BMC Speedfox Trailcrew 02 : Fun sous conditions
Par Paul Humbert -
Chez BMC, on sait produire des vélos performants. La marque suisse s’est spécialisée dans la production et la commercialisation de machines très pointues techniquement et affichant la rigueur nécessaire à la performance. Le Speedfox Trailcrew détonne un petit peu dans la gamme des vélos all-mountain/enduro et pour cause, c’est une électron libre. Seul vélo équipé de roues de 27,5 pouces, il a un ADN bien différent. Plus fun, plus orienté loisir mais pas moins bon, vous vous doutez bien qu’il nous a intrigué !
Ce modèle haut de gamme (02), adopte un triangle avant en carbone du plus bel effet aux finitions soignées. Derrière, place à l’alu avec un très court triangle arrière soudé. Sur le papier, le mélange est malin pour trouver un bon compromis entre rigidité, grip et poids. Sur la balance, le Speedfox Trailcrew n’a pas à rougir puisque notre modèle en taille L affiche 12,8kg.
Le cadre développe 150mm de débattement à l’avant comme à l’arrière et il n’en faut pas plus pour le mettre au défis sur nos traces d’enduro, particulièrement quand la marque annonce que : « la famille du Speedfox Trailcrew excelle dès que la pente incline vers le bas. »
Les passages de câbles en interne sont particulièrement soignés et on identifie là tout le savoir faire de la marque. Nous regrettons simplement que les modèles 2016 n’aient pas été dotés de protèges bases et de la protection du tube inférieur qui équipent le modèle 2017.
Un petit marqueur à l’intersection des haubans et de la biellette haute permet de faciliter le réglage du SAG et c’est très appréciable.
Géométrie et Cinématique
Les bases de l’identité des vélos BMC reposent sur certains principes et sur le concept BWC (Big Wheel Concept). Développé autour des roues de 29 pouces, ce concept légitime les géométries « modernes » rendant les triangles avant plus longs, avec des bases plus courtes et le tout combiné à des potences courtes et à un angle de chasse ouvert. En changeant de taille de roue et en souhaitant construire une machine plus « fun », BMC est allée chercher plus loin avec une géométrie plus aggressive.
On retrouve un reach de 455mm en taille L, un stack de 612mm, un angle de direction de 66,5 degrés et des bases de 428mm. Le tube de selle affiche lui un angle de 74 degrés. Le vélo reste relativement équilibré et on ne tombe pas dans l’extrême.
La biellette haute est en contact direct avec l’amortisseur. Une seconde biellette est positionnée juste au dessus du boitier de pédalier et relie les deux triangles.
La suspension baptisée APS (Advanced Pivot System) est utilisée sur de nombreux vélos de la gamme. Elle s’articule dans une cinématique à point de pivot virtuels afin de permettre un fonctionnement optimal sans rogner sur la vivacité et les capacités en relance du vélo.
Maximiser l’efficacité en allant à l’encontre de l’inertie du mouvement de pédalage pour les relances et un taux de compression bas pour laisser circuler l’huile et garder le contrôle, voilà ce que BMC nous promet avec sa suspensions APS. Toutefois, l’adaptation de cette suspension sur le Speedfox Trailcrew s’est faite un petit peu différemment. Pour que le vélo reste « fun » dans toutes les circonstances, BMC a décidé d’allonger son triangle avant et de laisser plus de souplesse à sa suspension. Cela viendra-t-il compromettre le comportement du vélo en montée ?
Équipement
En passant en revue le BMC Speedfox Trail crew, on réalise que pas grand chose n’est à jeter. Côté suspensions, on retrouve une Rockshox Pike RC Solo Air à l’avant. Bien connue de nos services, c’est une bonne base pour évaluer le reste de la monture.
En revanche, quand on se penche sur l’amortisseur Cane Creek DB Inline, les choses sont moins évidentes. L’éventail des réglages est large, ce qui est une bonne chose, mais on pourrait s’y perdre. Afin de partir sur de bonnes bases, on se tourne pour commencer vers les réglages proposés par le fabriquant et la marque (à retrouver ici : http://www.canecreek.com/products/suspension/dbinline/base-tunes ). Ces réglages évolueront légèrement tout au long de notre test pour arriver à un résultat satisfaisant. Quelques jours avant la date de renvoi du vélo, l’amortisseur a décidé que c’en était trop pour lui et il nous a lâché dans une ultime compression.
La transmission est opérée par Sram et son groupe X01, une valeur sûre même s’il fallait de bons cuissots pour emmener le plateau de 34 dents.
Les roues DT Swiss DT E1700 Spline Two ont répondu présentes tout au long du test en offrant un bon compromis entre vivacité et rigidité. Côté pneumatiques, on retrouve les Onza Ibex qui offrent une performance convenable sans toutefois exceller. Proposés en section 2.4, ils bénéficient d’un grand dégagement au niveau du triangle arrière.
