24h des Crapauds : un tour d’horloge à la campagne des merveilles
Par Olivier Béart -
Dix ans que je n’avais plus mis les pieds aux 24h des Crapauds. Voire même un peu plus, je ne me souviens plus exactement. Cette année, j’ai repris la direction de Rozerieulles, et c’est comme si rien n’avait changé. Ou plutôt si : les Crapauds sont plus que jamais à l’écoute de leur époque, ils évoluent, mais sans rien perdre des fondamentaux qui font que pendant un tour d’horloge (voire même un peu plus), nous avons vécu dans un autre monde. En communion avec 2000 de nos semblables qui aiment pédaler sur ces beaux engins à deux roues, motorisés ou non, qu’on appelle tout simplement des vélos tout-terrain.
Coupe du Monde à Albstadt, présentations diverses, épreuves à gogo : les sollicitations ne manquent pas et le planning est chargé comme jamais au mois de mai. Mais cette fois, pas d’excuse qui tienne. En janvier, mon téléphone a sonné et quand l’idée d’un partenariat Vojo/Crapauds a été évoquée, l’affaire a vite été pliée tant, en quelques mots, j’ai vu que nous partagions la même vision du VTT et de ce que doit être un grand événement aujourd’hui, axé sur le plaisir des participants, la convivialité et une forme de compétition bon enfant qui colle parfaitement à ce type d’épreuve de masse.
La vision du VTT à assistance électrique et sa place dans une manifestation comme les 24h des Crapauds est aussi très séduisante : pas mis à l’écart mais pas mêlés aux VTT classiques non plus, grâce à un parcours dédié qui évite les frictions liées aux différences de vitesse dans certains passages et qui permet de tailler des difficultés sur mesure pour mettre en avant les capacités des VTTAE, mais un tracé qui reste parallèle en de nombreux endroits au tracé classique pour que les deux restent au contact.
Mise en place
La fête aux 24h des Crapauds commence bien avant le début de l’épreuve. La mise en place du camping est, en soi, déjà un petit événement et nombreuses sont les équipes qui arrivent un, voire deux jours à l’avance pour prendre place et déjà réunir leurs troupes pour partager quelques bons moments ensemble. Au final, cela donne une impressionnante petite ville !
Chez Vojo, on l’avoue, on est arrivés un peu à la dernière minute. Surtout moi… Merci aux bénévoles pour leur patience !
A 13h, le briefing fait monter la tension ! Le petit stand Vojo est prêt, notre pickup garé juste à côté et les bières au frais.
L’équipe Vojo est constituée de Paul et moi-même pour le mag ; un de nos testeurs, Max ; Julien et Laurent, deux amis organisateurs du Grand Raid Godefroy à Bouillon (dont Vojo est aussi partenaire) et enfin deux lecteurs invités après avoir posé leur candidature, Alexandre et Pierre-Antoine.
La folie du départ
Le départ est sans aucun doute un des moments les plus impressionnants sur les 24h des Crapauds.
Imaginez, plus de 400 gars ou filles (un(e) par équipe ou solo) alignés dans une énorme prairie, leur vélo en face d’eux et leurs coéquipiers/famille/amis sur une troisième ligne pour les encourager…
C’est juste dément, d’autant que le premier tour doit impérativement se faire déguisé.
Let’s gooooo !
Le moins qu’on puisse dire c’est que certains font preuve d’imagination pour la tenue !
Chez Vojo, c’est Alex qui prend le départ. Il était motivé et malgré les quelques bouchons inévitables dans les premiers singles, il garde le sourire au moment de passer le relais à Max.
La zone de passage des relais est toujours très vivante. Mais les règles y sont strictes : seuls les coureurs peuvent y pénétrer, interdiction de franchir la ligne orange, et entre les deux passerelles qui permettent d’y accéder, on circule à pied.
En passant face au « PC course », Riton nous montre l’impressionnant dispositif de sécurité qui permet d’intervenir rapidement en cas de pépin. En tout, il y a plus de 250 bénévoles impliqués dans l’organisation. Et, avec bientôt 30 ans d’expérience, la machine est bien huilée à tous les étages. De quoi faire envie à pas mal de professionnels.
Sur le tracé
Ouf, l’année 2018 a été sèche ! Ceux qui ont déjà participé aux 24h des Crapauds savent combien la pluie peut changer le terrain et la physionomie de l’épreuve.
On l’a dit, il n’y avait pas un mais deux parcours pour cette édition 2018 : un pour les vélos classiques et l’autres pour les vélos à assistance électrique. A peine 600 mètres étaient communs entre les deux, et il n’y a désormais plus de classement général aux Crapauds, mais uniquement des catégories.
