Test gravel | Robert Frameworks RG-1 : la nouvelle vie du titane

Par Olivier Béart -

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Test gravel | Robert Frameworks RG-1 : la nouvelle vie du titane

Malgré l’hégémonie du carbone, le titane fait encore et toujours de la résistance et traverse les époques. Mieux, avec l’arrivée de nouvelles techniques comme l’impression 3D ou l’hydroformage utilisé ici, ce matériau prestigieux connaît une nouvelle jeunesse et voit de nouveaux horizons s’ouvrir à lui. Justement, Robert Frameworks met à profit ces nouvelles possibilités pour concevoir ses cadres. Vojo a essayé le RG-1, le modèle gravel performance de la gamme.

Vous connaissez certainement les marques Sauvage et Léon, elles aussi spécialisées dans le titane. Depuis peu, leur instigateur, David Robert, a ajouté une troisième corde à son arc avec l’arrivée de Robert Frameworks dans sa petite galaxie. Basée au Luxembourg (et plus dans les Vosges), cette nouvelle entité se veut encore plus haut de gamme que les deux autres avec des cadres qui font appel aux dernières techniques d’hydroformage du titane pour obtenir des cadres aux formes et aux caractéristiques techniques encore plus abouties.

La gamme Robert Frameworks se compose de quatre modèles : un route RA-1, le gravel performance RG-1 testé ici, un monster gravel RM-1 et un VTT semi-rigide RMB-1. Il n’y a pas, pour le moment du moins, de tout-suspendu chez Robert. Quant au montage, il est à la carte avec un configurateur qui offre des possibilités assez vastes. Voyons plus en détail ce RG-1 destiné au gravel !

Châssis

Le cadre est assurément la pièce maîtresse de ce vélo, et cela se voit, tout en gardant une certaine sobriété à laquelle le titane est souvent associé. Si Robert n’est pas la première marque à utiliser des pièces titane hydroformées, force est de constater que cette technique issue de l’aéronautique n’est pas encore très répandue dans le monde du vélo.

Dans le cas du cadre du Robert RG-1, ce ne sont pas seulement les tubes qui sont travaillés. L’hydroformage (mise en forme des pièces sous très haute pression hydraulique) est utilisé pour réaliser les raccords importants que sont la douille de direction et le boîtier de pédalier.

Le but premier est structurel, puisque cela permet de concevoir des pièces au rapport poids/rigidité très intéressant, mais c’est aussi un vrai plaisir pour les yeux puisqu’on ne voit plus les jonctions avec les tubes, qui sont assemblés par manchonnage et soudure avant que cette dernière soit polie pour donner un aspect visuel parfaitement lisse.

Le poids du cadre est annoncé à 1750 g en taille M. C’est plus lourd que du carbone, mais la marque met en avant le caractère particulièrement durable du matériau et ses performances qui permettent d’avoir un vélo au large spectre d’utilisation, qui va de la course jusqu’au voyage avec un vélo chargé de plusieurs dizaines de kilos de bagages. Le cadre est garanti 50 ans pour le premier propriétaire et les suivants, peu importe son usage, y compris en compétition.

La déco des cadres Robert est également très soignée, avec des inscriptions réalisées par anodisation. Les cadres Robert sont, comme pour Sauvage et Léon, produits chez le sous-traitant historique de David Robert en Asie, mais la finition (notamment l’anodisation) et le montage des vélos sont réalisés en France.

Côté formats et standards, on relève tout d’abord le boîtier de pédalier qui est en T47, ce qui permet de réunir les avantages des roulements insérés dans le cadre (boîtier plus large et plus rigide) avec ceux des roulements externes (dimension des billes, filetage des cuvettes qui facilite l’entretien). La patte de disque est au standard Flatmount.

La douille de direction quant à elle adopte le système FSA NS qui permet une intégration totale de la câblerie et de la Durit de frein arrière. Nous n’avons pas testé les aspects pratiques mais force est de constater que pour le look, c’est propre et très réussi.

Le cadre accepte des pneus jusqu’à 50 mm de large et, sur notre vélo d’essai équipé en 45, on constate effectivement qu’il y a une certaine marge et qu’on conserve un bon dégagement. Nous avons (hélas) eu l’occasion de rouler ce Robert plus d’une fois dans la boue, sans rencontrer le moindre souci.

