Test nouveauté | Arc8 Extra 2.0 : l’enduro qui coulisse

Fondée en 2018 par Jonas Müller (ingénieur en mécanique) et Serafin Pazdera (designer), ARC8 est une marque suisse basée à Bâle. Les fondateurs de la marques ont fait leurs armes en travaillant au design et à la conception de vélos d’autres marques, et ils ont ensuite eu envie de donner vie à leur vision du vélo. Si c’est par un modèle route et un VTT trail (Découverte | ARC8 Essential : la quintessence du vélo de trail ?) que l’aventure de la marque a démarré, Arc8 est désormais présente dans le populaire monde du gravel, avec son modèle Eero, ainsi qu’en enduro et cross-country (cf. Nouveauté | ARC8 Evolve FS : vers la fin du downcountry ?) !

Avec la première génération de son modèle enduro baptisé Extra, Arc8 a voulu « créer un châssis amusant offrant pas mal de débattement. On voulait un vélo qui soit stable, agile, léger, abordable et de qualité », explique la marque. « À force de voir des gens prendre part à des compétitions enduro avec ce modèle, cela nous a donné envie de développer une nouvelle génération du modèle Extra qui soit plus adaptée à la compétition tout en conservant son caractère originel », continue Arc8.

Pour 2024, place au Arc8 Extra 2.0 ! Si le châssis semble similaire à la précédente génération au premier coup d’oeil, ce Extra nouveau du nom emporte pourtant diverses évolutions : nouvelle cinématique de suspensions, évolution de la géométrie, possibilité de montage en « mulet », apparition d’une boîte à gants…

Châssis : douce évolution

À l’instar de son prédécesseur, l’Arc8 Extra 2.0 est entièrement construit en carbone. La marque suisse est transparente quant au poids de son cadre qui pointe à 2550 g avec amortisseur. Pour le détail, le cadre brut pèse 1545 g, ce à quoi il faut rajouter la peinture (95 g), la glissière de la suspension arrière (155 g), le cache de la boîte à gant (50 g), les diverses protections (55 g), l’amortisseur Fox Float X Factory (525 g) ainsi que les accessoires divers tels que la patte de dérailleur, le serrage de tige de selle, etc. (125 g).

C’est un concept qui a le vent en poupe de nos jours : la marque suisse a intégré une boîte à gants au sein du tube diagonal. « C’est un point qui a été aussi challengeant que le développement du cadre complet. Après plusieurs itérations, nous sommes parvenus à une trappe résistante aux intempéries et à l’usure » détaille la marque. Au moment de la découverte du vélo, et de cette photo, la trappe était « factice » et matérialisée par cette impression 3D.

Par contre, Arc8 a préféré se détacher de la solution du passage des gaines au sein du jeu de direction que l’on retrouvait sur la première génération de l’Extra, et opte pour une entrée plus classique au niveau du haut du tube diagonal. Voilà qui résonne avec la philosophie de la marque d’offrir un vélo qui se veut simple et facile à entretenir.

L’Extra 2.0 est équipé de série d’un minimaliste anti-déraillement (absent de notre vélo de test), d’une protection couvrant le bas du tube diagonal et le dessous du boîtier de pédalier, ainsi qu’une protection de la base côté transmission.

Géométrie : cap sur la compétition

Avec le désir de créer un châssis davantage typé « race » que la précédente génération, la marque de suisse a augmenté le reach (476 mm en taille M, au lieu de 465 mm) ainsi que les bases arrière (445 mm en taille M, au lieu de 430 mm). L’angle de selle évolue également et passe de 76° sur le Extra premier du nom à 78,5° sur cette seconde génération, de quoi offrir une meilleure position au pédalage. Plus important que ces chiffres pris individuellement, Arc8 a fait le choix d’adapter la géométrie de chaque taille de cadre, afin d’offrir le meilleur équilibre pour chaque morphologie. Retenez toutefois que la marque taille plutôt grand.

« Pour répondre à la tendance des manivelles courtes, nous avons choisi une hauteur de boîtier de pédalier légèrement plus basse pour que vous vous sentiez vraiment dans le vélo et non pas simplement sur le vélo », détaille la marque suisse.

L’Arc8 Extra 2024 est équipé d’un flipchip permettant de passer d’un montage en roues de 29″ à un montage « Mulet » (à savoir une roue de 29″ à l’avant, et une roue de 27,5″ à l’arrière), et ce sans compromettre la géométrie ou la hauteur du pédalier. Le seul changement se trouve du côté de la longueur des bases qui se raccourcissent de 12 mm. « En position haute (27,5″), le vélo prend un caractère légèrement plus ludique, tandis qu’en position basse (29″), il devient une machine (de course) absolument efficace » explique la marque.

Suspensions : curieux système à glissières

S’il ne fallait garder qu’une seule nouveauté sur cette seconde génération de l’Extra, ce serait inévitablement celle-ci ! Le modèle enduro abandonne son traditionnel basculeur pour reprendre le curieux système à glissières inauguré sur le modèle cross-country de la marque, l’Evolve FS (cf. Nouveauté | ARC8 Evolve FS : vers la fin du downcountry ?). Il s’agit là de deux plongeurs qui remplacent la biellette. D’ailleurs, les matériaux et traitements sont identiques à ceux d’une fourche ou d’un amortisseur, tant pour les deux plongeurs que pour les bagues de guidage.

L’autre aspect avantageux, selon la marque, d’un tel système est la capacité à faire varier les différents facteurs (progressivité, course, anti-squat. Cf. Petit lexique illustré du VTT : toutes les clés pour comprendre) indépendamment l’un de l’autre : le déplacement des glissières vers le haut ou le bas fait varier la course ; l’angle des glissières influence la progressivité, tandis que le déplacement du point de pivot principal modifie l’anti-squat.

