Achat de vélo d’occasion, le guide !
Par Léo Kervran -
Ah le printemps, les sentiers à nouveau en bon état, les premières belles journées ensoleillées, le retour des randos ou compétitions tous les week-ends… Et peut-être l’envie de changer de vélo ! Le début de saison est un bon moment pour changer de monture et si vous êtes dans ce cas, il est possible que l’occasion vous attire. C’est un marché très actif en VTT et, qu’il vous intéresse pour des raisons éthiques ou budgétaires, le résultat est le même : un tel achat ne s’improvise pas et il y a quelques précautions supplémentaires à prendre par rapport à celui d’un vélo neuf. Pour éviter les mauvaises surprises, voici notre guide de l’achat d’occasion, du premier message jusqu’au paiement et au retour avec votre nouvelle monture !
C’est une évidence mais, si un vélo vous intéresse, le processus d’achat commence dès la prise de contact avec le vendeur. Plus vous pourrez réunir d’informations précises sur le vélo (année si ce n’est pas précisé dans l’annonce, éventuelles modifications de l’équipement d’origine, entretien…) et de photos, mieux c’est. Un vendeur qui ne peut pas vous fournir ces informations doit être évité.
La présence de facture est un bonus mais leur absence ne doit pas être rédhibitoire. Le vendeur peut avoir acheté le vélo d’occasion et fait l’entretien lui-même, ce qui fait qu’il ne pourra fournir aucune facture mais cela ne signifie pas que le vélo est volé ou en mauvais état.
L’inspection du vélo
Le premier contact par message ou téléphone s’est bien passé, vous avez convenu d’un rendez-vous avec le vendeur et maintenant, ça y est, le vélo de vos rêves est devant vos yeux ! Il est temps de passer à la deuxième phase, l’inspection du vélo. La plupart des vendeurs sont de bonne foi mais cette étape est néanmoins essentielle car les photos ne rendent compte que de l’état esthétique du vélo, pas de son fonctionnement. Avec une bonne inspection, vous vous mettez à l’abri des mauvaises surprises pour plusieurs mois.
Le cadre
Une rapide inspection générale de l’ensemble permet de s’assurer que le vélo est bien conforme aux photos et qu’il n’y a pas de poc ou de défaut esthétique majeur. Ensuite, il faut inspecter les zones de fortes contraintes et elles sont nombreuses sur un VTT :
- toutes les jonctions de tubes et les soudures sur un cadre en acier/aluminium/titane. N’hésitez pas à utiliser une petite lampe pour bien faire ressortir les moindres défauts.
- dans le cas d’un vélo qui joue sur la flexion des bases ou des haubans pour le fonctionnement de la suspension ou le confort, inspecter les zones de flexion et leurs alentours.
D’autres parties du vélo, moins exposées aux contraintes, sont également des points chauds et doivent être vérifiés impérativement :
- le boîtier de pédalier et le bas du tube diagonal, très exposés aux chocs
- les bases et haubans au niveau du passage de roue arrière, qui peuvent être creusés et usés suite à l’utilisation d’un pneu trop gros pour le vélo. Rien de grave si la peinture est un peu effacée mais si le cadre est attaqué, passez votre chemin
- la base et le hauban droit qui peuvent être usés par les chocs ou les remontées de la chaîne
Les suspensions
Ici, on commence par s’assurer de l’absence de poc sur les plongeurs et du bon état des joints. Il faut ensuite vérifier le bon fonctionnement de tous les réglages de la fourche et de l’amortisseur : rebond, compression et blocage. Sur un tout-suspendu, il faut aussi vérifier que les roulements de la suspension sont en bon état. Pour ce faire, levez légèrement le vélo en le prenant par le tube de selle uniquement. Si vous sentez que le vélo suit le mouvement en plusieurs « étapes », c’est qu’il y a du jeu quelques part et probablement des roulements à changer. Tout doit venir ensemble, en un seul bloc.
Si tout est en bon état et réagit comme attendu, vérifiez auprès du vendeur que l’entretien a été fait régulièrement, c’est-à-dire une fois par an minimum. Si ce n’est pas le cas il faudra vous en charger vous-même, ce qui entraîne un certain surcoût. Enfin, demandez aussi au vendeur s’il a modifié ses suspensions avec des tokens. Cela ne change rien pour le prix mais il faudra en tenir compte lorsque vous ferez vos propres réglages sur le vélo, si vous l’achetez.