On retrouve un poste de pilotage avec un guidon en carbone maison. Spécialiste du matériau, BMC n’a pas à rougir en proposant ces composants, surtout quand on sait que les dimensions du cintre et de la potence sont parties prenantes de la géométrie et du concept BWC comme l’envisage BMC. On retrouve ainsi une potence de 45mm de long et un cintre de 750mm de large.
Pour freiner la machine, des freins Shimano XT ont été sélectionnés et un rotor de 203mm de diamètre a été préféré pour l’avant (180mm à l’arrière).
Sur le terrain
Il n’y a que sur les sentiers qu’on peut vraiment se faire une idée d’un vélo. Pendant l’été, le BMC Speedfox Trailcrew nous a accompagné dans de nombreuses sorties et sur des terrains très variés. Quand la marque nous promet du fun, il est assez simple de savoir si on s’amuse. Alors, est-ce que le BMC Speedfox Trailcrew 02 est fun ? Oui, et non, et voilà pourquoi :
Tout d’abord, on se sent bien sur le Speedfox Trailcrew. La position droite est confortable et le vélo en taille L est très bien proportionné pour notre mètre quatre-vingt trois. Au pédalage, le poids « light » du vélo le rend facile d’accès même s’il a fallu emmener la machine avec son plateau de 34 dents. Probablement moins performant que le Speedfox classique au pédalage, il n’en reste pas moins un bon compagnon pour ceux qui n’ont pas d’ambition face au chrono.
Après avoir paramétré l’amortisseur avec les réglages conseillés, nous avons la sensation de plonger un peu trop vite dans le débattement. La suspension APS du Speedfox se veut plus molle que sa version classique (sur les autres modèles de la marque), mais là c’est trop. On teste différentes pressions et on évolue dans les compressions pour arriver à trouver un meilleur soutien tout au long de la course de la suspension.
Sur les sentiers vosgiens, le BMC est d’une vivacité à toute épreuve. En descente, dans les lacets et en relance, on positionne le vélo avec une grande facilité, il file droit et ses grosses suspensions nous permettent d’avaler le relief avec une grande facilité. La légèreté est vraiment appréciée au moment de bondir sur toutes les aspérités du terrain.
Le vélo ne semble pas trop haut, il tient bien ses lignes et avec son triangle arrière bien compact, on se positionne parfaitement dans les virages. Sur les terrains sinueux et relativement lisses, on s’éclate à son guidon et on se sent en confiance. Tellement en confiance qu’on plonge sans arrière pensée dans les pentes les plus raides.
Là, on sent toutefois que le BMC est un peu moins à l’aise. Si le freinage est au rendez-vous, on manque d’assurance dans la pente et on a un petit peu le sentiment de passer au dessus du guidon. Le vélo reste bien rigide et cette caractéristique appréciée plus haut rend toutefois le vélo un peu plus difficile à maîtriser dans les moments où on aimerait se reposer sur la machine.
L’esprit encore plein de questions au sujet du Speedfox Trailcrew, nous prenons la direction des Alpes au moment de la Pass’Portes. Sur les pistes rapides et raides des stations, le BMC n’est pas à son aise. Il se montre trop rigide et trop léger pour le programme. On manque de grip et on perd en confiance en nous accrochant à son guidon.
Légèrement dépités, nous retournons sur des sentiers moins alpins et nous retrouvons instantanément le vélo fin, léger et joueur que nous avons connu au début du test. Sur nos sentiers de référence, on sent les subtilités de la machine et on prend conscience que c’est réellement pour ça qu’il a été conçu.
Avec son gros débattement, il nous a trompé. Le Speedfox Trailcrew 02 n’est pas l’enduro équipé de roues de 27,5 pouces de la marque mais le gros vélo de « All-Mountain ». Ce BMC permet de s’amuser et de se laisser aller en confiance là où le Speedfox classique sera trop rigoureux et orienté vers la performance. Sur un terrain alpin, raide et caillouteux, il perdra pieds car il sort de sa zone d’expertise. Le débattement, les « petites roues » et les gros freins apportent vivacité et fun aux pratiquants souhaitant booster leurs sorties parfois trop linéaires. Les enduristes purs et durs trouveront dans la gamme Trailfox exactement ce qu’il leur faudra pour laisser parler leurs envies d’engagement.
Verdict
Il nous a fallu du temps pour dresser le portrait de ce BMC Speedfox Trailcrew 02. Avec sa tête de petit enduro, il nous a trompé mais pourtant, la réponse était sous notre nez : c’est un Speedfox. Il est l’évolution « fun » de ce vélo de All-Mountain. Il va piocher chez lui sa légèreté et sa vivacité tout en récupérant certaines caractéristiques techniques du Trailfox. On se retrouve au final face à un hybride qui pourra séduire les amateurs « d’entre-deux » et après son masque retiré, le Speedfox Trailcrew a vraiment su se faire apprécier !