Bourg Saint Maurice – Les Arcs : s’il ne devait y avoir qu’un spot

Par Paul Humbert -

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Bourg Saint Maurice – Les Arcs : s’il ne devait y avoir qu’un spot

Les villes qui peuvent se targuer d’avoir de beaux sentiers sur le pas de leur porte ne sont pas nombreuses. Et celles qui arrivent à y connecter un Bike Park ou des remontées mécaniques depuis la zone urbaine se comptent même sur les doigts d’une main. Nous avons passé du temps à Bourg Saint Maurice et sur le Bike Park des Arcs en bonne compagnie. On vous raconte notre expérience côté nature, côté pistes shapées, et tout ce qu’on trouve entre les deux :

 

On ne va pas vous le cacher, avant que Bourg Saint Maurice nous contacte pour venir approfondir notre connaissance du spot, nous avions déjà un bon nombre de sorties au compteur sur ces terres. Il ne fallait ainsi pas nous pousser pour retourner rouler sur les deux versants de la montagne, et découvrir les multiples visages offerts par la petite ville nichée au coeur de la Tarentaise, en Savoie. 

Quand on parle de Bourg Saint Maurice, impossible de ne pas évoquer directement la station des Arcs qui surplombe la ville et qui fait partie de la même commune. Impossible non plus de ne pas évoquer le funiculaire (pour piétons et vélos) qui relie le centre-ville au pied des remontées mécaniques dans la station. Vous l’aurez compris, la ville s’est développée autour de l’économie des sports d’hiver et étoffe son offre « 4 saisons » ces dernières années. 

Mais aujourd’hui, Bourg Saint Maurice peut voir plus loin, et le vélo fait indéniablement partie des incontournables pour atteindre le modèle « 4 saisons », ou presque, vers lequel beaucoup de stations de montagne aimeraient tendre. 

Avant ce reportage, nous avez pu lire beaucoup de tests qui ont été en partie réalisés sur les sentiers de la commune. À moins d’une heure trente du bureau, on retrouve de nombreuses pistes sur un sol assez favorable et drainant, et surtout, un funiculaire qui accueille les vélos au printemps et à l’automne quand la neige a fondu. Le long de celui-ci se déroule « la 8 », une piste iconique mêlant terrain naturel et sections typées « Bike Park ». Mais avant d’aller retrouver ce grand classique, on a pédalé vers le versant opposé de la montagne, direction le fort de la Platte. 

Bourg Saint Maurice côté sauvage 

Soyons clairs, pour cette découverte des sentiers, il sera difficile d’être exhaustif. C’est d’ailleurs pour ça qu’on retrouve de nombreux guides et moniteurs VTT dans la vallée qui connaissent les sentiers comme leur poche. 

Dans notre cas, on s’est lancé avec Thomas Lapeyrie et son pote Romuald pour une petite mission au coucher du soleil sur les contreforts de la ville. 

On a choisi deux VTTAE Focus Jam2 pour la balade et on a pris la direction du fort de la Platte pour quelques centaines de mètres sur la crête qui domine la ville. On observe la station des Arcs sur le versant d’en face, les sommets du Bike Park et sur notre gauche, le mont Blanc nous observe. 

Le sentier est étroit et fuyant, il faut tenir sa trace mais la vue vaut le coup. Avant le Fort du Truc (ça ne s’invente pas), on bifurque vers le hameau de Granville, presque totalement en ruine, et on descend dans une série de magnifiques mouvements de terrain jusqu’à la ville. Les épingles sont très photogéniques et on en profite pour refaire quelques passages et travailler nos courbes. 

Le soleil est rasant derrière nous en cette fin de journée d’été et on profite autant de la vue que des trails. À cet endroit-là, on est sur les dernières pentes du massif du Beaufortain et non loin de la route du cormet de Roselend, bien connu des cyclistes. 

Les combinaisons de sentiers sont aussi nombreuses qu’on retrouve de hameaux dans la montagne, ceux-ci étant reliés par des chemins centenaires. On a un souvenir marquant d’un beau sentier traversant le cours d’eau de l’Arbonne, mais un pont endommagé nous en empêché d’y retourner cette fois-ci. Voilà une bonne occasion de revenir.

