BAMS 2024 | Raid des Hautes Fagnes : s’adapter pour exceller
Par Christophe Bortels -
Ce dimanche 23 juin, c’est un monument du marathon belge que l’on retrouvait en guise de 4ème manche du Belgian Ardennes Marathon Series : le Raid des Hautes Fagnes. Autant appréciée que redoutée, l’épreuve a su s’adapter aux très mauvaises conditions météorologiques des dernières semaines pour éviter que les trois distances proposées se transforment en parcours du combattant. Récit d’une belle journée entre Fagnes, racines et passages à gué :
Après avoir pour la première fois pris ses quartiers en centre-ville l’année dernière, le RDHF était de retour au pied de la cathédrale de Malmedy ce dimanche. Un site charmant, et un écrin idéal pour un évènement comme celui-ci… surtout quand il fait beau !
Car oui, une fois de plus la météo était le principal sujet de discussion parmi les concurrents comme les organisateurs. Non pas qu’il allait faire mauvais le jour J, puisque les prévisions étaient parfaites avec un ciel plutôt dégagé et des températures clémentes idéales pour un marathon. Mais parce qu’il a énormément plu les derniers jours et mêmes les dernières semaines, ce qui allait inévitablement impacter l’état du terrain, notamment dans les Fagnes. En conséquence, l’organisation a pris les devants en anticipant les éventuelles portions problématiques (passages trop boueux, gués dangereux, etc) – et en déviant voire même en inversant le sens du parcours à certains endroits, afin que tout s’enchaîne sans encombre, ou presque.
Pour le reste, la formule du Raid des hautes Fagnes ne change pas, avec trois distances au choix : 65 km, 90 km et 115 km (réduit de quelques kilomètres cette année suite aux changements), avec la possibilité pour les participants de la plus longue distance de basculer sur le 90 km en cours de route, après une bonne cinquantaine de kilomètres.
Sur la ligne, on retrouve de grands habitués du BAMS, avec parmi les prétendants à la victoire, le tenant du titre Kevin Panhuyzen, Joris Massaer, Simon Grégoire et ses co-équipiers Maxime Dony (qui a remporté l’Ardennes Trophy il y a un mois) et Sébastien Carabin (vainqueur sur le RDHF il y a deux ans), Thomas Sprengers, Kevin Van Hoovels, les Néerlandais Erwin Bakker et Bas Peters, et bien d’autres.
Un invité de marque au milieu de tout ça : Greg Van Avermaet ! Après une première pige sur un BAMS (Ardennes Trophy) l’année dernière, l’ancien champion olympique sur route reconverti au gravel – il a terminé 7e sur le mythique Unbound Gravel de 327 km il y a quelques semaines ! – a choisi de remettre ça, cette fois sur le Raid des Hautes Fagnes. Inutile de dire qu’il a enchaîné les selfies avant et après la course…
8h57 : la pression monte, dans quelques minutes sera donné le départ du 115 km. On notera le bel hommage rendu à Jean-Marie Alofs, figure sympathique et bien connue du marathon belge, décédé récemment à 54 ans en pratiquant sa passion.
9h, c’est parti ! Pas le temps de rêvasser, on est directement dans le vif du sujet sur ce RDHF avec dès le départ une montée d’un kilomètre et demi pour 150 mètre de dénivelé positif. Le peloton s’étire doucement mais la plupart des candidats à la victoire sont aux avant-postes.
Grâce à une récente coupe à blanc, le paysage s’ouvre déjà au sommet de cette première ascension. Le début d’une belle série de cartes postales !
Parties trois minutes après la première vague dans un box dédié, les femmes en terminent elles aussi avec la première bosse. Et c’est déjà Joyce Vanderbeken qui s’est isolée en tête de la course féminine, dépassant même quelques hommes de la première vague.
KM 12 : la tête de course emprunte pour la première fois de la journée la jolie vallée du Trôs Marets. Dans cinq heures et demie, les premiers repasseront ici, mais dans l’autre sens cette fois.
Un groupe de 9 concurrents s’est isolé à l’avant avec, dans l’ordre, Thomas Sprengers, Joris Massaer, Kevin Panhuyzen, l’Allemand Sascha Starker, Simon Grégoire, Erwin Bakker, le cyclo-crossmen Tom Meeusen, Maxime Dony et Bas Peters.