A noter que David Robert a déjà annoncé des évolutions sur les cadres de la gamme Robert à partir de septembre, avec un passage en patte de dérailleur UDH (qui permettra donc le montage des nouveaux groupes Sram T-Type) et l’adoption de nouveaux raccords aux formes légèrement revues, avec des moules d’hydroformage qui seront désormais exclusifs à Robert Frameworks. Certaines pièces, comme les pattes de roues, feront aussi appel à l’impression 3D. Cela permettra d’abaisser le poids du cadre à 1600 g.

Géométrie

La géométrie du RG-1 a été conçue par David Robert comme celle d’un gravel sportif, mais avec quelques petites touches inspirées du VTT et d’autres issues de recherches récentes en matière d’études posturales afin de favoriser le rendement. Ainsi, on a un cadre avec un reach assez long, une potence courte (70 mm en taille M) et une tige de selle droite pour placer le bassin en antéversion (mouvement que fait le bassin lorsqu’on bascule les hanches vers l’avant). Pour le comportement, un compromis a été recherché entre stabilité/maniabilité avec un avant long et un arrière très court puisque les bases font 420mm malgré la monte possible de pneus en 50 mm de large.

Equipements et tarifs

Chez Robert, la philosophie est de proposer des vélos en montage à la carte grâce à un configurateur qui offre un beau choix d’options sans pour autant partir dans tous les sens. Le cadre est affiché à 2510,75 € avec fourche et jeu de direction, et le premier montage est disponible pour un peu moins de 4400 €. Même sur des choix de composants plus luxueux comme sur notre vélo d’essai, on reste autour de 6500 €, ce qui est très bien placé pour un vélo de ce standing, que nous avons pesé à 8,7 kg sans pédales.

Côté groupe, notre vélo d’essai était équipé du Sram Force XPLR avec un original pédalier Rotor Kapic carbone accompagné d’une exotique cassette Ingrid Components en 10/48. La transmission électronique AXS est toujours un régal, le pédalier fait le job, la cassette Ingrid assure un très bon changement des rapports et seuls les freins peuvent parfois sembler un peu justes. Pour ceux qui préfèrent, le configurateur propose aussi du Shimano GRX.

Les périphériques proviennent de chez plusieurs fournisseurs : Thomson pour la tige de selle droite, FSA pour la potence assortie au jeu de direction et qui permet de faire passer toute la câblerie en interne, ou encore Deda pour le cintre à la forme particulière mais très réussie et que nous avons vraiment adorée. Nous avons aussi beaucoup aimé le confort ferme de la selle Repente. Le configurateur référence aussi du FSA et du Ritchey, ainsi qu’une tige de selle en titane pour ceux qui veulent plus de confort et une esthétique dans le prolongement du cadre.

Enfin, poste important, les roues sont assemblées sur base de moyeux DT350 et de jantes Duke en 35 mm de haut. Une très bonne paire légère, réactive et polyvalente qui prolonge parfaitement le cadre. Elles étaient montées avec des pneus Hutchinson Touareg en 45mm de large. A noter que désormais, le monteur Ignace Loehr (ex-AlsaTrade) a rejoint David Robert pour proposer leur propre marque de roues RLine dont les tarifs vont de 700 € en alu jusque 1700 € pour des jantes carbone et rayons textile Berd. Nous ne manquerons pas de les tester très bientôt !

Gravel Robert RG-1 : le test terrain

Ce qu’on apprécie tout de suite en montant sur le Robert RG-1, c’est la position. David Robert a une manière de concevoir la géométrie de ses vélos de gravel qui nous plaît beaucoup en tant que vététistes. Reach allongé sur le cadre, potence en 70mm, tube de selle droit : voilà toute une série d’éléments qui nous rappellent le VTT, pour notre plus grand plaisir. Pour autant, on a une position résolument sportive et nous verrons juste après que le vélo a vraiment de grosses capacités quand il s’agit d’aller vite sur des sections roulantes.

Justement, commençons par le rendement et les accélérations. Ne tournons pas autour du pot, ça envoie directement et fort au moindre coup de pédale. Le cadre est très réactif, tant pour le départ arrêté que pour les relances. Un vrai plaisir et un fameux pousse-au-crime ! Néanmoins, s’il peut rivaliser avec les meilleurs carbone du marché, la manière dont se comporte le cadre est un peu différente. L’effet « arbalète » est bien présent, mais de manière un peu plus feutrée qu’avec la plupart des cadres carbone, ce qui n’est pas pour nous déplaire.