Il ne faut pas discuter longtemps avec un guide de la région pour découvrir tout le potentiel de la face voisine : même si elle abrite le Bike Park, de nombreux sentiers slaloment entre les villages. 

Evidemment, on est à la montagne et il faut être à l’aise dans la pente, mais dans la vallée et en surplomb de l’Isère qui y coule, on retrouve de nombreux chemins moins accidentés. 

On traverse des alpages et on croise leurs habitants. Les forêts de résineux sur les hauteurs offrent un grip parfait et drainent quand il pleut. Des feuillus poussent sur le bas des traces. 

On termine notre sortie au coeur de la petite ville de Bourg Saint Maurice et en cette fin de belle journée d’été, on se dit qu’un verre en terrasse serait agréable. On se retrouve toutefois rapidement coincés par une barrière en travers de la route. Mais à ce moment se met à jouer un groupe de batucada, une fanfare brésilienne, et quelques secondes après déboule un groupe de vététistes dans les escaliers. 

Ils sont une trentaine à se tirer la bourre à l’occasion des « nocturnes des ruelles » qui se déroule chaque été dans les villages alentours. Dans un format « à l’américaine » en relai, déguisé ou non, tout le monde défile devant nous et évite, tant bien que mal, les jets de nos pistolets à eau prêtés pour l’occasion. 

On croise plein de copains, des locaux, les membres des magasins de vélos et des touristes de passage. 

On se retrouve complètement par hasard immergés dans un évènement de VTT dont nous n’avions pas connaissance. Le hasard fait bien les choses, nos batteries de VTTAE sont vides et il fait nuit depuis bien longtemps quand on quitte Bourg Saint Maurice après avoir fini par dîner en terrasse en regardant les vélos passer.

Bourg Saint Maurice côté Les Arcs Bike Park 

Quelques jours plus tard, changement de casting pour partir à la découverte du Bike Park. Pour la journée, on est avec Romain de la rédaction, Simon Hanoux et Morgane Jonnier. 

Le rendez-vous est pris au pied du funiculaire. Un petit café en attendant la prochaine montée dans 30 minutes et on se glisse dans la benne avec les randonneurs et les vacanciers. Quelques petites minutes plus tard, on est au pied du Bike Park, à Arc 1600. 

La station s’étale sur quatre secteurs : Arc 1600, Arc 1800, Arc 1950/2000 et Peisey-Valandry, le village d’à côté, relié par les mêmes infrastructures. 

Au total, on compte 7 pistes balisées « DH », 8 balisées « enduro » et il faut ajouter 6 itinéraires VTTAE/XC. 

La piste noire de Cachette est régulièrement le théâtre de courses de DH, des coupes de France régulièrement et les championnats de France en 2023. La station est ainsi un terrain de compétition, et pour construire cela, elle se repose sur un club : Arc Mountain Bike Club. 

La structure est dynamique, formatrice et on retrouve les groupes de riders sur les pistes du Bike Park quand ils ne sont pas sur les podiums.

Sur le Bike Park, la piste « Legend » est assez centrale dans le cheminement. Même en plein été, elle reste en bon état et pas trop poussiéreuse. On s’amuse à rouler sur toute la partie haute sans toucher aux freins. Cette piste bleue serpente sur les portions ouvertes du Bike Park jusqu’aux remontées d’Arc 1800. 

À cet endroit, on peut filer direction les sommets et la partie la plus rocheuse du Bike Park et rejoindre Arc 1950 et la piste rouge de Yellowstone. Toutes les pistes sont agrémentées de sauts, mais tout est très « safe » puisque les doubles sont clairement indiquées et les tables peuvent se « rouler » sans danger. 

Difficile de ne pas céder au charme de la vue. 

Pendant l’été 2024, plusieurs remontées sont en travaux, il faut donc emprunter de grandes pistes 4×4 pour connecter les tracés qui nous intéressent. Ce n’est pas le plus fun, mais on s’en accommode temporairement. 

Dans un autre style, on file vers la remontée de Vallandry par la Marsupilami et la Woodstock, deux belles pistes bleues, et on arrive sur un de nos coups de coeur : Elle Chablatte. Ça secoue, ça tape, ça va vite, mais qu’est-ce que c’est bien ! Balisée « enduro », c’est un gigantesque champ de racines doublé d’un pumptrack pour vélo à gros débattement. Entre les myrtillers, on adore. 