La transmission
Comme pour le cadre ou les suspensions, la première chose à faire est d’évaluer l’état des différentes pièces pour s’assurer qu’il n’y pas de gros dégâts : usure du plateau, de la cassette ou des galets de dérailleur, dent manquante… Les coups et marques sur le dérailleur arrière sont courantes et ne doivent pas vous affoler, tant que son comportement n’est pas affecté il n’y a rien de grave. L’étape suivante, c’est de vérifier les réglages de la transmission en testant le passage de tous les rapports dans les deux sens, voire en croisant un peu la chaîne si le vélo est équipé d’une transmission en double plateau. Si tout ne fonctionne pas, cela peut signifier que la patte de dérailleur est tordue, qu’un composant est usé ou que le câble coulisse mal, des éléments qui peuvent faire baisser le prix.
Nous vous conseillons ensuite de vérifier l’usure de la chaîne avec l’outil adapté. Si vous n’en êtes pas équipé, ça coûte une dizaine d’euros et c’est quelque chose qui vous sera toujours utile, ce n’est pas un achat perdu. Inspectez également les gaines (coudes, coupures…) et demandez de quand date le dernier changement de câble et de gaines. Un câble changé tous les ans est signe d’un bon entretien du vélo. Enfin, on finira par tester les roulements du boîtier de pédalier pour s’assurer qu’il n’y a pas de jeu et qu’ils ne « grattent » pas.
Les freins
Pour les freins, après s’être assuré de l’absence de fuite on vérifiera l’usure des plaquettes (ne pas hésiter à enlever les roues) et des disques. L’usure des disques peut être assez difficile à évaluer s’ils ne sont pas neufs et un pied à coulisse pourra vous être utile. En effet, chaque fabricant a sa propre limite d’usure et ce qui est valable chez Shimano ne le sera pas chez Magura par exemple. L’épaisseur minimale est parfois inscrite sur une branche du disque et si ce n’est pas le cas, on peut la retrouver dans le manuel de l’utilisateur correspondant au frein. Voici celles des principales marques du marché :
- Formula : 1,75 mm
- Hayes : 1,7 mm
- Hope : 1,4 mm si le disque est en 140 ou 160 mm – 1,5 mm si le disque est en 180 mm ou plus – 2,9 mm si c’est un disque ventilé (en deux parties, comme sur une voiture)
- Magura : 1,8 mm
- Shimano : 1,5 mm
- Sram : 1,55 mm
Autres éléments à tester, les réglages (garde et éventuellement point de contact) et dans le cas d’un montage Postmount, l’état des pas de vis. Un pas de vis abîmé ou un insert qui se décolle (cadre carbone), c’est un étrier mal serré sur le cadre, quelque chose qui peut vite devenir dangereux. Pour vérifier un pas de vis, vous pouvez dévisser et revisser la vis ou, plus simplement, essayer de la serrer. Si elle est déjà en « butée », tout va bien mais si elle tourne dans le vide, c’est plus embêtant et il vous faudra probablement passer votre chemin.
Le train roulant
Avant-dernier point à examiner, les roues et les pneus ! Ici, on regardera l’état des jantes (pas de saut, de voile ou de plat), du rayonnage (pas de rayon manquant ou tordu, pas de rayon exagérément tendu ou détendu par rapport aux autres) et l’usure des pneus, aussi bien sur la bande de roulement que sur les flancs. Comme pour le boîtier de pédalier, l’état des roulement est également un point à vérifier. Si ce n’était pas indiqué dans l’annonce, pensez aussi à demander si les pneus sont montés en tubeless ou en chambre à air. Le type de montage ne fera pas varier le prix mais c’est quelque chose dont il faudra tenir compte au moment d’aller rouler.
Les périphériques
Enfin, on terminera l’inspection par un tour des périphériques : usure de la selle et des poignées, fonctionnement de la tige de selle si elle est télescopique, état du jeu de direction… Si vous en avez la possibilité, s’assurer que les couples de serrages préconisés sont respectés est une bonne chose, surtout si le vélo compte quelques pièces légères et potentiellement fragiles. Attention aussi à toutes les têtes de vis, si une empreinte est abîmé cela pourra vous poser des problèmes à l’avenir. Pensez aussi à demander au vendeur s’il a une patte de dérailleur de rechange. Il n’en aura plus besoin et si vous achetez le vélo cela peut vous sauver une sortie…
Je détecte un défaut que le vendeur n’avait pas signalé, que faire ?
