Amblève Légende Enduro 2017 : le sacre de Martin Maes
Par Olivier Béart -
Connu et reconnu pour être éprouvant, technique et exigeant, l’enduro de l’Amblève 2017 a une fois encore fait honneur à son statut d’épreuve atypique sur la scène belge. Il faisait aussi office cette année de championnat de Belgique et dans ces conditions, ce n’est pas une surprise de retrouver un Martin Maes au sommet de son art sur la première marche du podium. Récit d’une journée ensoleillée sur les pentes des magnifiques vallées de l’Amblève et du Ninglinspo.
Dès la première spéciale, le ton est donné et après une première partie plutôt ludique et roulante, une grosse cuvette donne le ton. Ca glisse et il faut enchaîner directement avec un passage à gué puis une remontée. Pas facile et même le grand Martin se fait surprendre.
A sa suite, les glissade s’enchaînent, heureusement sans gravité.
Le public est venu en nombre et met l’ambiance… avec une mention très spéciale pour les Superbikers/Lacs de l’Eau d’Heure qui, en plus d’amener une belle brochette de pilotes sur les enduros, font aussi le déplacement en nombre pour mettre le feu sur les bords de la piste.
Bobaf, Porallée : les deux premières spéciales sont connues.
La troisième, la Hé des Graviers, est par contre toute nouvelle. Avec ses pierriers, elle va occasionner un beau paquet de crevaisons.
Enfin, côté crevaisons, tout le monde n’est pas logé à la même enseigne. Jean-François n’a pas eu de souci avec ses pneus en 4.8 de section ! Et il est la preuve que « même en tout rigide, ça passe » !
Daniel Prijkel, un des favoris, en a par contre fait les frais. Il parvient à réparer mais il arrive en retard au départ de la spéciale suivante et écope d’une pénalité qui l’éloignera de tout espoir de podium. D’autres subiront le même sort…
La Dément-Ciel qui suit a encore une fois fait des dégâts. Déjà responsable de pas mal de casses l’an dernier, elle a une nouvelle fois mis les organismes et le matériel à rude épreuve. C’est ici que Caroline Soussigne, gagnante de la Belgian Enduro Cup en 2016, a jeté les gants après une grosse chute en tentant de dépasser une autre concurrente.
Outre les soucis mécaniques, beaucoup de pilotes ont choisi d’abandonner en cours de journée ou de sauter volontairement certaines spéciales qu’ils ne sentaient pas. Sur 300 partants, 113 ne verront pas l’arrivée ou seront disqualifiés pour ne pas avoir roulé toutes les spéciales. Certains diront que l’Enduro de l’Amblève va trop loin, alors que d’autres prennent leur pied en se surpassant et en sortant de leur zone de confort. Tout est question d’équilibre.
Au sein même de Vojo, dont plusieurs membres de l’équipe et de testeurs ont pris part à la course, les avis divergent. Mais au final, quand on fait la synthèse, on se dit que la solution réside peut-être simplement dans une meilleure signalisation des principales difficultés (les marches notamment) et des « chicken ways », toujours présents quand il y a quelque chose de très engagé mais pas toujours bien visibles. Sans perdre son âme et devenir fade, voilà sans doute une piste d’amélioration pour 2018.
Retour à nos spéciales, dans la fameuse Golden Strike avec sa dalle qui a encore une fois ravi les pilotes/spectateurs… et que de plus en plus de monde ose aujourd’hui passer car elle est en effet plus impressionnante qu’autre chose.
Le retour au coeur de la vallée du Ninglinspo a cette fois été scindé en deux avec la Drouet, rapide, sinueuse et pas trop technique en guise de spéciale 6…
…Avant d’enchaîner par un portage pour rejoindre le sommet des Roches Crahay et enchaîner avec une SP7 très pentue qui a donné pas mal de fil à retordre à beaucoup de pilotes.
Enfin, la fameuse spéciale show légèrement remaniée a encore une fois offert du beau spectacle au très nombreux public qui avait fait le déplacement…
… avant d’enchaîner directement sur la non moins célèbre spéciale 9 autour du camion Chimay !
La course en tête
Le classement ne laisse aucun doute : Martin Maes est dans une très grande forme. Il le dit lui-même : « Je ne me suis jamais senti aussi fort et autant en confiance qu’actuellement ». Et ça se voit : même si le niveau belge n’est pas celui d’un EWS, remporter tous les temps scratches du jour et s’imposer avec quasiment 2 minutes d’avance sur son dauphin (qui n’est quand même pas n’importe qui), c’est tout de même un bon indicateur.
