Flashback | La Pass’Portes a 20 ans : les pépites de l’expo VTT vintage anniversaire

Par Olivier Béart -

  • Staff pick

  • Tech

Flashback | La Pass’Portes a 20 ans : les pépites de l’expo VTT vintage anniversaire

La Pass’Portes du Soleil fête cette année ses 20 ans ! Celle qui est devenue aujourd’hui un des événements les plus populaires dans le monde du VTT a fêté son anniversaire avec une exposition de vélos de descente vintage, qui retracent l’évolution du VTT gravity au cours des deux dernières décennies. Vojo vous emmène à la découverte de ces pépites :

A la barre de cette exposition VTT vintage qui commémore les 20 ans de la Pass’Portes, on trouve Pierre-Adrien Auffret. Passionné par la marque Sunn au départ, il a commencé sa collection avec des vélos de la marque de St-Gaudens comme ce Team Chipie Replica qu’il tient ici dans les mains.

Par la suite, il a orienté un peu plus sa collection vers les vélos de descente et autres pratiques « gravity ». « Beaucoup de collectionneurs sont plus orientés XC. Moi aussi, j’aime beaucoup cela et j’en ai également, mais venant du BMX et ayant toujours beaucoup aimé la DH, j’ai rassemblé au fil des ans quelques belles pépites qui ont marqué leur époque, ainsi que quelques accessoires et des plaques de cadre des 20 éditions de la Pass’Portes pour faire le lien avec l’événement. »

« Le plus dur, c’est de choisir ! J’étais limité par la place dans ma camionnette pour le transport jusque Châtel (je viens de Bretagne), sinon, j’en aurais pris plus. Dans ma sélection, j’ai essayé de prendre des vélos mythiques et/ou qui permettent de montrer l’évolution de la DH au fil des ans, avec des vélos de plus en plus technologiques », nous explique Pierre-Adrien.

Justement, examinons ses pépites !

GT LTS DH – 1995

On est ici aux débuts des vélos et des accessoires conçus (un peu) plus spécialement pour la descente. « Mais il y a encore beaucoup de points communs avec les vélos de XC de l’époque », explique Pierre-Adrien. « Le cadre est identique au modèle XC et n’a que 80mm de débattement arrière, et la fourche RockShox Judy a beau être la version DH, elle n’a que 63 mm de débattement, et elle reste fort proche des modèles XC mis à part qu’elle est en ressorts hélicoïdaux à l’intérieur et pas en élastomères. »

On remarque aussi que les freins sont de simples cantilevers (Shimano XTR tout de même). Les roues sont montées avec les jantes les plus larges produites par Mavic à l’époque, et avec des flancs céramique pour améliorer la puissance de freinage. Les pneus Michelin DH sont par contre bien pensés pour la pratique et c’était un des seuls équipements « gravity » de l’époque.

On remarque aussi le superbe pédalier GT TechShop mono-plateau, proposé uniquement en accessoire séparé à l’époque, et le système anti-déraillement STM pour ce vélo qui est une réplique quasi exacte de celui avec lequel Nicolas Vouilloz a gagné son titre mondial en 1995 à Kirchzarten.

GT LTS DH – 1997

On prend presque le même, et on recommence ! Les évolutions sur le cadre sont subtiles (regardez par exemple le tube de selle courbé) mais le cadre GT LTS devient spécifique pour la descente en 1997 et il développe désormais 100 mm de débattement. C’est un tournant : on commence à developper de plus de produits spécifiques pour la pratique.

Cela se remarque aussi au niveau des équipements. Le plus visible, c’est la fourche RockShox Judy DHO, l’ancêtre de la Boxxer, qui passe en double té tout en restant en petits plongeurs de 28 mm, mais qui adopte un axe traversant de gros diamètre. L’amortisseur RockShox adopte un ressort hélicoïdal haut de gamme, développé lui aussi spécifiquement pour la descente. Ces couleurs ne sont d’ailleurs pas sans rappeler celles des derniers produits gravity de chez RockShox, qui restent fiers de leurs racines.

Autre grande évolution, on passe au freinage à disques ! Le cadre a toujours ses points d’attache pour V-Brakes et la patte de disque est une simple pièce rapportée, vissée sur le cadre. Mais tout de même ! Hope est un précurseur en la matière.

GT STS Lobo DH – 1998

L’évolution est cette fois fulgurante avec le GT STS Lobo, une véritable bête développée spécialement pour la descente et qui en impose encore aujourd’hui. Son cadre thermoplastiques à renforts aluminium est devenu iconique et c’est un exemple parfait de l’essor de la descente en compétition à la fin des années 90.

Le débattement passe à 180 mm avec une suspension spécifique à amortisseur « tiré ». Notez aussi l’étrier du frein à disque monté « flottant » pour éviter d’interférer avec le fonctionnement de la suspension. Le vélo s’écarte un peu du montage « catalogue » (en RockShox) pour arborer l’énorme Marzocchi Monster qui se démarque avec ses plongeurs en 36 mm de diamètre. Cela peut paraître courant aujourd’hui, mais c’était une grosse nouveauté pour l’époque.

Les jantes spécifiques pour le freinage à disque font leur apparition, accompagnées de nouveaux pneus Michelin plus larges et volumineux, les mythiques DH16 et DH24. Enfin, on note aussi l’anti-déraillement spécifique fabriqué par AC, un équipementier avec lequel GT a beaucoup collaboré à cette période.