S’il s’agit d’un défaut fonctionnel: si c’est réparable, vous pouvez négocier une baisse de prix équivalente au coût de la réparation par un professionnel. A titre d’exemple, si l’entretien des suspensions n’a pas été fait tous les ans, il faudra compter entre 200 et 250 € pour une révision complète (hors changement des bagues de guidage) de la fourche et de l’amortisseur tandis qu’une chaîne 12 V de milieu de gamme coûte entre 20 et 30 €.
S’il s’agit d’un défaut esthétique : une rayure superficielle, la base limée par le frottement de la chaussure, la peinture de la douille de direction usée par une gaine… Les marques peuvent être nombreuses sur un VTT qui a quelques années et c’est normal. Malgré cela, si vous remarquez quelque chose de significatif que le vendeur avait omis de mentionner, cela peut faire baisser un peu le prix du vélo. N’essayez pas de gagner des centaines d’euros sur ce point, cela reste de la « décoration » et cela n’affecte en rien le fonctionnement du vélo
Si le défaut, fonctionnel ou esthétique, vous paraît trop important, il ne faut pas hésiter à faire demi-tour. C’est toujours difficile de repartir les mains vides quand on s’attend à revenir avec un nouveau vélo mais il vaut mieux attendre un peu plus et trouver une vraie belle occasion que hâter l’achat et enchaîner les soucis par la suite…
L’essai
Une fois le vélo inspecté sous toutes les coutures, le mieux est encore de l’essayer si vous en avez la possibilité. Une sortie de 20-30 min sur les chemins en compagnie du vendeur vous permettra de vous assurer que le vélo est bien à votre taille et que tout fonctionne correctement en conditions réelles. A défaut, faire quelques tours de roues sur un parking est toujours mieux que ne rien faire du tout. Ça ne sert à rien de maltraiter le vélo plus que de raison mais essayez de reproduire les contraintes de vos sorties habituelles : changements de vitesse, freinages, franchissements…
Le paiement
Cette section vous concerne surtout si vous vendez un vélo mais, si vous êtes l’acheteur et que le moyen de paiement ne vous convient pas, rien ne vous empêche d’en discuter avec le vendeur. Il existe aujourd’hui de nombreux moyens de paiement et il n’est pas toujours facile d’en sélectionner un vraiment pratique et fiable. Voici ceux qui ont notre préférence :
- Le virement en direct : aujourd’hui, la plupart des applications bancaires pour smartphone permettent de faire un virement depuis son téléphone. Demander à l’acheteur de faire le virement devant vous, c’est s’assurer qu’il dispose bien des fonds nécessaires et être sûr que vous serez payé. Un virement classique entre deux banques différentes peut prendre quelques jours mais les applications disposent souvent d’une option virement instantané qui, moyennant quelques euros de frais, exécute immédiatement l’opération. Vous pouvez donc avoir l’argent sur votre compte avant même que l’acheteur ne reparte avec le vélo. Si vous optez pour cette solution, attention à bien communiquer votre RIB à l’acheteur quelques jours avant le rendez-vous pour que sa banque ait le temps de l’enregistrer et de le valider.
- le chèque de banque : un peu plus compliqué que le virement mais tout aussi fiable, ce chèque est émis sur les fonds de la banque et non ceux de l’acheteur. C’est donc une garantie d’être payé mais elle n’est pas très pratique dans le sens où c’est un service payant pour l’acheteur, qui doit en plus se déplacer à sa banque pour en faire la demande. Vous devrez ensuite aller déposer le chèque à votre banque et donc attendre quelques jours avant d’avoir l’argent sur votre compte.
- le liquide : à réserver aux « petites » sommes, quelques centaines d’euros au maximum. Au-delà, les plafonds de retrait peuvent poser problème pour l’acheteur et de manière générale, c’est un moyen de paiement moins fiable que les deux cités au-dessus. Même si c’est quelque chose de très rare, il n’est pas impossible de tomber sur des faux billets…
La check-list
Un article, c’est beau mais sur le terrain, ce n’est pas ce qu’il y a de plus pratique… C’est pourquoi nous vous proposons cette liste des points à vérifier sur le vélo sous forme de fichier pdf, à télécharger et/ou imprimer. Faites-en bon usage !
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