De quoi se mettre en confiance en vue de l’EWS de Madère tout proche ? « Le début de saison a été compliqué avec des conditions climatiques dantesques sur les premières manches. A Madère j’espère qu’on pourra rouler sans pluie. Je pense que c’est un tracé qui peut bien me convenir… »
Venir à l’Amblève est-il une bonne préparation pour ce genre de rendez-vous mondial ? « Oui, clairement. Les spéciales sont très exigeantes. Je comprends que cela soit too much pour certains mais pour ma part je trouve qu’on a de la chance d’avoir une telle épreuve en Belgique. Je respecte la demande des organisateurs de ne pas venir rouler sur les spéciales en dehors de l’enduro mais c’est dur. J’aimerais venir m’entraîner ici toute l’année et ce serait super s’il y avait des traces permanentes. Et pourquoi pas aussi rêver d’accueillir un EWS ici… »
Derrière Martin Maes, si on s’en tient uniquement aux chronos réalisés sur les spéciales, on aurait pu retrouver Johnny Magis. Mais le pilote du team GT-Wallonia a écopé d’une pénalité de 3’30 » pour avoir pris le départ d’une spéciale un peu au-delà de l’horaire prévu. « Tant de sacrifices et d’entraînement pour en arriver là, surtout quand on travaille et qu’on a une famille à côté, c’est vraiment triste », pestait Magis à l’arrivée. Mais, championnat de Belgique oblige, le règlement a dû être appliqué à la lettre alors qu’en enduro on est habitué à un traitement plus « humain » de ce genre de cas. Dura lex sed lex…
Sur la deuxième marche du podium, c’est donc Julien Soussigne qu’on retrouve ! Vainqueur de la Belgian Enduro Cup 2016 et actuellement en tête du classement 2017 après deux manches, le SuperBiker continue de se positionner comme une des références de la discipline. Et il entraîne pas mal de ses coéquipiers dans son sillage car vous allez encore voir beaucoup de maillots bleus et rouges avec un grand « S » sur la poitrine dans ce portfolio !
Ah tiens, qu’est-ce qu’on vous disait : il ne faut pas aller chercher bien loin pour retrouver un autre SuperBiker dans le classement. Venu du XC, Loïc Maryns ne s’est mis sérieusement à l’enduro que cette saison… mais on l’a déjà retrouvé sur le podium de la première manche de la BEC au Mont de l’Enclus et il signe aujourd’hui une superbe 3e place au général et en catégorie Elite.
Très doué techniquement, il prouve que la polyvalence des jeunes bikers passés par les écoles de vtt leur permet de briller dans n’importe quelle discipline.
Ancien champion de Belgique de descente, Bertrand Gilles s’est reconverti pleinement à l’enduro la saison dernière. Sous ses nouvelles couleurs du team J&Joy/Velodream, il prend la 4e place après une course très régulière.
A la 5e place, on retrouve encore un SuperBiker, Nicolas Daniels, lui aussi très constant dans ses chronos au fil des spéciales.
Gilles Franck signe une magnifique course : à seulement 17 ans, il remporte non seulement le titre et la catégorie Junior, mais il termine aussi à une très belle 6e place au général !
Tom Maes (photo) et Bastien Renard, tous deux coéquipiers de Gilles Franck au sein du team GT Wallonia, prennent les 7e et 8e places.
Si on connait le talent de Tom depuis longtemps, Bastien Renard signe ici une performance de choix à seulement 19 ans. Si l’âge lui apporte la constance qui lui a parfois manqué par le passé, il faudra compter sur lui à l’avenir.
Belle surprise aussi du côté de Nicolas Mertz, qui était coureur sur route avant de mettre sa carrière entre parenthèses cette saison : alors qu’il s’est acheté son premier vélo d’enduro en janvier et qu’il s’élançait avec le dossard 285 (juste derrière son pote Pieter Geluykens qui a aussi signé quelques beaux chronos avant d’abandonner sur casse), il termine à une exceptionnelle 9e place !
Signalons aussi que beaucoup de Français avaient fait le déplacement et le premier d’entre eux est Simon Maille du Semoy VTT Club. Parmi les favoris, outre Daniel Prijkel qui a écopé d’une pénalité de 6 minutes, signalons aussi l’abandon du vainqueur de l’an dernier, Olivier Bruwiere, suite à une bête petite chute dans la SP1 qui lui a occasionné des douleurs à la jambe. Quant à Jan Denuwelaere, la star du cyclocross qui avait déjà fait sensation sur cet enduro les années précédentes, il ne s’est pas présenté au départ.