Les nouveautés 2018 : une catégorie VAE en équipe, une autre mixte VAE/Classique et enfin solo VAE, remportée par Xavier Marovelli qui s’est donné à fond quasi sans dormir et avec l’aide d’une assistance aux petits oignons, devant Marcellin Millet (photo ci-dessus) qui lui a choisi de la jouer aussi en solo en dehors de la course et quasi sans assistance externe.
Au niveau du parcours lui-même, les deux boucles d’un peu plus d’1km sont vraiment exceptionnelles. Pour moi, c’est un équilibre presque parfait entre technicité et accessibilité. Il n’y a rien de dangereux ou infaisable, de sorte que les nombreux novices ou pratiquants occasionnels inscrits y trouvent leur compte. Mais quand on veut aller vite, il faut du niveau et le terrain est très cassant car jonché de cailloux et de racines.
Le tour est aussi particulièrement long et si les records tournent dans les 42 minutes en classique et 37 minutes en électrique, beaucoup mettent plus d’une heure à boucler les quelque 12km et à avaler les 450m de d+ !
Pour donner du courage, il y a aussi le public, présent en masse, même la nuit, d’autant que de larges parties du tracé font des incursions dans le village des Crapauds.
Enfin, il y a aussi toutes les petites animations et autres décors prévus tout au long du parcours par l’organisation, comme un radar de vitesse en cote qui passe au vert au-dessus de 10km/h, une mare aux canards et encore bien d’autres coins amusants.
La nuit
Qui dit 24h dit bien entendu rouler dans le noir. Les lampes actuelles, hyper performantes, rendent la course moins épique que par le passé dans ces conditions, mais l’ambiance reste particulière.
Le feu d’artifice donne le ton quand les dernières lueurs du jours sont parties. Partir rouler alors qu’il bat son plein est un beau cadeau.
Le passage des coureurs dans le chapiteau en plein concert vaut aussi le détour !
Même en plein cœur de la nuit, il y a toujours de l’animation…… Et sous le stand Loisibike, on a fait la fiesta jusqu’à 5h du mat’ ! Les Réunionais de la bande avaient concocté pas loin de 100 litres de rhum arrangé pour le week-end, ça aide !
Pour dormir par contre c’est moins facile, mais avec une bonne paire de boules Quiès et des kilomètres dans les jambes, on tombe vite de sommeil.
Au petit matin par contre, l’ambiance est plus calme…
Seule la zone de passage des relais vit encore un peu.
Petit à petit, les activités se remettent à battre leur plein, avec notamment des animations pour les futurs champions ou les démos FreeStyl’Air.
Ca sent la fin !
L’épilogue approche, les corps sont fatigués, les trajectoires moins précises et les arbres semblent s’être rapprochés pendant la nuit. Mais on jette ses dernière forces dans la bataille !
Pour les douleurs, une équipe d’ostéos de choc est là durant toute la course, même la nuit. Je suis allé les voir, et je peux vous dire qu’ils ont des mains en or. Julien, ici à ma gauche, a fait partir très loin un vieux mal de poignet et une douleur dans le bas du dos, histoire de finir en beauté.
D’autres médecines naturelles typiquement locales sont aussi disponibles sur demande !
Sur le coup de 15h, la course touche à sa fin. Les troupes rejoignent le chapiteau en attendant la proclamation des résultats finaux.
Le team Veloland, qui compte dans ses rangs un invité de prestige en la personne de Thomas Dietsch, l’emporte en catégorie course (4 équipiers) avec 30 tours. Mais, comme c’est la tradition aux Crapauds, ils n’y a rien à gagner si ce n’est une toute petite coupette de rien du tout.
Le KriKri gagne en solitaire avec 19 tours (soit plus de 200 bornes !) et Agathe chez les Dames, tout en récoltant des fonds pour une association dont les bénéficiaires ont montré leur bonheur sur le podium.
L’équipe Vojo repart aussi avec sa petite coupe et la victoire en catégorie mixte VAE/Classique, alors que Loisibike Réunion remporte le premier 24h VAE de l’histoire.
Reste le fameux, le mythique, l’inimitable et le tant désiré Trophée des Crapauds, remis à l’équipe dont les deux teams inscrits dans une catégorie course ont fait le plus de tours. Il revient cette fois au CSC Yutz, dont le capitaine était très ému, lui qui le porte pour la première fois après plus de 25 participations au compteur.
Dehors, le rangement a commencé, et on pense déjà à 2019 ! De tout cœur merci à tous ceux qui rendent possible cette magnifique épreuve, véritable Woodstock du VTT !