L’Arc8 Extra 2024 accepte tant les amortisseurs à air que ceux à ressort. « La progressivité du système à glissières le rend parfaitement compatible avec les amortisseurs hélicoïdaux… Les caractéristiques positives en sont même renforcées », nous glisse la marque.

Pour Arc8, c’est une manière de travailler  « en ligne » avec les forces qui poussent « droit » dans la suspension et sans le bras de levier d’une biellette. Côté rigidité, les points de pivots supplémentaires ayant été supprimés, c’est tout le triangle arrière qui l’assure. Pour Arc8, des tubes plus gros auraient apporté trop de rigidité, et cette construction « fine » mais monobloc offre juste ce qu’il faut.

La marque annonce avoir fait un travail tout particulier sur sa construction carbone avec, malgré la finesse apparente, des sections du cadre offrant près d’un centimètre d’épaisseur.

Équipements du Arc8 Extra 2.0

C’est dans sa version « Extra Coil XT » que la marque nous a confié un Arc8 Extra le temps de notre prise en main. Dans cette itération, Fox s’occupe des suspensions avec un amortisseur DHX2 développant 165mm de débattement et une fourche Float 38 Factory Grip 2 de 170 mm.

Du côté de la transmission, c’est un groupe Shimano XT que l’on retrouve avec une cassette 10-51 et des manivelles en 165 mm de longueur.  Le freinage est du même acabit avec une paire de Shimano XT à quatre pistons, associée à des disques avant/arrière de 220/203 mm.

Le train roulant est composé de DT Swiss EX 1700 Spline, chaussées de pneumatiques Maxxis Assegai (gomme MaxxGrip et carcasse Exo+) en 2.5 à l’avant et Maxxis DHR II (gomme MaxxTerra et carcasse DoubleDown) en 2.4 à l’arrière. Pour rappel, les nuances entre les différents profils, gommes et carcasses de chez Maxxis sont expliquées juste ici : Maxxis : le guide complet de la gamme de pneus trail / enduro

Le poste de pilotage est un RaceFace Turbine R, avec un cintre de 800mm et une potence de 40mm. Pourquoi un cintre aussi large ? La réponse est ici : Coupez votre cintre, vous nous remercierez ! Pour le reste, la tige de selle est une Fox Transfer Factory, la selle une Ergon SMC10 et les poignées des Ergon GD10.

Versions, tarifs et poids du Arc8 Extra 2.0

Au-delà de notre version Coil XT commercialisée à 7499€, quatre autres montages de cet Arc8 Extra sont au catalogue de la marque. Une option « cadre seul » est également proposée par Arc8 à son catalogue au prix de 3399€. Ce modèle enduro est disponible dans trois coloris différents, à savoir « Rouge Rubis », « Vert Pale » et « Gris Souris »

Arc8 Extra 2.0 : le test terrain

Notre prise en main de l’Extra, deuxième du nom, s’est déroulée dans le Beaufortain. Nous avons dans un premier temps découvert le vélo en compagnie de son concepteur, Serafin Pazdera, pour ensuite grimper à son guidon en compagnie de Nicola Rohrbach, un excellent marathonien, aujourd’hui vététiste polyvalent travaillant avec la marque.

Au programme, deux « Vachette », une « Officieuse », soit un savant mélange de portions rapides et parfois défoncées, et d’épingles très lentes.

Sur le vélo, pour 75kg environ, on installe un ressort très léger de 275 lbs/in. Le ratio de suspension de cet Extra est très bas, ce qui pousse à l’utilisation de ressorts plutôt « lights » ou de pressions faibles. Cela implique également qu’il faut que l’amortisseur puisse offrir un rebond assez rapide. Avec un ratio qui commence à 2.4, on sort de la norme, et il faut que les amortisseurs soient adaptés à ce vélo. Attention donc en cas d’achat « aftermarket ».

On pédale peu, mais les quelques mètres qui nous séparent du sommet s’engloutissent assez facilement. Le vélo semble léger, la position est bien droite, c’est agréable.

En taille L, le vélo est long pour la catégorie, mais on s’en accommode la majeure partie du temps. En nose-turn dans les épingles les plus serrées, la roue arrière vient parfois frotter derrière nous, mais le vélo reste équilibré. Il faudra toutefois être attentif au choix de la taille pour cet Arc 8 Extra.

Côté ressenti, on découvre un vélo au confort ferme, mais qui offre une belle lecture de terrain en début de course. Les tubes fins du cadre, le poids du vélo et sa maniabilité laissent penser à un gros vélo de all-mountain, mais le Arc8 Extra continue d’encaisser dans les portions les plus cassantes sans changer de ligne. Au freinage, le vélo reste précis et on gagne en confiance.

La rigidité semble bien dosée et le vélo est maniable. La suspension paraît plutôt linaire, mais on ne ressent de choc en butée. Une fois en confiance avec le grip, le vélo est assez lisible et on se surprend à jouer avec assez rapidement.

Verdict

L’Arc8 Extra, version 2024, réussit à « s’enduriser » en proposant une plateforme qui encaisse plus, tout en conservant un caractère léger et facile. Son système de suspension devra continuer de faire ses preuves pendant un essai longue durée, mais il a retenu notre attention. Il y a fort à parier qu’en fonction du montage du vélo, il pourra présenter différentes facettes pour s’adapter à son pilote et à son terrain, et c’est simplement ce qu’on demande à un vélo d’enduro.

Pour plus d’informations : https://www.arc8bicycles.com/bikes/mountain