Comme à l’Ardennes Trophy il y a un mois, les cours d’eau ont été bien gonflés par les pluies récentes, et les passages à gué peuvent s’avérer délicats à négocier si on traverse trop rapidement ou au contraire trop lentement…
Pour le reste, les conditions sont parfaites pour de la longue distance en VTT, le soleil sublimant une nature luxuriante.
KM 21 : situation inchangée à l’avant, le groupe de 9 mène toujours les débats.
Vainqueur sur le Raid des Hautes Fagnes il y a deux ans, Sébastien Carabin est en poursuite derrière le groupe de tête depuis une dizaine de kilomètres. Les Fagnes se profilent à l’horizon !
Greg Van Avermaet compte quant à lui un peu plus de deux minutes et demie de retard sur la tête de course et ne semble pas en mesure de jouer la gagne à ce stade de l’épreuve.
Nous voilà au coeur des Fagnes ! C’est notamment ici que les organisateurs ont procédé à plusieurs modifications de parcours afin d’éviter certaines portions trop humides et boueuses. Le terrain n’en reste pas moins lourd par moments, avec des ornières qui se creusent au fil des passages, mais les risques de galère ont été bien réduits grâce aux changements effectués. Ouf !
Quoi qu’il en soit, on en prend toujours plein les yeux, dans les zones bien dégagées typiques des Fagnes…
… comme dans les petits bois plus bucoliques !
Nous sommes au kilomètres 37, et le groupe de 9 a été réduit à 8 après le décrochage de Maxime Dony.
Encore un passage à gué à négocier, celui de Bayehon cette fois.
Il est toujours amusant de constater les différentes approches face à une traversée comme celle-ci. Certains y vont délicatement, ne sachant pas trop dans quoi ils se lancent, alors que d’autres fendent le ruisseau comme si de rien n’était !
Au kilomètre 61, les concurrents empruntent le toujours impressionnant barrage de Robertville.
Quelques kilomètres plus loin, apparaît l’Allemand Sascha Starker… et il est seul ! A-t-il semé le groupe de tête dans lequel il figurait plus tôt dans la course ? Non, il s’est en réalité rabattu sur le 90 kilomètres en cours de route…
Il est alors suivi par Arthur Courtois, 2e du 90 km mais à plus de 3 minutes du leader. Jadis tracé dans les bois, ce superbe singletrack offre désormais une vue imprenable sur le Château de Reinhardstein. Mais pas certain que les concurrents qui visent la victoire profitent vraiment du panorama.
Alors que la mi-course est passée depuis quelques kilomètres, il y a eu de l’écrémage dans le groupe de tête où ils ne sont désormais plus que cinq : Simon Grégoire, Joris Massaer, Erwin Bakker, Kevin Panhuyzen et Tom Meeusen (suivis ici par un concurrent du 90 km).
Branche 1, chape de dérailleur 0. Fin de parcours pour Maxime Dony, le vainqueur de la dernière manche du BAMS il y a un mois.
Décroché du groupe de tête, Bas Peters vient tout de même à bout de cette portion bien raide et bourrée de racines. Il faut dire qu’à l’occasion de la coupe à blanc, le sentier a été modifié, et qu’il est encore plus technique qu’avant…
Greg Van Avermaet doit quant à lui poser pied à terre à cet endroit, mais qu’importe, il est pour l’instant dans le top 10 ! Il emmène avec lui le Polonais Kryspin Pyrgies et Sébastien Carabin. Mais ce dernier s’est en réalité orienté vers le 90 km plus tôt dans la course suite à une crevaison dans les Fagnes, qui lui a fait perdre trop de temps que pour pouvoir prétendre à un résultat sur la plus longue distance du jour.
KM 81 : après avoir dévalé la Carrière de la Warchenne, les concurrents entament une jolie boucle très sinueuse et bucolique le long du ruisseau de la Warchenne. Décroché, Tom Meeusen est désormais en poursuite derrière le quatuor Panhuyzen / Massaer / Grégoire / Bakker.
Vainqueur autoritaire l’année dernière, Kevin Panhuyzen semble cette fois avoir plus de mal à se défaire de ses concurrents du jour.