Par rapport aux Léon et Sauvage testés précédemment, il nous a semblé bien percevoir que le Robert dispose d’un boîtier de pédalier plus rigide. Sa construction particulière n’est donc pas là juste pour faire joli et différent, cela se perçoit sur le terrain. Pour autant, le vélo n’est pas « verrouillé » du boîtier et n’est pas réservé aux pilotes puissants. Cela se joue dans le détail. Idem pour la douille de direction, qui apporte de la précision sans excès de rigidité. Bref, tout cela semble bien et subtilement dosé.

Quand on se dirige vers un cadre titane, au-delà de la durabilité, c’est souvent qu’on a des attentes niveau confort. Ici, pas de doute, elles seront rencontrées. Le Robert RG-1 offre des sensations très feutrées et une très grande capacité de filtration de vibrations. Il permet non seulement de rouler vite et il offre des performances de haut vol, mais avec une grande douceur qui permet d’envisager sans aucun mal de le rouler sur de (très) longues distances, en bikepacking et sur des épreuves de plusieurs jours. Nous l’avons d’ailleurs utilisé et chargé pour un trip dans le Morvan, où il s’est montré très à son avantage.

Seul reproche que nous ferions, c’est au niveau de la fourche en carbone. Dans l’absolu, elle ne semble pas particulièrement raide ou inconfortable, mais elle ne nous a pas semblé parfaitement accordée au comportement du cadre, beaucoup plus doux et velouté. En conséquence, on a régulièrement l’impression d’avoir l’avant qui donne des réactions plus sèches, alors que l’arrière filtre parfaitement et est même capable d’encaisser de gros impacts. Pourtant, les infos reçues au niveau des bras quand la proue a abordé l’obstacle laissaient croire qu’on allait se faire éjecter par l’arrière de la machine. Heureusement, le cintré Deda de notre vélo d’essai offre une très bonne prise en main et un certain confort qui permettent d’atténuer un peu ces sensations. Informé de nos retours, David Robert nous a dit travailler sur le sujet.

Très à l’aise sur la route et sur les grands chemins roulants, le Robert RG-1 tire profit de son cadre et de sa géométrie pour s’en sortir avec les honneurs dans les passages plus techniques, limite VTT. Les racines ne lui font pas peur et la motricité de la roue arrière est excellente dans les ascensions cassantes. Un régal ! En descente technique, il se montre sécurisant avec son cadre long, et ses capacités de franchissement nous ont surpris plus d’une fois. Il n’y a que quand la vitesse augmente qu’on aurait préféré une fourche un peu plus tolérante pour avoir un avant plus posé et moins à la merci des impacts venus du sol. On imagine d’ailleurs bien le Robert RG-1 équipé d’une fourche suspendue.

Verdict

Nous avons déjà beaucoup apprécié les vélos Sauvage et Léon testés par le passé, et ce Robert s’inscrit dans la même lignée tout en étant encore un peu plus raffiné et abouti. Son esthétique très soignée ne laisse pas indifférent et son comportement est dans la même veine. Il réussit un subtil compromis entre confort, performance et plaisir de pilotage, et surtout il donne envie de rouler très, très longtemps à son guidon. Le cadre joue parfaitement la partition d’un cadre titane haut de gamme, et la fourche carbone qui l’équipe est à nos yeux la seule fausse note qui l’empêche d’avoir la standing ovation et les félicitations du jury. Ce n’est pas rédhibitoire, mais sur un vélo aussi abouti et subtil, cette fourche ne nous semble pas tout à fait en phase. Heureusement, une évolution est bientôt prévue et on le verrait bien aussi monté avec une fourche suspendue. Enfin, cerise sur le gâteau, son tarif est très agressif pour un vélo qui joue clairement dans la cour des grands. Un étoilé pour le prix d’une bonne brasserie, ça fait toujours plaisir. 

Robert RG-1

Cadre seul : 2510 €

8,7 kg

  • Un vrai titane qui combine performance et confort
  • Esthétique et finition du cadre
  • Géométrie très agréable et aboutie
  • Tarifs agressifs dans le haut de gamme
  • Comportement de la fourche pas tout à fait en accord avec le cadre
  • RAS

Évaluation des testeurs

  • Prix d'excellence
  • Coup de coeur
  • Rapport qualité / prix

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