzelSchwab (Scott Calabandida | Bulls).
Origine x Vojo Connection
Ça se passe plutôt bien pour Rémi et Basile ! Notre duo pointe actuellement à la 30e place du classement général, avec le titre honorifique de première équipe francophone. La chaleur ne les épargne pas mais pour l’instant, ils ont su éviter les mauvaises surprises comme nous l’explique Rémi :
« On a vraiment zéro problème, ni mécanique ni défaillance des bonhommes donc c’est cool. Moi, je souffre un petit peu de la chaleur sur la dernière ou les deux dernières heures de chaque étape. Vu qu’on part tôt le matin, c’est pas trop pénalisant au début mais au départ à 7 h, il fait déjà plus de 20°C et ça monte très vite.
Au niveau de la forme, dans la lignée de l’Andalucia, je suis pas dans une forme olympique mais on s’y attendait un peu. J’ai eu une lueur d’espoir sur les étapes 1 et 2 mais ça n’a pas vraiment duré. Mais bon, on n’est pas non plus à la ramasse et on arrive aussi à se détacher du résultat et à se faire plaisir comme ça, en faisant les étapes à fond quoi qu’il arrive. Basile est bien moins diesel que moi et il est toujours en bonne forme donc ça ça se passe bien pour lui, il marche bien et il me traîne sur le plat. »
« On arrive à se synchroniser maintenant, ça va de mieux en mieux de jour en jour. On s’éclate en descente, quand on regarde un peu Strava on remarque qu’on arrive vraiment à descendre très fort par rapport aux autres donc c’est cool. Les trails sont incroyables, c’est vraiment unique comme parcours, ça peut durer 20 min voire 30 min en descente, beaucoup de flow avec des relevés, des petits sauts, des enchaînements… C’est vachement ludique à rouler, le moral est bon, niveau fraîcheur on n’est pas cassés.
Au général on se stabilise un peu maintenant, il y a des équipes qui sont beaucoup plus fortes que nous qui nous redoublent parce qu’elles ont eu des problèmes sur les deux premières étapes car elles étaient dures pour la mécanique, mais j’espère qu’on pourra remonter encore un petit peu. »
« Quelques anecdotes : hier on a dû mettre une mèche à 5 minutes du départ hier, c’était assez stressant mais on s’en est bien sortis et ça a tenu pendant l’étape. Aujourd’hui on a traversé un troupeau de macaques et on a roulé sur un serpent, c’était marrant aussi, c’était sauvage.
Autre chose, hier à 8 km de l’arrivée je souffrais tellement de la chaleur, j’étais vraiment pas loin de tourner de l’oeil, que j’ai dû m’arrêter dans une ferme et demander à un fermier de me remplir mon bidon d’eau. Je n’aurais pas fini l’étape sans ça. Hier aussi, on a une lubrifié une fourche dans une salle de bain avec des rilsans et de l’huile, c’est la Cape Epic quoi. Tu vois des mecs qui n’arrivent plus à déclipser tellement ils sont fatigués et du coup ils tombent sur le côté dans les bosses, tu en vois avec des cintres cassés en train de réparer sur le bord du circuit… Il y a un peu de tout. »
Autres catégories
Dans les autres catégories, les hiérarchies sont plus claires. En Amateurs Men, les Latvian wannabe pro cyclist (Lauris Purnins et Oskars Muiznieks) mènent la danse avec presque 56 minutes d’avance sur leurs dauphins. En Amateurs Women, Ar&Co (Paula Lopez et Alejandra Cristina Tattenbach Arias) ont presque 45 minutes d’avance et en Mixtes, c’est Toyota Gazoo Racing (Riaan Weideman et Samantha Sanders, en photo ci-dessus) qui dominent les débats, plus d’une demi-heure devant la concurrence.
En Masters Men, les légendes du marathon Karl Platt et Tomàs Misser (Bulls Masters, en bleu ci-dessus) ont 55 minutes d’avance sur leurs adversaires tandis que chez les femmes, les Suissesses Nina Brenn et Barbara Schwarz (Asterix&Cleopatra) disposent désormais d’une marge de sécurité qu’on pourrait qualifier de « confortable » : 2h11 d’avance sur la deuxième place !
En Grand Masters Men, leurs compatriotes Oliver Imfeld et Thomas Jauner (Pedal Project, ci-dessus) ont repoussé leurs adversaires les plus proches à 40 minutes. C’est chez les Grand Masters Women qu’on trouve l’écart le plus important, puisque Toyota Memory Keepers (Hanlie Booyens et Michelle Lombardi) devance les autres équipes d’au moins 6h18, soit plus d’une étape. Enfin, en Great Grand Masters Men, le duo Suisse Meerendal (Barti Bucher et Peter Furrer) est lui aussi solidement installé en tête, avec 1h27 d’avance. On notera la troisième place d’un Français dans cette catégorie, René Vallée, associé à l’Allemand Ralf Kropp sous l’étiquette Forestière & C&C.
Classements complets : epic-series.com