Bike Check | Blind titane : autopsie d’un tandem gagnant
Par Olivier Béart -
Au guidon de leur tandem Blind en titane, Sébastien Roux et Joseph Emelien De Poortere sont les terreurs du Roc d’Azur ! Cette année, ils ont décroché leur 3e victoire consécutive, au guidon d’une machine atypique et exclusive qui mérite bien un petit bike check :
Tout d’abord, l’histoire de la marque Blind est originale, puisque cette marque spécialiste des tandems a été créée par Cédric Vinchon, un cycliste aveugle basé près de Paris. Plutôt spécialisé dans les cadres de route, il s’est lancé plus récemment dans les modèles VTT avec l’aide de Sébastien Roux qui est ingénieur de formation et qui l’a aidé pour la géométrie ainsi que les points spécifiques au VTT. « Nous avons choisi le titane car en choisissant et en assemblant bien les tubes, il y a moyen d’obtenir une excellente rigidité latérale, tout en préservant une bonne filtration des petits chocs à l’arrière ainsi que sur toute la longueur du cadre », explique Sébastien.
Pour ce qui est de la géométrie, le cadre est prévu pour une fourche de 140mm de débattement (une Suntour Auron avec blocage dans ce cas-ci) et l’angle de direction est de 69,5°, ce qui permet de jouer sur le compromis maniabilité/stabilité de l’avant. Ah oui : les roues sont en 29 pouces, ce qui n’empêche pas les bases d’afficher seulement 435mm ! Jusqu’il y a peu, les grandes roues étaient rares sur les tandems car elles accentuaient le côté « camion », mais elles ont aujourd’hui tendance à se généraliser dans ce segment aussi. « C’est un vrai plus côté franchissement, ajoute Sébastien, et avec le boîtier de pédalier haut à l’avant, on ne reste quasiment plus jamais « pendu » sur un obstacle ».
Autre particularité : Joseph, le plus grand des deux, prend place à l’arrière ! « Seb a un meilleur coup de guidon que moi. Même s’il est un peu plus petit, c’est plus logique qu’il pilote et cela me permet aussi de mieux anticiper en descente car je parviens à voir au-dessus de lui. Par contre ce n’est pas facile de trouver un tandem qui accepte cette configuration car l’arrière est quasiment toujours plus petit ou à la même taille. C’est l’avantage de passer par du sur-mesure ».
Au niveau des composants, le tandem est entièrement équipé par Hope. En plus des couleurs qui se relèvent bien l’ensemble par rapport à la sobriété du cadre, le pédalier modulable de la marque anglaise se prête très bien à un usage tandem. Avec un montage original…
En effet, un oeil averti aura remarqué que les deux chaînes se trouvent du même côté, alors que sur la plupart des tandems, il y en a une à gauche (pour faire le lien entre le pilote et le stocker) et l’autre à droite (qui va vers la roue arrière comme sur un vélo classique). « Mettre les deux chaînes du même côté améliore le rendement et c’est plus léger. On a simplement une étoile double avec le plateau côté intérieur à l’avant et deux plateaux à l’arrière. La ligne de chaîne est aussi parfaitement optimisée », souligne Sébastien.
La tension est assurée par des excentriques Co-Motion, une référence en la matière. Et c’est un poste très important puisque Joseph se souvient avoir fini un Roc avec le pédalier presque bloqué : « l’excentrique avait bougé avec les vibrations et notre force de pédalage. La chaîne était tellement tendue qu’on ne savait plus tourner les manivelles à la main. Un cauchemar ! Ici, c’est sans souci ».
Pour une question de fiabilité et d’optimisation de la ligne de chaîne également, la transmission est assurée par un moyeu Rohloff. « En tandem, il se rode très vite et c’est indestructible. Un must » !
Le freinage est confié aux Hope Tech 3 V4 avec disques ventilés en 203mm de diamètre. « C’est un point critique en tandem. On habite Grenoble et on fait chauffer très vite des freins classiques. Quand on ne les fait pas carrément fondre. Ici, aucun souci et je peux freiner à un doigt comme sur un vélo classique. Un gros plus au niveau du pilotage », se réjouit Seb.
Les roues sont signées Duke, sur base de moyeux Hope et de jante en carbone 36 trous obtenues chez un fournisseur asiatique validé par le monteur. Depuis leur passage aux jantes carbone, les deux gaillards soulignent qu’ils ont beaucoup moins de souci de voile et de jantes pliées ou déformées que par le passé. Qui a dit que le carbone était fragile ? Quant aux pneus, ce sont des Specialized d’enduro avec un Butcher bien accrocheur devant et le Slaughter plus roulant derrière ; tous les deux en section de 2.3.
Enfin, les tiges de selle sont des Hope en carbone et les selles des Specialized Power. Et c’est au stocker, à l’arrière, qu’incombe la responsabilité de garder un oeil sur le kilométrage avec un GPS monté sur le tube supérieur. L’ensemble arrive à un poids total de 18kg. En guise de conclusion, Sébastien et Joseph terminent par un petit appel : « C’est dommage qu’il y ait si peu de courses tandem. Mais c’est aussi un peu de la faute des riders car à part le championnat de France ou le Roc Tandem, il n’y a souvent que quelques coureurs au départ des autres courses. On espère que cela change ! Plus on est de fous… »
Plus d’infos : www.blindconcept.fr