Les Masters
Les catégories Master sont souvent une histoire de potes qui se tirent la bourre. Et malgré le maillot de champion de Belgique à la clé, l’Amblève n’a pas dérogé à la règle. A ce petit jeu, c’est Pavel Van Oost, l’emblématique organisateur de la première manche de la BEC au Mont de l’Enclus, qui s’impose en prenant la 10e place scratch.
Derrière-lui, Jean-François Krier ne roule pas souvent en compétition mais ça ne l’empêche pas de rouler très vite. Il est vice-champion.
Toujours très à l’aise quand le terrain est exigeant, notre pilote testeur Nicolas Casteels a beau avoir signé 6 des 8 meilleurs temps, des soucis de chaîne dans la première spéciale et une crevaison dans la SP3 (où cette image a été prise) l’ont empêché de décrocher la victoire en catégorie Master. Il termine néanmoins 3e en Master et 13e au général.
En Master 2, c’est Xavier Bodeux qui l’emporte malgré, lui aussi, un souci dans la première spéciale où il ne signe que le 104e chrono.
Il devance le Néerlandais Herman Hylkema et Kris Hertsens.
En Master 3, l’inusable Fred Van de Weerdt s’impose très largement en prenant la 28e place scratch.
Il devance l’ancien traceur de l’enduro de l’Amblève, Joël Renard (photo) et le leader provisoire de la Belgian Enduro Cup Gilles Desagher.
La jeunesse
Nous vous avons déjà parlé de l’incroyable 6e place de Gilles Franck, qui montre que la relève est là et bien là !
Pas très loin, à la 11e place, Sam Welsch fait honneur à ses nouvelles couleurs très flash du team J&Joy !
A la 3e place en Junior, on retrouve (encore) un SuperBiker avec Pierre Van den Bulcke.
Leader de la Belgian Enduro Cup en Cadet, Jonas Debois confirme son leadership et prend une très belle 23e place scratch à seulement 16 ans.
Il devance Maxime Legrand et Gilles Scholtes qui, pour la petite histoire, disputait son premier enduro et était aussi le plus jeune participant (15 ans).
A vous mesdames !
Alexandra Marchal confirme, comme Martin Maes, son statut de leader de l’enduro belge. Pourtant, les choses n’ont pas été faciles pour elle !
« J’ai cassé mon galet de dérailleur en début de course ! Cela ne m’était jamais arrivé. J’ai pu terminer la spéciale et réparer mais je n’avais pas le bon galet alors mes vitesses sautaient régulièrement. C’était galère. J’ai aussi trouvé le parcours très dur, parfois trop et limite dangereux. J’aime bien rouler ici, mais je comprends que ce soit trop dur pour beaucoup. Il y aurait un peu plus de flow, je crois que ce serait encore mieux et très apprécié. »
Si Alexandra Marchal s’impose, Camille Maes a fait forte impression. A seulement 16 ans, elle est 2e scratch… et à voir ses choix de lignes aussi osés que décidés, on se dit que d’ici quelques années on pourrait bien la voir à très haut niveau comme son frère. Bon sang ne saurait mentir !
Kristien Nelen complète le podium devant Evelien Hofmans qui remporte le combiné enduro+XC disputé sur les deux jours du week-end (Julien Soussigne gagne chez les hommes devant Nicolas Casteels).
E-bike
Née l’an dernier, la catégorie e-bikes a démarré doucement sur quelques manches de la Belgian Enduro Cup. Aujourd’hui, elle est généralisée à l’ensemble du challenge et elle a rencontré un beau succès à l’Amblève. La barre des 10 devrait bientôt être dépassée (d’ici Bouillon ?). Malgré des côtes froissées, Jeffry Goethals, le fer de lance de la catégorie, s’impose et prend la 64e place au général.
Les podiums
Voici les podiums de toutes les catégories avec leur magnifique coupe… un verre de Chimay unique gravé au nom de l’Amblève Légende Enduro !
On en termine avec une photo de famille des forces vives de cet enduro mythique qui posent en compagnie de Martin Maes. Vous adorez les détester pendant que vous souffrez sur le vélo, mais sans eux, le vtt en Belgique ne serait pas ce qu’il est. Si vous avez des suggestions ou des remarques, n’hésitez pas à leur faire parvenir (via la page Facebook de l’événement par exemple), cela les aidera à améliorer cette épreuve phare du calendrier.
Rendez-vous en 2018 !
Tous les classements et résultats du championnat de Belgique sont disponibles ici : www.vojomag.com/news/martin-maes-champion-de-belgique-a-lambleve