Mais il reste encore une trentaine de kilomètres et tout peut se passer !
Nous revoilà dans la vallée du Trôs Marets, mais dans l’autre sens cette fois. Déjà piégeuse en temps normal, cette traversée de rivière l’est encore plus cette année, alors les organisateurs ont pris soin d’orienter les concurrents vers un petit couloir de pierres improvisé sur la droite pour éviter le milieu du cours d’eau plus profond et moins lisse.
Ces précautions n’empêcheront pas bon nombre de marathoniens, sans doute moins lucides en cette fin de parcours, d’aller s’aventurer là où c’est moins praticable…
Il reste moins de dix kilomètres de course à présent, et à cette stade de l’épreuve l’année dernière, Kevin Panhuyzen était seul en tête. Pas cette fois, au contraire, puisqu’il compte une quinzaine de secondes de retard sur le trio composé de Joris Massaer, Simon Grégoire et Erwin Bakker !
Sur la ligne d’arrivée, tout le monde se pose la question : va-t-on assister à un sprint ou un homme est-il parvenu à faire le trou avant ?
C’est un homme seul qui se présente, et c’est Joris Massaer ! Un petit coup d’oeil en arrière pour éviter de se faire piéger dans les derniers mètres…
… et Joris franchit la ligne en premier ! Parti avec Erwin Bakker dans l’avant-dernière montée à quelques kilomètres de l’arrivée, il est ensuite parvenu à distancer le Néerlandais et a ainsi évité une arrivée au sprint, ce qui lui avait coûté la victoire il y a un mois à l’Ardennes Trophy. Il boucle ce Raid des Hautes Fagnes en 5h14 à une moyenne de 21,5 km/h. Pour l’anecdote, c’est le quatrième vainqueur différent en quatre manches sur ce BAMS 2024.
Erwin Bakker et Simon Grégoire complètent le podium scratch et terminent à respectivement 10 secondes et une minute du vainqueur du jour. Se sentant en forme ce dimanche, Simon Grégoire a essayé de partir seul à deux reprises dans la dernière partie de course, mais ça n’a pas fonctionné…
Premier, Joris Massaer s’impose logiquement en Master 1, alors qu’Erwin Bakker l’emporte en Master 2 et Simon Grégoire en Elite.
Pas de doublé mais un passage sur la ligne tout en style pour Kevin Panhuyzen, qui échoue au pied du podium scratch et prend la 2e place en Elite.
Dans le groupe de tête pendant la première moitié de la course voire même un peu plus pour le premier des deux, Tom Meeusen et Bas Peters terminent finalement 5e et 6e.
Derrière Robin Ferket, 7e scratch et 1er Espoir, Kryspin Pyrgies et Greg Van Avermaet terminent quasi ensemble et entrent tous les deux dans le top 10 (8e et 9e). « C’était une belle journée ! Mais c’était très dur, et le niveau est très élevé… », confiait GVA à l’arrivée.
Le top 10 est complété par Pierre Courtoy.
La redoutable Joyce Vanderbeken signe une belle 59e place au scratch et s’impose une fois de plus chez les Dames Elites, tandis que Karen Steurs, 98e, décroche la victoire en Dames Masters.
En Master 3 enfin, la victoire revient à Olivier Kesteleyn, 57e scratch.
Au niveau du classement BAMS, Joyce Vanderbeken occupe logiquement la tête après 4 des 7 manches de la saison dans la catégorie Dames Elites. Les autres leaders sont Danae Stroubouli (Dames Masters), Arthur Courtois (Elites), Alexy Delongueville (Espoirs), Joris Massaer (Master 1), Ramses Bekkenk (Master 2) et Mario Vandenhoute (Master 3).
On signalera aussi les victoires de Sascha Starker et Sara Michielsens sur le 90 km, et celles de Kevin Nyssen et Julia Grégoire sur le 65 km.
Finalement, si les divers aménagements de parcours auront permis d’éviter les plus gros bourbiers, c’est un chemin très boueux en toute fin de parcours qui s’est chargé de repeindre les vélos une bonne fois pour toute…
Clap de fin sur ce 24e Raid des Hautes Fagnes. Après une pause estivale bien méritée de pratiquement deux mois, rendez-vous le 18 août dans la région d’Houffalize pour La Chouffe Marathon !