Sunn Radical+ – 1998

Non, ce n’est pas juste une expo GT, il y avait bien des vélos d’autres marques, rassurez-vous ! En témoigne ce Sunn Radical+, un autre vélo de DH mythique de la fin des années 90. Il s’agit ici de la version « de série » et pas d’un des protos roulés par Nico Vouilloz ou Anne-Caroline Chausson, mais tout de même !

Le Sunn Radical+ se distingue par son cadre périmétrique en acier, très largement inspiré de la moto. A cette époque, peu de vélos de DH étaient en acier. La plupart étaient en aluminium et quelques rares modèles étaient en carbone comme le GT Lobo montré juste avant.

Sa suspension, conçue par Olivier Bossard, s’inspire aussi de la moto. Elle utilise un amortisseur Showa spécifique, et la fourche Obsys inversée est également développée par BOS. On le voit, ce vélo a fait l’objet d’un gros travail de R&D spécifique à la pratique.

Specialized FSR DH – 1999

Specialized a toujours été présent en DH, et ce modèle de FSR est resté dans l’histoire grâce au fantasque Shaun Palmer, véritable rock-star de la descente, qui a contribué à l’essor de la discipline autant par son pilotage que par son style exubérant hors du vélo. Son vélo était un des premiers à être aussi long et à avoir des angles plus couchés.

On remarque les nombreuses possibilités de réglages au niveau des points d’ancrage de l’amortisseur pour faire varier le fonctionnement de la suspension et/ou la géométrie selon les tracés. Eh oui, déjà à l’époque, cela se faisait ! Le débattement est de 200 mm. A l’avant, la fourche est la splendide Manitou X-Vert Carbon, qui se distingue avec ses fourreaux en carbone. Par contre, ses plongeurs restent en 30 mm de diamètre seulement.

Le reste de l’équipement est assez classique, avec une transmission Shimano XTR, mais on note la présence des freins à disques Hayes, assez populaires en DH à l’époque, ainsi que les premières Mavic Deemax jaunes et les pneus Maxxis DH.

Giant ATX One – 1999

Même si sa suspension « banane » était commune avec les vélos de XC de l’époque, le Giant ATX One est aussi un vélo de DH dont la forme et les couleurs ont marqué leur époque. Le triangle avant mêle une architecture « poutre » pour la partie haute et une « barre » en renfort sur la partie basse. Il était piloté notamment par Myles Rockwell.

La fourche est la RockShox Boxxer, dont la première version est apparue un an plus tôt. Regardez aussi les freins Magura Gustav (2e génération), qui étaient parmi les premiers en 4 pistons. Clin d’œil amusant à l’heure où la marque allemande vient de présenter la toute dernière version du Gustav !

Tomac 204 Magnum – 1999

Le team de John Tomac n’a jamais eu autant de succès que son illustre créateur, mais ses vélos étaient d’authentiques œuvres d’art. En témoigne ce 204 Magnum DH avec son cadre impressionnant et sa suspension mono-bras à biellette inspirée de la moto, conçue avec Doug Bradbury, le « père » de la marque Manitou.

La fourche est la spectaculaire Manitou Dorado Pro inversée, en 180 mm de débattement. La potence MRD (Manitou Racing Development) est spécifique et Pierre-Adrien a dû acheter un autre vélo complet pour enfin la trouver et avoir un montage parfait sur son 204 Magnum.

C’est l’occasion de mettre en avant l’énorme travail de recherches nécessaire pour remonter ces vélos de manière cohérente et conforme à leur époque. « Bien souvent, il y a un gros boulot de restauration à faire pour remettre la machine en état, et il faut parfois des années de patience pour retrouver toutes les pièces d’époque. Surtout en DH où les vélos étaient quasiment des prototypes proposés à la vente et dont certains équipements étaient produits à un très petit nombre d’exemplaires. Un vélo est d’ailleurs rarement complètement terminé, il manque toujours bien une petite pièce quelque part pour que le montage soit parfait », explique Pierre-Adrien.

Kästle Team DH – 2001

On rentre dans les années 2000 avec ce Kästle Team DH qui est quasiment neuf ! Il se démarque avec son cadre périmétrique en aluminium et sa suspension monobras moto, sorte d’évolution de la voie ouverte par Sunn et reprise ensuite également par Ancillotti ou encore Sintesi.

Il est monté avec la Marzocchi Shiver, qui a pris la suite de la Monster en compétition DH et qui est passée en mode inversé.

L’œil est aussi attiré par le pédalier Race Face DH et les freins Magura Gustav M de première génération avec leurs fameux leviers jaunes.

GT DHi Team – 2002

Et on termine comme on a commencé, avec un GT ! Vous l’aurez compris, Pierre-Adrien affectionne particulièrement cette marque, qui a effectivement beaucoup compté dans l’histoire de la DH. Il s’agit ici du DHi Team de 2002.

D’apparence assez simple, sa suspension cache en réalité l’ingénieux système iDrive. il s’agit d’une cinématique avec boîtier de pédalier « flottant », développée par GT pour combiner les avantages du bras arrière unifié (longueur de chaîne constante, bon rendement), sans les inconvénients (suspension bloquée quand on se lève de la selle).

 

La visite est à présent terminée, mais si vous souhaitez poursuivre la discussion, vous pouvez retrouver Pierre-Adrien et plusieurs milliers d’autres passionnés de VTT vintage sur le groupe VTT Vintage – Old School qu’il a lancé il y a plusieurs années sur Facebook : https://www.facebook.com/groups/1743475722533650/buy_sell_discussion

ParOlivier Béart