Notre petit groupe est rejoint par Thomas Gachet qu’on a déjà croisé sur des skis, un crayons à la main, et cette fois-ci au guidon d’un vélo. On enchaîne quelques images sur la piste rouge Rock N’arolles et on observe les passages de Morgane et de Simon.

Tout à coup, quand on se met à parler de la météo, Thomas se fige et comme un bon montagnard, il nous livre son verdict : « Les anciens ont dit : année à 13 lunes, les deux hivers se touchent. » C’est poétique, un peu inattendu, et on y repensera quand le thermomètre sera repassé sous les 25 degrés. 

C’est déjà presque l’heure de repartir, mais impossible de rater « la 8 ». La piste est accessible une grande partie de l’année par le funiculaire et elle s’est refait une beauté il y a quelques mois. On a l’habitude d’y enchaîner les descentes au printemps et à l’automne, mais en été aussi elle sait nous livrer la bonne dose de plaisir ! 

Retour au pied du funiculaire, on passe un petit coup de jet sur nos vélos, et on glisse les pieds sous la table pour un apéro bien mérité. Nos boissons ont un petit goût, celui de la poussière et d’une journée réussie. 

Et plus encore ? 

Nos passages rapides sur quelques pistes et sentiers sont venus compléter notre expérience au départ de Bourg Saint Maurice. La ville s’impose comme un camp de base et le départ d’aventures aux différents visages. La station nous avait jusqu’à présent réservé certaines de nos plus belles et excitantes journées de vélo au printemps et à l’automne quand le funiculaire est la seule remontée mécanique ouverte aux vélos à proximité de la rédaction.

Cette fois-ci, enchaîner les sorties à la pédale et les longues journées en Bike Park nous a permis de prendre conscience que nous n’avons qu’effleuré les possibilités offertes par la région. L’Italie et la Thuile sont tout proches en passant par la Rosière, les sentiers de Tignes/Val d’Isère, de Sainte-Foy-Tarentaise ou de la Plagne ne sont pas bien loin non plus, mais seul Bourg Saint Maurice semble s’imposer comme centre névralgique de tout cela. 

Après notre passage, on s’est posé et on a réfléchi à ce qui rendait l’endroit unique. Une évidence s’est présentée à nous : et si c’était « LE » spot ? Celui qui a tout pour que ça marche : 

  • Plusieurs zones de pratiques : côté Bike Park, côté « sauvage » et tous les sentiers entre ces zones. Il y en a pour tous les styles et tous les niveaux. Piste verte, piste noire, sentier naturel, choisissez ce qui vous plaît. Et si vous en voulez plus, vous êtes juste à côté d’autres très beaux endroits pour aller rouler.
  • Une communauté de pratiquants locaux : un club dynamique et formateur, des locaux qui vivent là toute l’année et pratiquent dès que possible, des gens investis qui ont compris la force des sports « outdoor »… 
  • Des magasins et des services : des magasins de vélo de qualité, des boulangeries, des bars, des restaurants, des hébergements, tout ça existe déjà, dans un cadre plutôt sympa.
  • Une facilité d’accès : par la route évidemment, mais également en train, la station étant desservie par des TGV, à quelques mètres du funiculaire. 
  • Une amplitude de pratiques : dès que la neige fond sur les faces sud et dans les bois, les sentiers sont accessibles. La tendance est malheureusement aux hivers de plus en plus courts, et les pistes les plus basses sont accessibles pendant les trois quarts de l’année. Voilà au moins une raison de se réjouir.

Tout ça mis dans la balance, on se dit qu’en France et en Europe proche, peu de destinations ont un tel potentiel. Toutefois, nous ne sommes pas naïfs et on sait qu’il faut du temps et de l’investissement pour convaincre tous les acteurs d’aller dans cette direction. Pourtant, il est impossible d’ignorer qu’on retrouve à Bourg Saint Maurice tous les ingrédients du succès de destinations comme Finale Ligure en Italie et Ainsa avec la Zona Zero en Espagne.

Plus d’infos : Bourg Saint MauriceLes Arcs Bike Park .

ParPaul Humbert